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L’actualité de l’été dans le monde arabe : ce qu’il faut retenir !

Sommaire

L’été a été riche en nouveaux développements géopolitiques dans le monde arabe. Retrouvez ici l’essentiel des informations à retenir pour vos colles d’histoire ou vos essais d’arabe.

 

Nouvelle escalade militaire à Gaza

Le mois d’août a commencé par de violents affrontements à Gaza, près d’un an après la guerre de mai 2021 qui avait fait des centaines de morts. Cette fois-ci, Israël était opposé non pas au Hamas mais au Jihad Islamique, la deuxième plus importante organisation armée dans l’enclave.

Cette nouvelle escalade trouve ses origines dans l’arrestation du responsable du Jihad Islamique en Cisjordanie, Bassam Al-Saadi, le 1er août. Elle a été suivie le 5 août par des bombardements israéliens sur Gaza, destinés selon l’armée israélienne à déjouer une attaque contre les civils et à empêcher une vengeance du Jihad Islamique. C’est alors que l’organisation islamiste a riposté : du 5 au 7 août, des milliers de roquettes ont été tirées vers Israël, alors que les bombardements israéliens se sont multipliés, faisant 45 morts dont 15 enfants. Un cessez-le-feu sous médiation égyptienne est finalement entré en vigueur dans la nuit du 7 au 8 août.

Cette nouvelle escalade rappelle encore une fois l’impasse dans laquelle se trouve le conflit israélo-palestinien et l’impuissance de la communauté internationale face aux violences.

 

Lire plus : Israël-Palestine, des tensions calmées ? 

 

Crise politique en Irak

Des dizaines de personnes ont été tuées à Bagdad le 29 août dans des affrontements entre factions politiques rivales. Ces violences sont le résultat de plusieurs mois de crise politique et de tensions qui se sont accentuées ces dernières semaines.

L’Irak est en effet sans gouvernement depuis les élections législatives d’octobre 2021. Arrivé en tête, le leader populiste chiite Moqtada Al Sadr n’a pas réussi à rassembler une majorité : il veut gouverner seul en promettant de changer de fond en comble le système politique irakien, et refuse de s’associer à des partis qu’il accuse de corruption. Face à lui, le Cadre de coordination, 2ème force politique du pays, rassemble de nombreux partis chiites proches de l’Iran et soutenant l’ex-premier ministre Nouri Al Maliki. Celui-ci refuse de céder sa mainmise sur les institutions du pays.

Face à l’impasse politique, Moqtada Al Sadr a tenté plusieurs coups de force : ses partisans ont envahi plusieurs fois le Parlement depuis la fin du mois de juillet, et le chef chiite les encourage à continuer et à mener une « révolution » dans le pays.

C’est l’annonce par Moqtada Al Sadr de son retrait de la vie politique le 29 août, pour des raisons mystérieuses, qui a mis le feu aux poudres. Soupçonnant une ingérence iranienne, des milliers de militants sadristes en colère ont envahi le palais de la République et la zone verte, quartier abritant les institutions. C’est alors que des affrontements ont éclaté avec des milices chiites pro-iraniennes et avec les forces de sécurité, faisant 30 morts. Le lendemain, Al Sadr a appelé à la fin des violences, et ses partisans se sont retirés de la zone verte.

Ces violences illustrent une paralysie du système politique mis en place en Irak après l’intervention américaine de 2003, l’instabilité permanente dans la région et les tensions suscitées par l’influence iranienne

 

Visite d’Emmanuel Macron en Algérie

Après des mois de tensions, la France et l’Algérie ont décidé de se réconcilier à la faveur d’une visite de trois jours d’Emmanuel Macron à Alger et à Oran du 25 au 27 août.

Le président français et son homologue algérien Abdelmajid Tebboune ont ainsi signé le 27 août la Déclaration d’Alger, où ils « s’engagent à inscrire leurs relations dans une dynamique de progression irréversible ». Une commission mixte d’historiens sera mise en place pour faire la pleine lumière sur le passé colonial, et un « Haut conseil de coopération » réunissant les chefs d’Etat aura lieu désormais tous les deux ans. Les deux pays ont également ouvert des discussions pour augmenter considérablement les livraisons de gaz algérien à la France, dans le contexte de crise énergétique qui secoue l’Europe. Enfin, la coopération économique, sécuritaire, migratoire et culturelle sera aussi renforcée.

Cette visite permet à la France de retrouver de l’influence au Maghreb en mettant fin à la brouille diplomatique avec l’Algérie, alors que les relations avec le Maroc et la Tunisie ne sont pas au beau fixe. Pour l’Algérie, il s’agit de rompre l’isolement lié aux suites du mouvement de contestation de 2019 et au rapprochement entre plusieurs pays arabes et Israël, évolution soutenue par les Etats-Unis et que le régime algérien réprouve. Dans un monde incertain, l’Algérie peut ainsi faire valoir ses capacités de médiations grâce à ses bonnes relations avec la Russie, la Chine, la Turquie et désormais la France, et profiter de son rôle essentiel dans le domaine énergétique.

 

Crise diplomatique entre la Tunisie et le Maroc

Alors que la division couvait déjà dans le Maghreb à cause de la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc, la désunion dans la région a atteint un nouveau sommet suite à une crise inédite entre la Tunisie et le Maroc.

Tunis accueillait en effet du 27 au 28 août la huitième Conférence internationale de Tokyo pour le développement en Afrique (Ticad 8). Or, le président tunisien Kais Saïed a accueilli en personne le chef du Front Polisario Brahim Ghali dans le cadre de cette conférence, le recevant à l’aéroport de Tunis-Carthage de la même façon que les autres chefs d’Etat. Cet accueil a provoqué l’ire du Maroc, qui l’a qualifié d’ « acte grave et inédit ». Le royaume chérifien a ainsi annulé sa participation à la Ticad et rappelé son ambassadeur à Tunis le 26 août. La Tunisie a alors pris la même décision, assurant avoir maintenu sa position de neutralité, et rappelant que Brahim Ghali avait reçu une invitation du président de la Commission africaine.

Ces tensions marquent là aussi des évolutions géopolitiques. D’une part, elles illustrent le raidissement du Maroc sur la question du Sahara occidental, le roi Mohammed VI ayant fait de ce sujet la pierre angulaire de ses relations diplomatiques. D’autre part, l’accueil réservé à Brahim Ghali témoigne d’un rapprochement entre l’Algérie et la Tunisie, dans la foulée de la réouverture des frontières entre les deux pays le 15 juillet, permettant à des millions de touristes algériens de se rendre en Tunisie et de tourner la page de la COVID-19. En pleine crise économique et sociale, la Tunisie a ainsi besoin du soutien de son voisin, avec lequel elle partage plus d’intérêts que le Maroc.

La seule constante dans cette affaire est la crise de l’Union du Maghreb arabe, incapable de réaliser l’intégration régionale.

 

Lire plus : Maroc et Algérie : vers une confrontation militaire ?

 

De violents combats à Tripoli confirment l’impasse en Libye

Des combats entre partisans des deux gouvernements rivaux ont fait 32 morts à Tripoli le samedi 27 août, fragilisant davantage les espoirs de paix dans le pays, qui a sombré dans le chaos depuis la chute de Kadhafi en 2011.

Le pays est en effet divisé entre deux camps opposés, l’un contrôlant l’Est du pays et dominé par le maréchal Haftar, l’autre contrôlant l’Ouest et mené par le gouvernement reconnu par l’ONU. Alors même qu’un gouvernement de réconciliation dirigé par Abdel Hamid Dbeibah avait été nommé début 2021, le pays est de nouveau soumis à la concurrence de deux autorités parallèles. En cause : l’incapacité du gouvernement à organiser les élections présidentielles prévues en décembre 2021, et la volonté de M. Dbeibah de se présenter à ces mêmes élections contre le maréchal Haftar, sortant ainsi de la position du consensus. M. Haftar a alors rassemblé une coalition au Parlement pour nommer un nouveau chef de gouvernement, Fathi Bachagha, à la place de M. Dbeibah, mais celui-ci refuse de céder sa place à un gouvernement non-élu. Depuis, les tensions sont vives, et elles ont donc atteint leur paroxysme avec ces affrontements, qui n’ont pas permis aux troupes de Fathi Bachagha de prendre le contrôle de la capitale.

Pour ne rien arranger, le poste crucial d’émissaire de l’ONU en Libye reste vacant depuis la démission de Jan Kubis en novembre 2021, les différentes parties n’arrivant pas à s’entendre sur un nom. Si Tripoli a retrouvé un calme précaire, aucune avancée n’a été réalisée sur le dossier des élections, et l’impasse reste totale.

Cette crise peut ainsi constituer un exemple de l’impuissance de l’ONU dans le dossier libyen et son incapacité à trouver des solutions de long terme pour ramener la paix dans le pays.

 

Lire plus : Libye : un espoir de paix après 10 ans de conflit ?

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Mehdi Lahiani
Etudiant en première année à HEC Paris après deux ans de prépa ECS.