Le second mandat de Donald Trump devrait consolider la vision “America First”, cette fois adaptée aux défis de la multipolarité du monde. La rivalité stratégique avec la Chine restera au centre des priorités, tandis que l’approche envers l’Europe et le Moyen-Orient pourrait privilégier des engagements réduits, sauf en cas d’intérêts vitaux américains. L’objectif sera de maintenir l’hégémonie économique et technologique tout en redistribuant le fardeau sécuritaire sur les alliés traditionnels.
Dans cet article, nous analyserons les enjeux majeurs qui pourraient redéfinir l’ordre mondial sous un second mandat de Donald Trump, en particulier leurs impacts sur l’Europe, la Chine, le Moyen-Orient, la mer de Chine méridionale, et le conflit russo-ukrainien.
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L’Europe : entre pressions et autonomie
Trump a historiquement critiqué les faibles dépenses militaires européennes, et un second mandat pourrait durcir cette position. Les pays européens, notamment l’Allemagne et l’Italie, devront gérer des divergences internes quant à la réponse à apporter. Par ailleurs, la priorité américaine accordée à l’Indo-Pacifique pourrait marginaliser l’Europe dans les décisions stratégiques globales, notamment avec des initiatives comme l’AUKUS. Face à cette situation, l’Union européenne devra accélérer ses projets d’autonomie stratégique, comme le renforcement du Fonds Européen de Défense, pour limiter sa dépendance à Washington.
Chine : opportunités et menaces
La Chine pourrait profiter de l’accent mis par Trump sur des accords bilatéraux économiques, à l’image de celui de 2019. Néanmoins, le découplage technologique, l’isolement des entreprises chinoises sur les marchés américains, et la montée des alliances dans l’Indo-Pacifique (AUKUS, Quad) poseront des obstacles majeurs à Pékin. La Chine devra également surveiller la possible révision des engagements américains en Europe, qui pourrait libérer des ressources supplémentaires pour contrer son influence en Asie. Cette dynamique obligera Pékin à intensifier sa diplomatie multilatérale, notamment auprès du Sud global, pour compenser les pertes économiques et stratégiques.
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Ukraine : une diplomatie ambiguë
Trump a laissé entendre qu’il pourrait pousser vers un compromis rapide en Ukraine, en mettant la pression sur Kiev pour qu’elle accepte certaines concessions. Sa relation avec Moscou pourrait faciliter un dialogue direct avec Vladimir Poutine, notamment dans le contexte d’une Russie affaiblie économiquement par les sanctions occidentales. Cependant, cette stratégie comporte des risques : elle pourrait fragiliser le soutien des alliés européens à l’Ukraine et laisser un vide stratégique si les garanties sécuritaires ne sont pas assurées. Le défi sera d’équilibrer une diplomatie pragmatique avec une gestion des tensions internes à l’OTAN.
Mer de Chine méridionale : montée des confrontations
La mer de Chine méridionale restera un théâtre clé de la rivalité sino-américaine. Trump pourrait renforcer les opérations de liberté de navigation et accroître les ventes d’armes à des partenaires comme Taïwan et les Philippines. Ces initiatives, tout en affirmant la présence américaine, risquent de provoquer des affrontements locaux, notamment avec les garde-côtes chinois. Les nations riveraines, comme le Vietnam et la Malaisie, seront sous pression pour choisir entre alignement stratégique et préservation de leur souveraineté. Cette zone critique pour le commerce mondial continuera d’être un point névralgique des tensions géopolitiques.
Bonus : les courants idéologiques au sein de l’administration Trump
La politique étrangère de Trump s’inscrit dans un cadre d’activisme sélectif, reflétant les tensions internes au sein du Parti républicain. Trois courants principaux influencent cette orientation :
- Les Isolationnistes : Partisans d’un repli stratégique, ils considèrent que les engagements globaux des États-Unis constituent un fardeau inutile.
- Les Interventionnistes: Favorables à une intervention active pour maintenir la domination américaine sur la scène internationale.
- Les Pragmatistes: Adeptes d’une approche ciblée, ils plaident pour une implication uniquement dans les situations où les intérêts vitaux des États-Unis sont menacés.
L’administration Trump semble s’aligner sur cette dernière vision, privilégiant une politique étrangère pragmatique et opportuniste. Cette approche redéfinit le rôle des États-Unis comme acteur déterminé à protéger ses intérêts sans endosser le rôle de garant universel de la stabilité mondiale.