Depuis les années 1950-1960, le terme d’Espana Vacia, autrement dit l’Espagne vide a émergé afin de caractériser le phénomène de dépopulation que connaissent certaines régions espagnoles. Ainsi, dans cet article nous allons évoquer ce phénomène important afin d’en décrypter les origines et l’évolution de manière claire pour en retenir l’essentiel.
Qu'est-ce que l'Espagne vide ?
Le terme d’«Espagne vide» fait référence aux zones espagnoles qui ont souffert de grandes vagues d’émigrations durant l’exode rurale des années 1950 et 1960. En effet, ce phénomène a été beaucoup plus important en Espagne que dans les autres pays puisqu’il représente le rejet de la dictature de Francisco Franco et la volonté de passer à autre chose.
De plus, à cette époque, pour maintenir sa force agricole, et notamment dans les régions où l’agriculture intensive se développait, l’Espagne s’est unie à la Politique Agricole Commune européenne. Cependant cette adhésion a réduit les besoins en main-d’oeuvre de ces activités et a donc accentué le début de la concentration de la population dans les villes.
Ainsi, l’Espagne vide englobe les deux Castilles, Estrémadure, Aragon et La Rioja, régions qui représentent 53% du territoire mais au sein desquelles vit seulement 5% de la population. Dès lors, la densité est inférieure à 12,5 habitants par kilomètre et l’âge moyen est supérieur à 50 ans.
Aussi, selon les données du gouvernement pour 2019, 90 % de la population vit dans 30% des municipalités. De 2010 à 2019, 80 % des municipalités ont enregistré des pertes de population. Ainsi, selon les estimations de l’ONU, en 2035, 33% de la population espagnole logera dans les deux grandes villes espagnoles, Madrid et Barcelone.
De plus, le livre de Sergio del Molino publié en 2016, nommé La España vacía, viaje por un país que nunca fue, soit « L’Espagne vide. Voyage dans un pays qui n’a pas existé », montre que l’Espagne se vide en raison des politiques successives faite envers la population.
L'apparition du parti politique de l'Espagne vide
Le concept est ainsi né comme un cadre de revendication contre l’abandon rural et sa subordination au développement urbain, et a été utilisé comme slogan lors des marches qui ont eu lieu en 2019 pour la visibilité de ces zones.
En effet, le 31 mars 2019 a lieu une manifestation appelée « révolte de l’Espagne vidée » qui a rassemblé selon ses organisateurs 100 000 personnes. Cette manifestation demandait un rééquilibrage territorial en faveur des territoires dépeuplés.
Selon Manuel Gimeno, porte-parole de la plate-forme « Teruel existe », la densité de population pourrait descendre à moins de deux habitants par kilomètre carré: c’est un « désert démographique » comparable au nord de la Suède ou au nord de la Finlande.
Ainsi, encouragés par le succès du mouvement convoqué dans vingt provinces espagnoles pour protester contre l’oubli dont souffrait l’Espagne Vidée, la coordinatrice citoyenne Teruel existe a décidé de se présenter aux élections générales de novembre 2019 comme une plate-forme d’électeurs extérieurs aux partis traditionnels, afin de donner voix aux revendications urgentes de la province.
La campagne des élections générales espagnoles de novembre 2019 est marquée par l’intérêt porté à l’Espagne vide. Le parti localiste Teruel Existe y remporte un siège.
En outre, ce mouvement a provoqué une réaction des autres partis, puisque préoccupé de perdre des sièges en faveur de l’extrême droite de Vox, le Parti Populaire se présente comme « le parti des camps et des villages ». Le chef du gouvernement sortant, le socialiste Pedro Sánchez, a présenté une stratégie nationale de lutte contre le dépeuplement.
En février 2022, des mouvements de citoyens demandent que les problèmes de l’Espagne vide soient résolus à l’occasion d’une élection régionale en Castille-et-León. Les partis localistes Soria Ya ! (qui a obtenu 42,6% des votes) et Union du peuple léonais parviennent à obtenir trois sièges.
Or, selon Sergio del Molino, tout cela va s’écrouler: en se constituant en partis, ils pourraient perdre cet ascendant transformateur sur la société. La manière la plus efficace d’éviter cela est de maintenir vivante cette société dynamique que les mouvements anti-dépeuplement avaient stimulée avec leur énergie et leur pluralité, démontrant que l’Espagne rurale n’était ni endormie, ni étrangère aux courants de pensée contemporains et qu’elle ne fera pas de concessions contrairement à ce que son engagement politique amène.
Les solutions pour remédier à ce phénomène de l'Espagne vide
Ainsi, pour remédier à la problématique de l’Espagne vide plusieurs solutions peuvent être avancées.
Premièrement, le gouvernement pourrait mettre en place une nouvelle réforme du travail permettant le télétravail afin de palier l’exode rurale et de permettre aux familles de vivre hors des villes, ce qui leur permettrait par ailleurs d’acquérir une meilleure qualité de vie.
De plus, la mise en place de politique d’aide à l’aménagement de couple avec enfants pourraient pousser les familles à déménager des villes et permettre d’amener de la population des villes vers ces régions vides.
Un autre facteur à prendre en compte est le vieillissement constant de la population dans les zones rurales. Cela est dû en partie à l’exode de la population jeune vers les zones urbaines. Or, la population âgée n’est pas familière avec les processus de certaines procédures ou services disponibles via Internet. Dans ce sens, les agents sociaux ou les agents de services publics-privés peuvent être une alternative pour résoudre cette situation et offrir une plus grande accessibilité à la population avec cette grande fracture numérique.
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