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Quelle est l’influence des agences de notation sur les dettes souveraines ?

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L’agence de notation S&P Ratings a annoncé le maintien de la note de la dette française mais elle n’exclut pas de l’abaisser dans les prochains mois. Dès lors, nous pouvons nous interroger sur le rôle de ces agences de notation et pourquoi Moody’s, Fitch et Standard & Poor’s font la pluie et le beau temps sur les marchés financiers.

 

Qu’est-ce qu’une agence de notation ?

L’apparition des premières agences de notation remonte aux années 1920. Les agences de notation (en anglais CRA, Credit Rating Agency) sont des entreprises privées dont l’activité principale consiste à évaluer la capacité des émetteurs de dette (entreprises, États, collectivités locales) à faire face à leurs engagements financiers. Les trois principales agences sont Moody’s Investor Service (Moody’s), Fitch Ratings (Fitch) et Standard & Poor’s.

Le rôle de l’agence de notation est d’évaluer si l’emprunteur est solvable et pourra rembourser ou non sa dette. Parmi les critères retenus pour évaluer le risque financier, nous pouvons trouver la rentabilité financière globale, la rentabilité des capitaux investis, le niveau d’endettement, la flexibilité financière et la liquidité. Plus récemment interviennent des critères non quantitatifs comme la gouvernance, la responsabilité sociale de l’entreprise ou sa stratégie.

Selon Norbert Gaillard, spécialiste de la notation souveraine et auteur d’un Que sais-je ? sur les agences de notation, quatre grands critères guident leurs analystes. La richesse du pays, évaluée par le PIB par habitant, l’historique des défauts du pays sur les 25 dernières années, le poids de la dette publique par rapport aux recettes fiscales de l’année et la stabilité politique et institutionnelle.

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Les agences sont prêtes à baisser la notation de la dette française à moyen terme ?

Vendredi 2 décembre 2022, S&P a abaissé sa prévision de croissance du PIB français pour 2023 à 0,2 %, alors que sa dernière évaluation, en juillet, prévoyait une croissance de 1,7 % l’année prochaine. En parallèle, l’agence de notation a augmenté sa prévision du déficit budgétaire à 5,4 % du PIB contre 4 % en juillet. Elle prévoit une dette publique équivalente à 112 % du PIB en 2025. Dès lors, la perspective associée à la dette française passe de « stable » à « négative », mais la note reste pour l’heure la même, soit « AA/A-1 + », d’après le communiqué de S&P.

Ces prévisions sont soumises « à des risques supplémentaires qui pourraient réduire davantage la marge de manoeuvre budgétaire de la France », indique S&P. Ces risques sont notamment une récession économique prolongée, un échec à limiter l’endettement public ou encore du retard dans le calendrier des réformes prévues par le gouvernement, d’après le communiqué.

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Deux scénarios s’ouvrent pour la France selon S&P

Tout d’abord, le scénario négatif, il conduirait à abaisser la note dans le cas où l’agence constaterait un manque de réformes structurelles, une augmentation des paiements d’intérêts de l’Etat au-delà de 5 % de ses recettes, ou encore un ralentissement prolongé des performances économiques dans le pays.

A l’inverse, le scénario optimiste quant à lui conduirait à une augmentation de la note si le déficit est plus faible que prévu. Une situation qui pourrait se produire à condition que des réformes structurelles soient mises en place sur les gains de productivité notamment, accompagnées d’un « assainissement budgétaire résolu » et d’une croissance économique plus forte que prévu.

L’agence Moody’s a choisi de maintenir sa note d’émission à long terme tout en précisant la nécessité de mettre en place la réforme des retraites.  Celle-ci « pourrait remédier au taux d’activité faible des travailleurs âgés, mais ce changement ne sera pas suffisant en soi pour porter le taux d’activité des travailleurs âgés aux niveaux ce que l’on observe dans la plupart des pays de l’UE bien notés », nuance l’agence. 

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Pour conclure, à travers la publication des différents communiqués des agences de notation, nous comprenons le pouvoir de ces dernières au vu de l’accélération des réformes en France et des débats houleux à l’Assemblée nationale sur le budget 2023. Ces agences sont de véritables canaux d’information pour les investisseurs et dégrader la note d’un pays conduit in fine ce dernier à s’endetter à des taux plus élevés, pouvant provoquer une crise de solvabilité pour l’Etat.

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref