Al-Fârâbî est un philosophe médiéval persan et musulman. Né en 872 en Transoxiane, il meurt à Damas, en Syrie en 950. Il approfondit toutes les sciences et tous les arts de son temps. Il est appelé le “Second instituteur de l’intelligence“.
Nous lui devons un commentaire de La République de Platon, ainsi qu’un Sommaire des Lois de Platon.
Al-Farabi est une figure majeure parmi les philosophes et savants de l’islam médiéval. Il a marqué de son influence la métaphysique d’Avicenne.
Pour Farabi, la philosophie n’est pas mise au service de la religion. La religion véritable est identique à la philosophie. La Révélation et la philosophie sont deux moyens différents (l’une qui repose sur l’inspiration, l’autre sur la démonstration) d’atteindre une même vérité.
Fârâbî est l’un des premiers à tenter de concilier Platon et Aristote, qu’il ne voit pas en contradiction, mais en étapes sur le chemin d’une seule et même sagesse.
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L’être selon Al-Farabi
Selon Al-Farabi, l’être se divise en être contingent et en être nécessaire. Il introduit une distinction entre l’essence et l’existence. Les deux ne coïncident pas. En effet, l’existence de l’être contingent n’est pas contenue dans son essence. Elle est un accident. C’est seulement chez l’être nécessaire que l’existence est essentielle. Nous ne pouvons concevoir notre essence sans notre existence. Ces réflexions sont au fondement d’une preuve de l’existence de Dieu, reprise par Avicenne.
Théorie de l’émanation
Comme Plotin, Al-Farabi pense Dieu comme l’Un, dépourvu de toute multiplicité et changement. Mais la difficulté est de penser alors le passage de l’un au multiple. En effet, comment Dieu peut-il engendrer la multiplicité des êtres créés sans compromettre sa propre unité ?
Pour Al-Farabi, de l’Un ne peut naître que l’un. Dieu ne crée pas la totalité des êtres, mais il est l’origine du premier élément d’une série dont chaque élément en engendre un autre. Ainsi, les êtres viennent à l’existence par émanation, à l’exception du premier, qui fait l’objet d’une création par Dieu. La série des êtres est hiérarchisée.
Le monde est un cosmos ordonné. De Dieu émane la Première intelligence, dont procède l’Intelligence du premier ciel, dont découle celle des étoiles fixes, puis des 7 planètes. Ces dix êtres sont des intelligences immatérielles. Viennent ensuite les réalités du monde sublunaire, caractérisées par l’incarnation dans la matière.
Selon Al-Farabi, l’univers est constitué d’une hiérarchie de mondes sphériques, composés d’intellects qui s’engendrent réciproquement. C’est la hiérarchie des dix sphères.
Cette hiérarchie permet d’expliquer comment Dieu qui n’a rien de commun avec sa création peut cependant agir sur le monde.
La politique selon Al-Farabi
La cité idéale
Al-Fârâbî consacre tous ses efforts à la philosophie politique de Platon. La politique d’Al-Farabi n’est pas indépendante de sa cosmologie. La hiérarchie de l’univers est le modèle pour organiser la cité. Le meilleur modèle politique serait donc monarchique. La fin de la politique, c’est le bonheur. En d’autres termes, le gouvernement doit être confié à celui qui est capable d’assurer le bonheur des habitants.
La dimension religieuse est donc loin d’être absente de la philosophie politique d’ Al-Farabi. Celui qui maîtrise cette science, qui est capable de distinguer ce Bien absolu des biens relatifs comme la santé ou la richesse, est un sage.
La conduite du gouvernement doit être confiée à un prophète-philosophe. Mais s’il ne se trouve aucun homme chez qui toutes les qualités nécessaires à l’exercice du pouvoir sont réunies, il est acceptable que le pouvoir soit exercé par plusieurs individus.
Al-Fârâbî distingue la cité vertueuse, cité des grands esprits qui diffusent leurs qualités au peuple, à la manière de la République de Platon. À cette cité idéale, il oppose les cités ignorantes, qui se trompent sur la nature du Bien et du bonheur. Al-Fārābī dresse une typologie des cités ignorantes :
- la cité du nécessaire : les habitants se limitent aux besoins élémentaires.
- la cité de l’échange : les habitants s’entraident pour atteindre la richesse.
- la cité de l’abjection : une cité qui vise plaisirs et jouissances.
- la cité des honneurs : une cité qui vise la gloire.
- la cité de la puissance : cité qui vise le pouvoir sur les autres.
- la cité de la masse : chacun a la licence de faire ce qu’il veut (critique platonicienne de la démocratie).
- la cité immorale : une cité qui connaît la nature de la vertu, mais dont les actions sont celles des cités ignorantes.
- la cité altérée : une cité vertueuse dont les idées se sont dégradées.
- la cité égarée : une cité qui se veut vertueuse, mais avec de fausses conceptions trompeuses.
Le rôle du souverain
Selon Al-Fârâbî, le philosophe-souverain, par la connaissance et le pouvoir, est dans un mouvement ascendant vers l’assimilation à Dieu. La philosophie est contemplation par rapport à Dieu et politique par rapport à la Cité. Le rôle du philosophe ne se borne pas à la méditation, sa vocation est de retourner dans la caverne.
Les hommes ont besoin d’un maître visible qui corrige les discordes, maintient et fait respecter un État de droit. D’autre part, la politique est aussi une sagesse divine menant les hommes au perfectionnement moral. Le roi, inspiré de Dieu, a pour rôle d’encourager et d’enraciner dans l’esprit des hommes les comportements propres à produire le bonheur dans la communauté.
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Je vous donne ci-dessous plusieurs sources que je consultais en prépa pour me cultiver en philosophie :
Les Bons Profs (chaîne YouTube)