Lorsque le biopic sur la vie du plus grand tireur d’élite américain, Chris Kyle, réalisé par l’iconique Clint Eastwood, sort au cinéma, c’est un succès retentissant. Avec 300 millions de dollars générés au box-office et six nominations aux Oscars, le film avait tout pour faire l’unanimité. Néanmoins, c’était sans concevoir les critiques de la gauche libérale étatsunienne qui se sont acharnées sur le film et son réalisateur l’accusant de promouvoir une vision belliciste et de soutenir intrinsèquement le parti conservateur. À ceci, Clint Eastwood a pourtant répondu : “American Sniper and I are anti-war” [American Sniper et moi sommes anti-guerre]. On est alors en droit de se demander ce qui fait d’American Sniper un film anti-guerre, ce qu’il révèle de la société américaine actuelle, et surtout ce qui en fait une référence essentielle pour vos copies d’anglais.
Résumé de la référence
American Sniper est un film de guerre paru en 2014, coproduit et réalisé par Clint Eastwood, avec Bradley Cooper dans le rôle principal. Il retrace la vie du soldat, puis le retour à la vie civile du tireur d’élite Chris Kyle. Ce membre de la prestigieuse unité des SEALs s’est illustré entre 1999 et 2009 dans la guerre en Irak, au point d’être surnommé “le diable de Ramadi” par les insurgés et “la légende” par ses camarades.
Dans la première partie du film, on suit ce jeune Texan s’engageant après les attentats de Nairobi en 1998 et cherchant à faire sa place au sein de l’armée américaine. Il rejoint à plusieurs reprises les champs de bataille irakiens, démontrant tout au long du film un courage et un sang-froid exceptionnels. Cependant, dans la deuxième moitié du film, la donne change. Chris Kyle souffre de stress post-traumatique, ce qui l’affecte, lui et ses proches.
Grâce à son statut de légende au sein des rangs, il rejoint une association d’anciens vétérans et accompagne d’anciens militaires en leur proposant de passer du temps au stand de tir. Malheureusement, lui et son ami Chad Littlefield sont assassinés par un de ces vétérans, Eddie Ray Routh, le 2 février 2013. Des obsèques nationales lui sont rendues. Il sera, dès lors, considéré comme un héros national par beaucoup comme en témoignent les tristes images de son cortège salué par des milliers d’Américains le long de la route le menant au cimetière.
Pourquoi American Sniper est une référence essentielle en Anglais ?
Malgré un scénario pouvant parfois porter à confusion, le film “American Sniper” et, par extension la vie de Chris Kyle, exposent de manière saisissante les aspects sombres de la guerre. Pour ce faire, le film manie habilement deux niveaux de représentation pour dépeindre Chris Kyle : d’une part, Chris est érigé en une figure héroïque, voire messianique, devenant une légende au sein des rangs de l’armée et assumant le rôle du “chien de berger”, comme dirait le père de Chris dans le monologue ouvrant le film. D’autre part, de manière plus subtile, il dévoile un Chris Kyle rongé par les séquelles de la guerre et les dilemmes moraux qui en découlent. En effet, dans la seconde partie du film, lorsque Chris retourne à la vie civile, il affiche des signes de stress post-traumatique, révélant ainsi les fragilités du héros.
Ce jeu subtil entre ces deux facettes de Chris Kyle s’illustre particulièrement dans une scène mémorable. Alors qu’il se trouve chez un mécanicien avec son fils, Chris Kyle est approché par un jeune homme se présentant comme un ancien militaire sauvé courageusement par Chris. Malgré les chaleureux remerciements du soldat, Chris est troublé par le bruit d’une perceuse, un rappel d’un événement traumatique survenu pendant son déploiement. D’une part, Chris est acclamé en tant que héros, comme le relate le jeune homme, mais d’autre part, il apparaît vulnérable en raison de ses troubles de stress post-traumatique.
Ainsi, en plus de dresser un portrait idéalisé de la vie de Chris Kyle, Clint Eastwood formule également une critique poignante de l’abandon des anciens combattants et des traumatismes inhérents à la guerre. Ce thème suscite de plus en plus d’interrogations aux États-Unis. En effet, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer l’hypocrisie d’une société qui glorifie ses soldats tout en les laissant à l’abandon une fois rentrés. Un nombre considérable d’anciens combattants se retrouvent sans domicile fixe, à l’image de Los Angeles, où le nombre de sans-abri dans le comté a augmenté de 23 % l’année dernière, dont 5 000 anciens militaires, soit une hausse de 57 % en un an. Un abandon, donc, qui tend à être un enjeu de société dans le pays de l’oncle Sam.
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En conclusion, “American Sniper” offre une illustration de l’abandon des soldats américains par l’armée une fois leur service au front terminé. Clint Eastwood exploite habilement la dualité entre l’image publique de Chris Kyle en tant que héros et sa vie privée, où il se montre vulnérable voire tourmenté. Ce thème reflète une préoccupation grandissante dans l’actualité américaine et pourrait aisément constituer un sujet de khôlle.