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Auguste Comte et le positivisme

Sommaire

Cet article explore l’œuvre d’Auguste Comte et son concept central : le positivisme. Il s’agit d’un sujet essentiel, car il permet non seulement de saisir des théories telles que le sens de l’histoire, présentes chez d’autres auteurs comme Hegel, mais aussi de comprendre l’origine de la sociologie et des méthodes utilisées dans cette discipline.

Les origines du positivisme

Auguste Comte (1798-1857), né au lendemain de la Révolution française, s’inscrit dans un contexte de ruptures à la fois politiques, religieuses et scientifiques. Ce contexte est fondamental à la bonne compréhension de son œuvre, car cette dernière s’inscrit dans sa volonté de « terminer la Révolution », c’est-à-dire de marquer un tournant, non seulement dans l’histoire de la France, mais aussi et surtout dans celle de l’Humanité.

C’est d’ailleurs sa réflexion sur l’histoire qui est à l’origine de la théorie du positivisme. Comte soutient que l’histoire possède un sens et suit la même trajectoire que le développement de l’esprit humain. Autrement dit, à chaque stade du développement de l’esprit, il convient de créer un nouvel ordre social qui correspond aux évolutions effectués.

De cette idée selon laquelle l’histoire possède un sens découle la possibilité de définir une loi de l’histoire, que Comte nomme la « loi des trois états ». Cette « loi fondamentale qui régit la marche naturelle de la civilisation » s’établit selon lui en trois âges. Chacun de ces trois âges correspond à un état de croissance de l’esprit.

La théorie des trois âges 

Le premier âge de l’humanité est l’âge théologique, aussi appelé âge fictif. Il se caractérise par la prédominance de l’imagination sur l’observation. Durant cette période, les phénomènes naturels sont expliqués par des causes surnaturelles. Cet âge est lui-même constitué de trois phases distinctes :

  • La première phase est le fétichisme animiste, selon lequel les forces de la nature (comme le vent ou les courants d’eau) sont animées par des esprits.
  • La deuxième est le polythéisme, qui consiste à croire en l’existence de plusieurs dieux, dont chacun est responsable de domaines différents.
  • La troisième est le monothéisme, qui dépasse le polythéisme en affirmant l’existence d’un unique Dieu qui serait parfait, immuable et omnipotent.

À travers chacune de ces croyances, l’homme cherche à comprendre l’ordre du monde en s’interrogeant sur l’essence des choses qui l’entourent.

Le deuxième âge est l’âge métaphysique, également appelé âge abstrait. Pendant cette période intermédiaire, les hommes expliquent les phénomènes naturels à l’aide de concepts abstraits, tels que le concept de « l’homme premier ». Si la recherche d’explications causales demeure, ce n’est plus l’imagination qui prévaut mais la démonstration. Ainsi, la raison est toujours à l’origine des explications. Cet âge débute avec les premiers philosophes de l’Antiquité grecque, à l’instar de Platon et d’Aristote, mais n’atteint son apogée qu’à la Renaissance avec l’œuvre de René Descartes.

La Renaissance marque également le début du troisième âge : l’âge positif (ou âge de maturité). À partir de ce moment, on abandonne la recherche d’une cause absolue, car on accepte la finitude de l’esprit. Cet âge met en avant l’observation et privilégie la description aux explications. Ainsi, des lois générales sont énoncées sur la base de faits observés. Cet âge, qui commence avec la physique moderne, est héritier de l’empirisme : la connaissance est toujours relative aux observations. Cette volonté de ne s’en tenir qu’aux observations permet d’établir des relations constantes et objectives : les lois.

 

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L’invention de la sociologie

Ce troisième âge permet de montrer que l’on peut établir une science de la société humaine comme on a établi une science des phénomènes naturels, puisque l’ordre social obéit également à des lois. Ainsi, Comte aspire à créer une « physique sociale » qui s’appuierait sur les méthodes de la biologie pour étudier la société. Selon lui, cette dernière doit être analysée de manière synthétique, comme lorsque l’on a affaire à un organisme vivant. Cette discipline vise à résoudre les crises sociales, comparables aux problèmes pathologiques des êtres vivants.

En donnant ce but à ce qui deviendra la sociologie, Comte souligne la différence entre le positivisme et l’empirisme : si l’observation des faits est nécessaire pour développer la science, elle ne constitue pas une fin en soi, mais un moyen d’établir des lois permettant de prévoir les phénomènes. Pour Comte, la science c’est avant tout « savoir pour prévoir, afin de pouvoir ».

La religion positive

Cependant, Comte estime que la science seule ne peut résoudre les problèmes politiques et sociaux de son époque. En effet, il craint que le développement industriel et économique accentue le matérialisme et l’individualisme au sein de la société, ce qui porterait préjudice à la cohésion sociale. Pour pallier ce problème, Comte propose de reproduire l’organisation du Moyen Âge, où le pouvoir spirituel définissait la hiérarchie sociale. Ainsi, il préconise l’établissement d’une religion compatible avec l’âge positif.

Pour ce faire, Compte développe l’idée d’un culte dans lequel Dieu serait remplacé par l’Humanité. Son objectif est de renforcer l’altruisme entre les individus, en leur faisant prendre conscience qu’ils n’existent qu’à travers ce « Grand Être », issu de la continuité des générations.

 

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Marie Perrot
Actuellement étudiante en troisième année de double licence économie-philosophie à la Sorbonne après avoir fait une B/L, je souhaite vous aider à appréhender l'immense programme de cette filière si particulière.