D’après un article de C. Jurgensen, intitulé « Quel avenir pour la dissuasion nucléaire ? », paru dans une revue Hérodote en 2018, la dissuasion nucléaire, gage de préservation de paix et de stabilité internationale, se trouve aujourd’hui dans une situation paradoxale. Alors qu’on assiste à une dénucléarisation du monde depuis la fin de la Guerre Froide avec l’adoption de divers traités d’interdiction des armes nucléaires comme le TIAN, parallèlement, le sujet du nucléaire est de plus en plus présent ces dernières années dans les discussions internationales. L’avenir incertain de l’accord nucléaire iranien depuis le retrait des Etats-Unis en 2018 ou le sommet du 12 juin 2018 entre Kim Jong-un et Donald Trump en sont des preuves. L’avenir de la dissuasion nucléaire est en jeu et soumis aujourd’hui à trois types de débats : un débat stratégique, un débat sur la légitimité de l’arme nucléaire et un débat technologique et scientifique.
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La dissuasion nucléaire : un moyen efficace de rééquilibrage stratégique
La dissuasion nucléaire est destinée à éviter une guerre majeure. S’il est impossible, par définition, de « prouver » l’efficacité de la dissuasion nucléaire, l’arme nucléaire s’est avérée efficace comme instrument de prévention de la guerre et contribue à maintenir la violence à un niveau relativement bas par rapport à d’autres périodes de l’histoire.
Mais les pays non contraints par des traités comme la Chine qui n’a pas signé le FNI (traité sur les forces intermédiaires) depuis 1987 (chine pas FNI), développent de nouvelles stratégies de défense modernes comme les cyberattaques. Toutefois, il faut avouer que le nucléaire reste un moyen efficace de rééquilibrage stratégique, notamment pour une puissance moyenne comme la France, qui n’a pas les moyens de se lancer dans une compétition technologique avec les grandes puissances.
La dissuasion nucléaire possède de nombreux enjeux dans un monde instable
La multipolarité nucléaire (Inde, Pakistan, Corée du Nord) crée des dynamiques d’alliances stratégiques notamment en Asie avec des postures plus agressives et non dissuasive de l’emploi de l’arme nucléaire, ce qui provoque une menace persistante de prolifération (Corée du Nord/ Nucléaire Iranien) qui remet en question l’avenir des deux derniers accords d’arms control nucléaires entre les États-Unis et la Russie.
Les crises géopolitique en Europe relancent le débat sur une souveraineté défense stratégique européenne et la place de la dissuasion (L’Europe ne peut plus compter que sur les Etats-Unis pour leur propre défense donc la dissuasion nucléaire française doit-elle être étendue à l’ensemble des États membres de l’UE ?
L’arme nucléaire doit rester un instrument de dissuasion mutuelle, à des fins de prévention de guerre, et non être conçue comme un outil d’intimidation, de coercition ou de déstabilisation. Ainsi, comment mettre en place une gouvernance M efficace désarmement ??
Selon Emmanuel Macron en 2017, la dissuasion nucléaire demeure la « clé de voûte de notre sécurité et la garantie de nos intérêts vitaux » Cela vise à écarter tout chantage possible et préserver la liberté d’action de la France. L’arsenal nucléaire est bas mais il y a un renouvellement de la dissuasion nucléaire océanique et aéroportée qui ont permis de développer une industrie nationale de pointe dans le domaine nucléaire, ce qui nécessite le maintien d’une compétence stratégique à long terme.
La dissuasion nucléaire demeure pour la France la garantie ultime de sa sécurité et de son indépendance. La dissuasion est un système paradoxal et fragile de maintien de la paix. Sa crédibilité politique, opérationnelle, technologique ne va pas de soi, doit être préservée et confortée. Comment préserver la stabilité stratégique face à la multiplication de capacités non nucléaires susceptibles de remettre en cause les équilibres stratégiques (conventionnel, cyber, espace) et inventer de nouvelles mesures de transparence et de maîtrise des armements à l’heure de la multipolarité ?
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