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Myopie ou presbytie des marchés financiers ?

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comportement marche financiers

Dans son livre publié aux Editions Dunod, Les défis du Capitalisme, Arnaud PAUTET étudie différents aspects du capitalisme suite à la crise du Covid-19. Dans cet article, nous vous proposons un zoom sur son étude des marchés financiers. Le texte ci-dessous est entièrement issu de l’ouvrage d’Arnaud PAUTET. Vous pouvez donc directement sélectionner des phrases ou parties de phrases pour vos citations en dissertation.

 

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Les défis du Capitalisme d’Arnaud PAUTET – Zoom sur le comportement des marchés financiers

Hyman Minsky a popularisé l’expression de « myopie au désastre » des marchés financiers en montrant comment les innovations financières facilitaient la spéculation et détournaient les agents du long terme. La stabilité engendre l’instabilité, explique l’économiste avec le « paradoxe de la tranquillité ». Les agents capitalistes cherchant en permanence les profits les plus élevés, ils se détournent dès qu’ils le peuvent des placements peu rémunérateurs et, attirés par des titres plus rémunérateurs, prennent plus de risques. Les institutions le permettent par la dérégulation, encourageant la prise de risque et les organisations spéculatives et à la « Ponzi ».

Cette hypothèse est pourtant contestée. Pour les économistes libéraux, notamment David Thesmar et Augustin Landier, les marchés sont davantage presbytes que myopes : ils semblent se désintéresser du court terme, rester indifférents à la rentabilité à court terme, et regarder loin, en direction d’un potentiel et substantiel retour sur investissement à un horizon de dix ou quinze ans. Étudiant 6000 entreprises cotées en bourse aux États-Unis en 2004, ils constatent que le marché ne pénalise pas le tiers des organisations qui cette année-là déclare des pertes. Ils concluent que « les « chouchous » du marché sont les entreprises qui ont un market to book ratio élevé ; (…) le market to book ratio des entreprises faisant des profits négatifs est très significativement plus élevé que celui des entreprises profitables (de 50% pour être précis). »

Pierre-Yves Gomez dans L’esprit malin du capitalisme nous permet de sortir de ce manichéisme, en écartant la thèse d’une main noire occulte des marchés financiers. Remontant à la source des dysfonctionnements actuels, il fouille, en archéologue du capitalisme, dans l’histoire récente des États-Unis. La matrice de la financiarisation est selon lui à chercher du côté de la loi ERISA (Employee Retirement Income Security Act), votée 1974 sous le mandat du président Gerald Ford, dans le contexte incertain du premier choc pétrolier. Afin d’éviter la ruine de petits épargnants travaillant dans une grande entreprise, en cas de faillite de celle-ci, la loi encourage la constitution de fonds de pensions et exhorte les firmes, pour constituer une retraite par capitalisation à leurs salariés, à donner une pleine autonomie de décision à ces caisses de retraite : celles-ci sont mandatées pour placer l’argent des épargnants en veillant à diversifier leurs portefeuilles d’actifs. Portée par de bonnes intentions, cette loi a malgré elle provoqué une concentration incroyable du capital en quelques mains et impulsé la financiarisation de nombreuses entreprises dans lesquelles le rendement financier devient prioritaire souvent au détriment des salariés et des investissements productifs. Selon la Fédération internationale des places boursières, à l’heure actuelle, sur les dizaines de millions d’entreprises dans le monde, seules 50 000 sont cotées, dont 40% seulement font l’objet de transactions régulières et sont donc le lieu privilégié d’investissement de ces fonds spéculatifs. 200 places dans le monde assurent le bouclage de ce circuit financier.

 

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Elise Casado
Etudiante en école après 2 ans de prépa ECS, j'ai à coeur de partager avec vous mon expérience "prépa" afin de vous aider à profiter à 100% de ces deux ou trois années inégalables de votre vie !