Le conflit syrien a commencé en 2011 dans le contexte du printemps arabe par un soulèvement populaire contre le régime de Bachar el-Assad. Ce conflit sanglant qui dure depuis plus de 10 ans a déjà fait plus de 500 000 victimes et plus de 13 millions de déplacés (dont environ 7 millions ont quitté la Syrie). Il s’agit au départ d’une explosion sociale marquée par des manifestations sans violence, réprimées dans le sang par le régime syrien. On a donc assisté à l’éclosion d’une guerre civile qui est devenue par la suite une guerre confessionnelle puis un conflit international. En effet, de nombreux acteurs tels que la Russie, la Turquie ou encore les Etats-Unis sont venus s’ajouter aux acteurs locaux déjà nombreux. L’objectif ici est donc de revenir sur plus d’une décennie de conflit à travers quelques dates clés.
• Mars 2011 : le commencement
Dans le contexte du printemps arabe, les premières manifestations démarrent et sont aussitôt réprimées dans le sang par le régime de Bachar el-Assad. L’arrestation puis la torture de 15 enfants marque le début des horreurs. Ceux-ci avaient écrit sur le mur de leur école « Jay alek eil ed-dor ya doctor » (« Ton tour arrive, docteur », surnom de Bachar el-Assad). La révolution est lancée et s’étend progressivement au reste du pays. Bachar el-Assad est insensible aux appels de la rue et intensifie progressivement la répression.
• Juin-juillet 2011 : la naissance d’une opposition militaire
Son point de départ est une attaque contre des officiers de l’armée syrienne début juin. L’opposition est garnie par des anciens soldats qui ont choisi de la rejoindre. Pour faire face à la répression du régime, certains s’engagent à prendre les armes, et créent l’Armée Libre Syrienne (ASL). Plusieurs fronts sont ouverts pour combattre l’armée de Bachar el-Assad, ce dernier répondant avec une escalade de la violence et de la répression. Il justifie cela par la nécessité de lutter contre les « groupes terroristes » semant la pagaille dans le pays.
• 21 août 2013 : la ligne rouge
La guerre fait rage depuis plus de 2 ans, et de nombreux acteurs ont désormais pris part au conflit (Russie, Iran, Hezbollah du coté du régime d’el-Assad et Arabie Saoudite, Qatar du côté des rebelles). Mais le conflit prend un autre tournant le 21 août 2013 lorsque le régime syrien franchit la ligne rouge fixée par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. Une attaque à l’arme chimique dans les alentours de Damas fait 1500 morts parmi les civils et plonge ce conflit encore davantage dans l’horreur. Les Etats-Unis et leurs alliés reculent et n’exécutent pas les menaces prévues alors que l’ONU possède cette fois des « preuves flagrantes et convaincantes » de l’utilisation du gaz sarin par le régime de Bachar el-Assad.
• Juin 2014 : le développement de DAECH
Profitant de l’enlisement du conflit et de la grande instabilité régionale, l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL), devenu Etat Islamique le 28 juin 2014, ne cesse de s’étendre et proclame l’instauration d’un « califat ». l’EI contrôle alors une grande partie de la Syrie (avec une place forte à Raqqa) et de l’Irak (avec une place forte à Mossoul) pour une population de presque 10 millions d’habitants. Ces ressources en font l’organisation terroriste la plus riche du monde. Cette percée du groupe djihadiste a grandement accru la crise migratoire tout comme les rivalités entre chiites et sunnites.
• Été 2014 : intervention militaire de la coalition internationale
Le 8 août 2014, les Etats-Unis commencent à bombarder l’EI en Irak et appellent à la création d’une coalition internationale contre les djihadistes uniquement. Une soixantaine de pays européen et arabes apportent leur soutien. En septembre, les Etats-Unis frappent pour la première fois la Syrie sans l’accord de Bachar el-Assad. L’intervention de la coalition a permis de freiner l’expansion de DAECH et de l’affaiblir sans pour autant le faire reculer de façon significative.
• Décembre 2016 : La chute d’Alep
Le 22 décembre 2016, Alep tombe entre les mains du régime syrien. Les rebelles qui occupaient la ville depuis 4 ans n’ont pas résisté à l’offensive foudroyante de l’armée appuyée par des combattants du Hezbollah libanais et des milices chiites étrangères. L’opposition perd dès lors son deuxième et dernier centre urbain (après la ville de Homs en 2014) et permet à Damas de remporter sa plus belle victoire à son égard. Une semaine plus tard, le président russe Vladimir Poutine inflige une humiliation diplomatique aux Etats-Unis en annonçant à Ankara la conclusion d’un accord de paix garantissant un cessez-le-feu.
• Octobre 2017 : La chute de Raqqa
Raqqa, proclamée capitale du califat en 2014 tombe après quatre ans d’occupation grâce aux Forces Démocratiques Syriennes et à une alliance kurdo-arabe soutenue par la coalition. La chute de cette ville symbolise la défaite de l’Etat Islamique. Elle marque aussi le recul significatif de l’EI qui a débuté à l’été 2016 avec de nombreuses défaites et un territoire de plus en plus restreint. Fin 2017, celui-ci se résume à quelques zones désertiques de l’Irak et des petites villes syriennes.
• Décembre 2018 : le retrait des Etats-Unis
Le 19 décembre, Donald Trump annonce le retrait immédiat de 2000 soldats américains en Syrie dans le cadre de a lutte contre l’EI. Cette décision unilatérale prend de court les alliés et suscite leur inquiétude. Toutefois, il engendre le retrait d’autres pays de la coalition, dont la France, et laisse sans protection les Forces Démocratiques Syriennes (à dominante kurde) qui ont joué un rôle clé dans la lutte contre l’EI. Rapidement, Washington revient sur sa décision de quitter précipitamment la Syrie. Les Etats-Unis assurent aux combattants kurdes ayant lutté contre l’EI une protection jusqu’à la défaite définitive de l’organisation terroriste.
Et maintenant ?
En 2022, la guerre et la violence continuent malgré ce que tente de faire croire le régime syrien. Les bombardements et attentats restent très fréquents dans le pays. La violence règne, mais la communauté internationale détourne le regard face à la politique de normalisation qui se met en place. Pourtant la situation est dramatique et selon l’ONU, 8 millions de syriens (soit la moitié de la population restante) souffrent d’insuffisance alimentaire. L’économie elle aussi est en lambeaux, la livre syrienne a perdu quasiment toute sa valeur, le tourisme est inexistant et le secteur primaire est dévasté. Pour faire face à cela, Bachar el-Assad, fraîchement réélu en mai 2021 (avec 95% des voix), cherche à sortir son pays de l’isolement afin de redevenir attractif pour les investisseurs. Pour ce faire, il dispose d’une arme de taille : les nombreux migrants qui ont quitté le pays et sont arrivés en masse notamment en Europe. Leur retour au pays arrangerait bon nombre d’Etats qui seraient pour certains prêts à fermer les yeux sur certaines conditions du retour …