Nous allons dans cet article découvrir différentes perceptions de la création du Monde dans les mythologies au travers des cosmogonies de plusieurs cultures. Une cosmogonie, du grec « cosmo » – monde et « gon » – engendrer est un récit mythologique qui décrit la création du monde. Les cosmogonies sont des mythes fondateurs que l’on retrouve au sein de chaque civilisation.
Toute cosmogonie suit en général ces étapes
- Création de l’univers à partir du néant par une force qui dépasse notre entendement ou par l’affrontement de forces antagonistes
- Naissance du temps, de la lumière, de la matière et des quatre éléments primordiaux
- Apparition de la vie animale et végétale
- Naissance de l’Homme
- Possible cataclysme qui peut mettre fin à l’univers ou annoncer un nouveau monde dans une logique cyclique
La création du Monde dépasse l’Homme qui n’est finalement qu’une étape dans un cycle infini. Ainsi dans la majorité des mythes, le monde est en perpétuelle évolution, un élément créé et destiné à disparaitre de façon continue. Par exemple dans la mythologie nordique l’univers est une incarnation des Dieux, et ceux-ci connaissent une fin avec le Ragnarök : une série de catastrophes, notamment climatiques, qui résulte en la mort de la plupart des Dieux et des Hommes, les survivants étant appelés à repeupler la terre.
Voici alors quelques exemples de cosmogonies que vous pourrez mobiliser aussi bien en dissertation qu’en kholle :
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Cosmogonie de l’Egypte antique
Le mythe de la création memphite repose sur un unique Dieu : Ptah, le démiurge de Memphis et dieu des artistes, crée par la pensée l’ensemble du monde. Au contraire dans la ville d’Héliopolis on estime qu’il existait une étendue d’eau infinie le Noun d’où va émerger le démiurge Atoum. Il va alors donner naissance au couple Shou, dieu de l’air, et Tefnout, déesse de l’humidité, qui eux-mêmes engendreront Geb, le dieu de la Terre, et Nout, la déesse du Ciel. Séparés car leur amour est interdit, et formant ainsi la Terre, ils donneront quand même naissance aux cinq autres dieux primordiaux : Osiris, Horus, Seth, Isis et Nephtys qui permettront l’avènement de l’Homme et de la civilisation.
Cosmogonie gréco-romaine antique
D’après Hésiode dans sa Théogonie, il y a au début Le Chaos primordial duquel vont se séparer quatre entités fondatrices : Gaïa (la Terre), Eros (le Désir), Erèbe (Les Ténèbres) et Nyx (la Nuit). Puis de Gaïa naitra Ouranos, le ciel. De leur union apparaitront les Titans, en effet Ouranos féconde la Terre par ses pluies. Puis l’Homme sera façonné par Zeus, fils de Chronos (le Temps) un de ces Titans après un violent affrontement pour le tuer, libérer ses frères et sœurs et devenir le roi des Dieux. Chronos ayant lui-même tué son père pour arriver au pouvoir, les luttes filiales sont au cœur de la cosmogonie grecque.
Cosmogonie hindoue
Chez les hindous le temps est vu de façon cyclique, l’univers conformément à ce modèle suit donc un cycle de création et de destruction. Ainsi lorsque Brahma ouvre les yeux le monde se crée et lorsqu’il s’endort tout se détruit. Dans ce cycle infini le nouveau monde serait à chaque fois moins pur que le précédent.
Cosmogonie nordique
La cosmogonie nordique est racontée dans la Voluspa. Au départ il n’existe qu’un immense abime dans lequel errent les éléments, cela résulte en une rencontre entre feu et glace qui donne naissance au géant Ymir. Cependant il sera tué par Odin, Hoenir et Lodur qui créèrent l’univers de sa dépouille. Neufs mondes sont alors créés autour de l’arbre de vie Yggdrasil qui permet la cohérence verticale du monde, alors que le serpent de Midgard lui permet une cohérence horizontale, maintenant les mondes jusqu’au Ragnarok. Ce sont ces trois dieux créateurs qui créèrent l’Homme à partir d’un frêne et d’un orme : Odin leur donne le souffle vital, Hoenir les sens, Lodur leur donne le sang et les Nornes fixent le destin de chacun.
Il est intéressant de voir que dans de nombreuses mythologies l’Homme est créé par les Dieux afin de les servir, il est alors souvent décrit comme étant façonné de terre ou d’argile avant de prendre vie grâce à un don des dieux. L’Homme est alors une part infime du monde, il nait de celui-ci et retourne à celui-ci quand il meurt, il est alors lui-même incarnation du cycle eschatologique du monde.
Conclusion
Ces cosmogonies nous éclairent sur quelques points importants à retenir quant au thème de l’année. Tout d’abord chaque civilisation a formé une idée de la création du monde et de son fonctionnement, souvent à partir du Néant et grâce soit à un démiurge soit par l’union de forces représentant les éléments naturels. Cette création du monde passe néanmoins le plus souvent par la violence et des luttes filiales. Par ailleurs la plupart des mythologies prévoient une fin à ce monde, soit définitive soit en vue d’une renaissance au sein d’un nouveau cycle. Nos visions du monde varient donc selon notre culture et bien que diverses, partagent d’importants points communs, et cela nous invite à nous questionner sur un enjeu central du thème : la place de l’Homme dans ce monde.