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Coup d’État au Niger : Quelles sont les incidences pour l’Afrique et l’Occident ?

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Depuis le 26 Juillet 2023, le président du Niger Mohamed Bazoum est retenu en otage par un groupe de militaires putschistes. C’est le troisième pays de la bande sahélienne à subir un coup d’État depuis 2020. L’Occident serait ainsi sur le point de perdre son dernier allié dans la lutte contre le terroriste islamique dans la région. De quoi craindre que le Sahel ne retombe dans ce que Sylvie Brunel surnomme une “décennie du chaos”.

Quelle est la situation actuelle au Niger ?

Le président « démocratiquement élu », Mohamed Bazoum, est actuellement détenu en otage par des soldats de la garde présidentielle qui ont formé une junte soutenue par le chef des États-majors, Abdou Sidikou Issa. En parallèle, des manifestations de soutien aux putschistes ont éclaté devant le siège du parti au pouvoir à Niamey. Bien que les putschistes exigent la démission de Mohamed Bazoum, celui-ci continue actuellement de résister aux demandes de ses geôliers. La CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), fondée en 1975, a fermement exigé la libération du président et a décidé de « l’activation immédiate » de sa force d’intervention pour rétablir l’ordre dans le pays.

Quelles conséquences cela risque-t-il d’avoir à l’échelle régionale ?

Un tel coup d’État alimente de nombreuses craintes. Tout d’abord à l’échelle nationale, en témoigne les propos de Nicolas Normand, ex-ambassadeur au Mali qui s’inquiète que le “pays risque de se transformer en Somalie”. À noter que le Mali a subi un coup d’État similaire orchestré par Assimi Goita et le pays semble déjà tendre à devenir défaillant. D’autre part, à l’échelle régionale. La bande sahélienne est en proie à l’influence de plusieurs groupes terroristes (Boko Haram, État islamique, AQMI …). Le Niger était l’un des derniers pays de la région démocratique et donc prêt à recevoir l’aide de l’occident pour y faire face depuis le retrait des troupes de la force d’intervention Barkhane (2014-2022). Le coup d’État risque d’offrir une opportunité d’expansion à ces groupes.

 

La fin de la présence occidentale en Afrique ?

Les manifestations en marge du coup d’État mettent en évidence le “reflux de l’occident” (G.Chaliand) qui se développe en Afrique. En effet, pendant ces dernières, plusieurs drapeaux russes ont pu être visibles et des messages anti-français ont été scandés. Ainsi, des pays occidentaux et principalement la France semblent être de plus en plus poussés en dehors du continent. Le gouvernement putschiste du Mali a par exemple expulsé les forces militaires françaises de leur pays, il ne serait donc pas étonnant que le nouveau régime nigérien ne fasse pareil avec les 1500 soldats français sur place.

À l’inverse, la Chine et la Russie semblent gagner du terrain dans le cœur des Africains. Selon Antoine Glace et Stephen Smith dans « Comment la France a perdu l’Afrique », contrairement aux occidentaux, ces pays proposent aux pays Africains une dynamique “Win-win” (des matières premières en échange de financements). En outre, on pourrait évoquer la présence croissante du groupe Wagner et la mise en place d’un sommet Russie-Afrique qui met en évidence un rapprochement certain entre l’Est et l’Afrique. L’Occident risque ainsi de perdre du terrain sur son ancien “pré-carré”.

En conclusion, cette nouvelle crise présente de sombres perspectives, tant pour le Niger, qui risque de basculer vers l’autoritarisme voire le djihadisme, que pour l’Occident, qui perd bien plus qu’un simple allié dans la région. L’avenir dépendra de l’évolution des événements et des réponses apportées par les acteurs impliqués

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