Cette année le programme de culture générale se concentre sur la notion de violence. Dans cet article, nous te présentons des références cinématographiques qui t’aideront à mieux comprendre ou illustrer tes cours, et t’assureront bien sûr un avantage dans ta copie. Les visionner pendant les vacances te permettrait de poser un premier pas dans ce thème sans pour autant te fatiguer avant la rentrée.
Funny Games, Michael Haneke, 1997
Une famille composée d’un couple et de leur fils passe ses vacances au bord d’un lac. Deux jeunes hommes leur rendent visite sous un prétexte futile et les séquestrent.
Ce film a subi une controverse à sa sortie du fait de sa violence « réaliste ». En effet, Haneke met en scène de manière innovante la violence, par une très grande radicalité, qui permet une réflexion sur la violence intrinsèque à l’Homme et notamment à la civilisation occidentale, apparaissant de manière structurelle et extrême même si suggéré, comme dans ce film où les scènes de torture et de meurtre sont signifiées par des hurlements ou du sang sur un téléviseur. La mise en scène sèche et brutale et les procédés qui la rendent concrète créent entre proximité et distance un malaise chez le spectateur et questionne la possibilité de représentation de la violence.
Orange mécanique, Stanley Kubrick, 1971
En Angleterre, dans un futur proche, un jeune délinquant adepte de Beethoven, de sexe et de violence, traîne avec sa bande, qui entre deux « Molokos », une drogue à base de lait, affronte des bandes rivales, viole et passe à tabac.
Kubrick invite à une réflexion sur la brutalité naturelle de l’homme, qui fit scandale par sa représentation réaliste de la violence, mais dépeint aussi l’instauration d’une société totalitaire, fascisante, par le biais de l’exploitation de la répression des individus déviants.
Voyage au bout de l’enfer, Michael Cimino, 1979
Cinq ouvriers d’une usine sidérurgique de Pennsylvanie, immigrés d’Europe de l’Est, dont le plaisir favori est la chasse au daim en montagne, se retrouvent sur le front du Vietnam et luttent pour leur survie.
Cimino filme avec acuité la lente décomposition des valeurs au contact du conflit, une descente aux enfers qui se poursuit jusqu’à la fameuse scène de la roulette russe.
Irreversible, Gaspar Noé, 2002
Une jeune femme, se fait violer par un inconnu dans un tunnel. Son compagnon et son ex-petit ami décident de faire justice eux-mêmes.
Noé choque une nouvelle fois, à travers les images (une séquence de viol difficilement soutenable) les thèmes (la vengeance) et la narration (l’histoire est racontée à l’envers -sauf dans l'”inversion intégrale”). Cette narration à l’envers permet au début une violence injustifiée qu’on comprend au fur et à mesure. La manière de filmer la violence, notamment le viol, de par leur très grande froideur, presque clinique, interroge également leur représentation dans les autres oeuvres.
La cérémonie, Claude Chabrol, 1995
Sophie, bonne analphabète et secrète mais dévouée, est engagée au service d’une famille bourgeoise de Saint-Malo. Son amitié avec la postière, curieuse et envieuse, va déclencher une série de drames.
Adaptation libre des Bonnes de Jean Genet, ce film mêle violence physique et violence symbolique, violence entre les classes sociales qui s’affrontent, ce qui en fait pour Claude Chabrol le “dernier film marxiste”.
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Tu ne tueras point, Krzysztof Kieslowski, 1988
Un jeune homme dans une ville hèle un taxi et indique au chauffeur une adresse dans les faubourgs. Là, au bord d’une rivière, il l’assassine. Arrêté et jugé, il est condamné à mort. Il raconte au jeune avocat qui le défend que quelques années plus tôt, sa jeune sœur fut tuée par un chauffeur ivre.
Partant du meurtre du chauffeur de taxi, le film n’est pas (seulement) un réquisitoire contre la peine capitale, mais surtout une réflexion sur le libre arbitre et le destin.
L’homme qui tua Liberty Valance, John Ford, 1962
Un sénateur arrive dans une petite ville du Colorado pour assister aux obsèques d’un inconnu auquel, apprendra-t-on, il doit sa vie et sa carrière.
«Quand la légende dépasse la vérité, il faut imprimer la légende». Une œuvre superbe, une leçon de cinéma et une défense absolue de la presse et de la démocratie.
C’est arrivé près de chez vous, Rémy Belvaux, André Bonzel, Benoît Poelvoorde, 1992
Une équipe de télévision se lance sur les pas d’un tueur sanguinaire qui assassine pour son compte en banque ! Petits meurtres crapuleux, règlements de compte familial, corps immergés… tout y passe, mais jamais “au grand jamais” il ne s’attaque aux grosses fortunes.
« Grâce au talent, à l’audace et à l’inventivité de ses auteurs, l’ouvrage (…) dépasse les lois du genre pour offrir une réflexion vivante sur la représentation de la violence au cinéma. » (Positif, no 378, juillet-août 1992).
Mystic River, Clint Eastwood, 2003
Boston, en 1975. Jimmy, Dave et Sean sont trois amis d’enfance, mais un jour alors qu’ils jouaient dans la rue, Dave est enlevé par deux hommes sous les yeux de ses deux amis impuissants. Les ravisseurs abusent sexuellement de Dave et le séquestrent pendant quatre jours, jusqu’à ce que ce dernier réussisse à leur échapper. Vingt-cinq ans plus tard, alors que les trois amis ont suivi des voies différentes, leurs chemins vont à nouveau se croiser lors d’un autre événement tragique : le meurtre de Katie, la fille de Jimmy. Les soupçons se portent alors sur Dave Boyle…
Mystic River dépasse les limites du genre pour sonder en profondeur les zones d’ombre de l’âme humaine. Un pied dans la réalité urbaine, un pied dans les fantasmes, c’est autant un film fantastique qu’un film de la rue. Soulevée par de superbes passages nocturnes, cette part obscure décelable en chacun des personnages apparaît surtout à travers un troublant jeu de résonances.
Snake Eyes, Brian de Palma, 1992
Au Palais des sports d’Atlantic City, la foule des grands soirs assiste au match de boxe du siècle. Mais des coups de feu éclatent à proximité du ring et le secrétaire d’État à la Défense s’effondre. L’inspecteur Rick Santoro, policier corrompu, va s’efforcer de sauver sa réputation et mener l’enquête.
Débutant par un magistral plan-séquence dont les actions seront revues selon des points de vue différents à la faveur de flash-backs, Snake Eyes se présente comme une vertigineuse réflexion sur le regard et une allégorie de la mise en scène cinématographique.