Le 13 juin 2023, l’Insee publie un papier intitulé « L’économie française de 2020 à 2022 : bilan macroéconomique de trois années tourmentées ». Ce dernier revient sur les secousses et chocs subis par l’économie française de 2020 à 2022. Entre pandémie de Covid 19, tensions sur les chaînes de production, hausse des prix de l’énergie, guerre en Ukraine, inflation, hausse des taux d’intérêt, ces trois dernières années interrogent. Quelles en ont été les conséquences sur les revenus et la situation financière des différents agents économiques que sont les ménages, les sociétés et les administrations ?
Bilan de trois années pour l’économie française : une baisse du pouvoir d’achat de la nation
Premier enseignement de ce rapport, entre 2019 et 2022, le pouvoir d’achat de la nation française a connu une légère diminution de 0,7%. Le pouvoir d’achat de la nation représente la capacité globale d’une économie à acheter des biens et des services. Il mesure la valeur réelle des biens et des services qu’une économie peut acquérir avec son revenu national.
Cette baisse peut être attribuée à la faible croissance économique, avec une augmentation du produit intérieur brut en volume de seulement 0,8% en 2022 par rapport à 2019. De plus, la détérioration des termes de l’échange international a entraîné une diminution du revenu réel, principalement en raison de la hausse des prix des importations (+17%), notamment des produits énergétiques. Cependant, cette perte a été partiellement compensée par l’augmentation des prix des exportations (+13%), ce qui a permis de limiter l’impact sur le pouvoir d’achat.
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Une répartition des revenus plutôt à la faveur des ménages entre 2019 et 2022
L’Insee rappelle que le « revenu disponible national se décompose principalement entre trois catégories d’agents économiques : les ménages, les sociétés et les administrations publiques. « En niveau », les ménages bénéficient de la majorité (61 %) du revenu national. » Ce sont ces derniers qui ont capté la plus grande partie (plus de 80%) de l’augmentation nominale du revenu national entre 2019 et 2022. Sur 192 milliards d’euros de hausse du revenu disponible entre 2019 et 2022, les ménages ont capté 159 milliards, les administrations publiques 16 milliards et les sociétés 8 milliards.
Cependant, si l’on raisonne « en termes réels », les hausses de revenu nominal ont été quasi-totalement effacées par l’inflation, ou même plus que compensées par celle-ci. En réalité, la hausse du revenu disponible réel entre 2019 et 2022 est de 27 milliards d’euros pour les ménages. Finalement, ce dernier a progressé d’environ 3 % au total sur trois ans, mais de seulement 1,5 % si on le calcule par « unité de consommation » pour tenir compte de la hausse de la population.
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Les secousses de l’économie française ont poussé les agents à consommer plus
De manière générale, les agents économiques peuvent utiliser leur revenu pour consommer (des biens ou services courants), pour investir (dans du capital physique, qui permet d’augmenter la production future, y compris des biens immobiliers rendant un service de logement), ou pour acquérir des actifs financiers. Si la dépense de consommation courante est inférieure au revenu, on est en situation d’épargne, sinon de désépargne.
Entre 2019 et 2022, malgré la stagnation du pouvoir d’achat, les dépenses de consommation ont augmenté plus rapidement que les revenus, principalement en raison d’une consommation intérieure dynamique. Ce phénomène se traduit par un taux d’épargne national en légère baisse par rapport à 2019.
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Pour conclure, l’économie française a subi plusieurs « chocs », en partie liés entre eux, de 2020 à 2022. Pour autant, les ménages, pris dans leur ensemble, ont été relativement préservés avec un pouvoir d’achat de leur revenu qui a très légèrement augmenté sur la période. La dépense a augmenté davantage que le revenu, stimulée par une consommation dynamique et un investissement qui est resté soutenu tant que les taux d’intérêt étaient bas. En conséquence la capacité de financement de la nation s’est fortement dégradée. Cela se traduit par un retour des « déficits jumeaux », le déficit public et le déficit du commerce extérieur.