Ressources naturelles, temps, énergie… la finitude de ces éléments impose à nos sociétés de faire des choix cruciaux.
Dès lors, comment répondre aux besoins illimités de l’humanité avec des ressources si limitées ? L’économie de la rareté est l’une des réponses à cette question fondamentale.
L’économie de la rareté, c’est quoi ?
Pour commencer cet article, définissons ce qu’est l’économie de la rareté.
Ce modèle économique part du constat que les ressources (comme le temps, l’argent, les matières premières…) sont limitées, tandis que les besoins humains sont en grande partie illimités.
Dès lors, dans ce contexte, de nombreuses problématiques et notions apparaissent.
Par exemple, la notion de coût d’opportunité prend toute son importance. Mais également l’allocation optimale des ressources devient un objectif prioritaire (il faut maximiser le bien-être social tout en tenant compte de la disponibilité des biens et services).
Que propose ce modèle ?
L’économie de la rareté propose donc plusieurs principes pour gérer et optimiser l’utilisation des ressources limitées.
Nous l’avons brièvement évoqué, l’allocation efficace des ressources est centrale : ce modèle encourage une utilisation des ressources en les dirigeant vers des usages plus productifs et plus utiles. Il faut maximiser le bien-être de la population tout en évitant le gaspillage.
Le prix devient également un indicateur central. En effet, selon la loi de l’offre et de la demande, les prix augmentent lorsque la demande dépasse l’offre d’une ressource. Les prix sont un signal qui aide à équilibrer l’offre et la demande.
Enfin, face à la raréfaction de certaines ressources, le modèle encourage la recherche de solutions alternatives. Par exemple, des innovations technologiques peuvent réduire la dépendance aux ressources rares, et l’émergence de substituts (l’énergie renouvelable par exemple) permet de répondre à la demande sans épuiser les ressources limitées.
Pourquoi est-ce un modèle séduisant ?
L’économie de la rareté est un modèle séduisant parce qu’il offre un cadre rationnel à notre économie actuel, qui doit redéfinir ses principes, ses valeurs et ses limites face aux enjeux climatiques et sociaux qui sont les nôtres.
C’est un modèle apprécié, tout d’abord, pour sa simplicité. En effet il repose sur une réalité universelle : la limitation des ressources. Il est ainsi facilement compréhensible.
De plus, c’est un mécanisme flexible qui permet de répondre rapidement aux fluctuations. En effet, nous l’avons vu, en reflétant la rareté d’un bien ou d’une ressource, les prix encouragent naturellement une allocation efficace.
Enfin, en assignant une valeur aux ressources rares, le modèle de la rareté encourage la modération et limite le gaspillage. Les ressources étant limitées, elles sont ainsi mieux préservées et mieux utilisées.
Quels auteurs incarnent ce modèle ?
Lionel Robbins est l’un des auteurs emblématique de l’économie de la rareté. Dans son ouvrage An Essay on the Nature and Significance of Economic Science (1932), Robbins définit l’économie comme la science qui étudie l’allocation de ressources rares entre des usages alternatifs pour satisfaire des besoins infinis. Il pose ainsi la rareté comme un principe central de la discipline économique.
Cette définition de Robbins est devenue un pilier fondamental de l’économie moderne, car elle met en avant la rareté des ressources et la nécessité de faire des choix en fonction des priorités et des contraintes.
A d’autres égards, bien avant, Malthus avait déjà introduit le concept de rareté en économie en mettant en évidence la rareté des ressources alimentaires par rapport à la croissance de la population. Il est connu pour sa théorie malthusienne, selon laquelle la population croît de façon exponentielle tandis que les ressources augmentent de façon arithmétique, menant inévitablement à des pénuries.
Lire plus : Malthus ; pauvreté, théories, ouvrages.
Puis, Ricardo a approfondi la notion de rareté en matière de terres agricoles dans Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817).
Lire plus : David Ricardo
Plus récemment, E. Ostrom contredit l’idée que seule la privatisation ou l’intervention de l’État peut résoudre la rareté des ressources partagées. Elle montre comment les communautés peuvent s’auto-organiser pour gérer durablement des ressources limitées, en proposant des alternatives aux solutions classiques de gestion de la rareté.
Lire plus : Elinor Ostrom
En conclusion, l’économie de la rareté nous rappelle que le monde est défini par des limites inévitables : celles des ressources disponibles face à des besoins potentiellement infinis. Ce principe fondateur nous invite à prendre conscience des choix et des priorités qu’impose la rareté, que ce soit au niveau individuel, collectif ou international.