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Entreprises face aux incertitudes : Quand la gestion des risques devient stratégique

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Flambée du coût de l’énergie, guerre en Ukraine, crise alimentaire, dégradation climatique…L’actualité récente dénote un manque en termes de culture de la gestion des risques à un stade où  l’imprévisibilité est pourtant devenue la donne principale de la scène géopolitique mondiale. Comme l’affirme l’économiste Jean Pisani-Ferry, il s’agit d’un nouveau paradigme, celui de« la prise de contrôle, le plus souvent hostile, de l’économie internationale par la géopolitique. Ce processus n’en est probablement qu’à ses débuts. Il va falloir s’accommoder de ce nouveau contexte ». En effet, la précarité  de l’environnement international est un constat partagé aussi bien par les pouvoirs publics que les entreprises. A cet égard, dans quelle mesure une prise de conscience transversale des mutations internationales couplée à une anticipation des risques repensée s’imposent aux entreprises ?

De la nécessité d’une gestion de risques transversale en entreprise

L’activité de l’entreprise est souvent assimilée à une offre dont la quantité et le prix se fixent en confrontation avec la demande sur un marché où tout est destiné à s’autoréguler. Mais à mesure que les entreprises s’internationalisent et voient leur sphère d’influence s’élargir, force est de constater que les risques géopolitiques ou « extra financiers » comme ils sont désignés, pèsent considérablement sur la performance de ces dernières. Le risque géopolitique peut être défini comme tout évènement dont la survenance est susceptible de constituer un obstacle (économique, financier, ou de réputation) à une structure, en l’occurrence l’entreprise, dans la réalisation de ses objectifs. Effectivement, en plus d’offrir une longueur d’avance concurrentielle décisive et un levier de croissance et de différenciation pour les entreprises, percevoir, anticiper, contrôler et maitriser les risques, notamment de nature géopolitique, est devenu un impératif stratégique.

Dans ce contexte, 3 risques sont à mettre en exergue afin de mieux cerner le contexte géopolitique instable et les mutations qui façonnent les orientations stratégiques des entreprises et  la posture à adopter pour assurer leur résilience.

La montée des cybermenaces

Depuis la crise sanitaire du COVID-19, la dépendance numérique s’est accru tout en induisant des changements majeurs pour les entreprises du monde entier. Mais si la cybersécurité est perçue comme vecteur de différenciation concurrentielle, la complexité des cyberattaques, la fraude et la désinformation sont tous des facteurs qui compromettent le contexte dans lequel évoluent les entreprises. Le risque dont il est question ici est soit financier soit lié à la réputation. Effectivement, la connectivité et l’activité des entreprises risque de subir de nombreuses perturbations en raison du de ces cybermenaces. De plus, l‘innovation technologique est étroitement influencée par les tensions géopolitiques, et le manque de coordination en la matière rend difficile l’anticipation efficace et la maitrise de ce risque. (Augmentation des attaques de logiciels malveillants à titre de 358 % en 2020)

Le dérèglement climatique

Les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent de plus en plus récurrents, à savoir les vagues de chaleur, les incendies, les inondations l’extinction des espèces, et la situation est désormais alarmante. D’ailleurs, d’après l’étude du Forum économique mondial de Davos 2022  (Global Risks Report), il s’avère que les cinq préoccupations majeures des dirigeants à échéance de dix ans sont toutes liées à la question l’environnement, dans une perspective de développement durable. De même, le dérèglement climatique, risque systémique par nature, pose la question de la résilience de certains business model et leur durabilité face aux enjeux de la transition énergétique et les contraintes financières et fiscales liées au passage vers une économie à faible émission de carbone. Cela incombe aux processus décisionnels des entreprises de prendre en considération les indicateurs climatiques et de renforcer les engagements de manière transparente et proactive.

 

La précarité des chaines d’approvisionnement mondiales

A ne point en douter, la chaîne de valeur des entreprises est plus vulnérable que jamais. Si la rationalisation de la gestion de stocks et la spécialisation de la production à l’échelle mondiale sont source de rentabilité, ces optimisations appréciables en circonstances normales montrent leurs faiblesses en cas de ruptures inattendues. S’ajoutent à cela les nouvelles règlementations gouvernementales en matière de chaîne d’approvisionnement pour répondre à l’urgence de la question du changement climatique. Mais si les chaînes d’approvisionnement sont configurées de façon à rentabiliser les coûts associés à la prévention des risques, de nouvelles opportunités sont à prévoir. La réactivité dont a fait preuve Nokia quand son fournisseur de micro puces a suspendu sa production, illustre en effet les avantages d’une solide stratégie de gestion de risques.

 

Conclusion

En somme, il est clair que le risque géopolitique est devenu inhérent aux évolutions de ce monde instable, de plus en plus complexe, et où les « business model » sont constamment remis en cause. Mais ces défis constituent d’autant plus des opportunités que des menaces grâce à une stratégie efficace et efficiente de gestion des risques. Ainsi, face à ces turbulences géopolitiques incertaines, l’entreprise d’aujourd’hui est donc encline à se repositionner en tant qu’acteur proactif et œuvrer pour une gestion des risques ciblée et adaptée afin d’assurer sa pérennité et maintenir sa performance de manière durable.

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Dorian Zerroudi
Co-fondateur d'elevenact (Mister Prépa, Planète Grandes Ecoles...), j'ai à coeur d'accompagner un maximum d'étudiants vers la réussite !