L’organisation territoriale de l’Espagne est particulière. En effet, depuis la loi de 1978, il n’y a pas de régions, mais des communautés autonomes, auxquelles s’ajoutent les enclaves de Ceuta et Melilla, et 50 provinces. Comme l’intitulé de ces communautés le suppose, ces espaces possèdent une certaine autonomie, avec un parlement autonome, un gouvernement autonome et un tribunal suprême de justice. Il y a des élections au niveau de chaque communauté. Cette décentralisation octroie des compétences aux communautés comme les transports, la santé, l’éducation. Certaines communautés possèdent même une police autonome, à l’instar de l’Ertzaintza du Pays Basque. Mais leur autonomie n’est pas synonyme d’indépendance vis-à-vis de Madrid. Et c’est ainsi, que la Catalogne et le Pays Basque sont des communautés connues pour leurs revendications indépendantistes. Aujourd’hui, avec Mister Prépa, nous allons aborder la question de l’indépendantisme basque, moins abordée par les professeurs de classe préparatoire.
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Le contexte au Pays Basque
Au Pays basque, on peut percevoir parmi la population un fort sentiment nationaliste. Ce nationalisme sert de base aux revendications indépendantistes dans cette région, notamment les revendications de la part d’ETA, dont on parlera par la suite.
C’est dans ce contexte que sont crées le PNV (Partido Nacionalista Vasco) ou encore l’abertzalisme, qui est le mouvement de revendication de l’identité basque. Les plus radicaux appartenant au PNV recherchent même une « race » basque la plus pure possible, rejetant ainsi les étrangers à cette région. Un des critères d’exclusion pouvait être de parler ou non le basque, d’être ou non un « vascohablante ».
C’est dans ce contexte que la bande ETA a vu le jour. On te laisse avec les dates clés ci-dessous pour mieux comprendre l’histoire de ce groupe.
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La création d’ETA pour atteindre l’indépendance du Pays Basque
Dates clés
- 31/07/1959: création d’ETA (Euskadi Ta Askatasuna). Il s’agit d’un groupe de jeunes militants (sortant du PNV) qui ont opté pour l’action afin de lutter contre le franquisme et de créer un “mouvement de libération nationale basque”. L’objectif était de créer un Etat Socialiste en Euskal Herria (au Pays Basque) et d’obtenir son indépendance vis-à-vis de l’Espagne et de la France.
- 1968: premier attentat et victime mortelle d’ETA
- 1973: attentat contre Luis Carrero Blanco, bras droit de Franco mais également garant de la continuité de l’héritage franquiste. ETA se positionne comme un mouvement capable de s’attaquer aux plus hautes sphères de l’Etat. Cet acte attire la sympathie des opposants au franquisme, mais aussi de la population basque.
- 1978: création du parti politique d’ETA: Herri Batasuna.
- 1980: année la plus sanguinaire, environ 100 morts causés par ETA
- 1983: la sale guerre (« guerra sucia ») de la part de l’Etat espagnol. Sous le premier gouvernement de Felipe Gonzalez, on assiste à la création des GAL (Grupos Antiterroristas de Liberacion), qui sont des organisations parapolicières menant des attaques contre ETA, considérée comme bande terroriste.
- 1987: attentat de l’Hipercor à Barcelone, 21 morts.
- Années 90 – 2000 : apparait en Espagne le phénomène de la « kale borroka », ce phénomène consiste en des violences de rue commises par des jeunes. On peut qualifier cette violence de « terrorisme de basse intensité »
- 1997: enlèvement et assassinat de Miguel Angel Blanco, conseiller municipal du Partido Popular, malgré les manifestations dans le pays à l’encontre de cet événement. Cet évènement a provoqué de nombreuses contestations, malgré la peur des représailles.
- 2002: à partir de cette année, mise en place de lois plus strictes et début d’une coopération internationale, avec la France notamment. Ces lois sur les partis politiques interdisent l’activité du parti indépendantiste Herri Batasuna, branche politique d’ETA.
- 20/10/2011: fin de l’activité armée
- 3/05/2018: dissolution de la bande terroriste ETA
Pour faire un bilan de l’action d’ETA, on dénombre 856 morts et des centaines de blessés et mutilés. ETA a laissé derrière elle un panorama de confrontations et d’affrontements. Un des défis posés aujourd’hui en Espagne sur ce sujet est la question de la mémoire. En effet, les familles des victimes sont traumatisées, ne parviennent pas à tourner la page. Face à ces horreurs, le silence prend le dessus dans cette région.
Un autre enjeu lié à ETA est la présence d’environ 300 militants emprisonnés dans les prisons françaises et espagnoles. De plus, même si le groupe est dissous, il n’est pas réellement mort puisque le soutien à ce groupe est toujours massif.
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L’exemple d’une série pour comprendre l’histoire d’ETA et la situation actuelle du Pays Basque
La série Patria est une adaptation du roman de Fernando Aramburu. L’action se déroule en 2011, année de la fin de l’activité armée d’ETA. Elle suit la vie de deux familles d’une ville du pays Basque. On a, d’un coté, la famille d’un homme d’affaires assassiné pour ne pas avoir contribué assez à ETA. De l’autre coté, on trouve la famille d’un jeune homme engagé dans la lutte pour l’indépendance. On perçoit toute la controverse de ce sujet avec cette série. D’une part, les proches des victimes d’ETA sont ébranlés, les indépendantistes eux, accusent la série d’être partiale. La blessure du conflit basque reste douloureuse malgré les années. Malgré les critiques, on peut voir une fonction cathartique à cette série, permettant aux victimes de prendre conscience de leur traumatisme, et de commencer à tourner la page.
Vocabulaire basque pour se démarquer sur ce sujet
- Herri Bastasuna : Union Popular
- Euskadi Ta Askatasuna : Patria vasca y Libertad
- Euskal Herria : Pais Vasco (francés y español)
- Euskedi : Pais Vasco (sólo la parte española)
Vocabulaire sur l’indépendantisme basque
- Una organización golpista: un organisation de coup d’état
- Yihadista: djihadiste
- Incumplir: enfreindre
- Desmantelar: démanteler
- Independizarse : devenir indépendant
- Una herida : une blessure
- Pasar página : tourner la page
- Un trauma : un traumatisme
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