La première économie du monde possède un plafond d’endettement public fixé législativement à 31 400 milliards de dollars. Ce dernier a déjà été relevé environ 80 fois par le Congrès depuis 1960 mais l’impasse des négociations en cours sur le relèvement du plafond de la dette et l’approche d’une possible faillite des Etats-Unis inquiète de plus en plus les investisseurs.
Les Républicains et Démocrates refusent de céder
Fixé par le Congrès, le plafond de la dette américaine correspond au montant maximal jusqu’auquel l’Etat peut emprunter. Quand ce montant est atteint, le Trésor ne peut plus émettre d’obligations sur les marchés. Privé de ces financements, le gouvernement américain court le risque de ne pas pouvoir payer ses créanciers, ses fonctionnaires et ses fournisseurs.
Ce n’est pas la première fois que la menace d’un défaut de paiement plane sur les États-Unis. C’est même plutôt fréquent depuis que le plafond de la dette est devenu un véritable outil politique outre-Atlantique. Actuellement, le combat fait rage entre le gouvernement démocrate et la Chambre de représentants, aux mains des républicains, au sujet de ce relèvement du plafond de la dette. D’un côté, nous trouvons le président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, qui veut conditionner ce relèvement à des coupes claires dans le budget fédéral et de l’autre, le président démocrate, Joe Biden, qui refuse toute conditionnalité et répète qu’il ne cédera pas au chantage.
D’après le service du budget du Congrès, ou la secrétaire au Trésor Jannet Yellen, les États-Unis pourraient se retrouver en défaut de paiement dès le début du mois de juin, voire le 1er, si les Républicains et les Démocrates ne parviennent pas à s’entendre sur le relèvement du plafond de la dette. « Faire défaut sur notre dette saperait tellement les Etats-Unis et l’économie mondiale que tout le monde devrait considérer cette idée comme inimaginable », a mis en garde Janet Yellen jeudi 11 mai, en amont d’une réunion des ministres des finances du G7 au Japon.
Lire plus : Janet Yellen prend la parole sur la dette américaine
L’échéance fatidique approchant, Wall Street commence à envisager le pire
Pour l’instant, le Trésor américain a utilisé des mesures exceptionnelles, notamment en empruntant auprès des caisses de retraite, ce qui lui a permis de faire face à ses engagements. Mais il arrive au bout de ses ressources, spécifiquement parce que les dernières rentrées fiscales, au mois d’avril, ont été décevantes. Résultat, selon le média américain spécialisé dans les marchés financiers Bloomberg, le gouvernement ne dispose plus que de 143 milliards de dollars de cash. Ce montant pourrait tout au plus lui permettre de rembourser ses T-Bills (les titres de dette à court terme du gouvernement) dus le 5 juin, mais pas au-delà.
« Le temps presse. Chaque jour où le Congrès n’agit pas, nous subissons des coûts économiques accrus qui pourraient ralentir l’économie américaine », a déclaré lundi 15 mai Janet Yellen, devant un groupe de banquiers. Le 25 avril, cette dernière avait déclaré qu’un défaut “provoquerait une catastrophe économique et financière”.
La Sifma (Securities Industry and Financial Markets Association) qui représente la très grande majorité des professionnels du courtage et de la gestion d’actifs aux Etats-Unis, a publié trois scénarios pour aider ses membres à se préparer : un retard dans le paiement des coupons, un retard dans le paiement du nominal et l’absence d’extension de la maturité des titres concernés.
Lire plus : L’inflation aux Etats-Unis a-t-elle atteint un point de non-retour ?
Pour conclure, dans le psychodrame sur le plafond de la dette américaine, l’issue la plus probable est toujours qu’un relèvement soit finalement voté par le Congrès, au terme de douloureuses tractations. Cependant, les marchés financiers envisagent le pire et s’y préparent. Ils sont face à ce qu’ils appellent un cygne noir : un évènement hautement improbable mais aux conséquences dévastatrices.
