Dans cet article nous vous expliquons certaines solutions proposées pour financer la transition écologique.
« Nous détruisons la beauté de la campagne parce que les splendeurs d’une nature qui n’appartient à personne n’ont aucune valeur économique. Nous sommes capables d’éteindre le soleil et les étoiles parce qu’ils ne rapportent aucun dividende.» John Maynard Keynes écrivait en 1933 dans « National Self-Sufficiency »
Dans son rapport commandé par la Première ministre et intitulé « Les incidences économiques de l’action pour le climat » rendu en mai 2023, l’économiste Jean Pisani-Ferry souligne l’étendue des sacrifices à concéder pour financer la transition écologique . Pour lui, la transition est possible à raison d’un investissement public annuel de 70 milliards d’euros.
Historique environnemental
C’est à l’époque de la 2ème Révolution industrielle avec l’industrialisation que la dégradation de l’environnement par l’économie est initiée. Au cours des Trente Glorieuses, ce processus s’intensifie avec l’apparition du phénomène de consommation de masse. Selon J.Baudrillard dans La société de consommation (1970), le volume des ordures ménagères a doublé en trente ans.
Cependant, la prise de conscience de cette réalité est tardive et n’arrive que dans la deuxième partie du XXème siècle face à des catastrophes écologiques tel que le naufrage du Torrey Canyon en 1967 (pétrolier déversant 120 000 tonnes de pétrole brut en mer).
Dans le même temps, l’accélération des échanges mondiaux induits par la mondialisation contribue pour une part importante à la quantité de gaz à effet de serre rejetée. Ainsi, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) du transport maritime sont passés de 977 Mt de CO2 en 2012 à 1076 Mt de CO2 en 2016.
Une prise de conscience tardive
En 1972 la conférence des Nations Unies sur l’environnement tenue à Stockholm pose les bases d’une prise de conscience mondiale qu’illustre parfaitement l’apostrophe «Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » de Jacques Chirac, président de la République française, en ouverture de son discours devant l’assemblée plénière du IV Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 à Johannesburg, en Afrique du Sud. Lors de la COP21 à Paris en 2015 un nouvel accord international est signé pour contenir le réchauffement climatique en dessous des 2°C . Le manque de coopération internationale et le retrait des Etats-Unis rendra cet accord obsolète.
La théorie de G.Hardin de Tragédie des biens communs (1968) s’applique à l’environnement. Les biens sont dits communs dès lors qu’ils sont excluables et non rivaux. Cela conduit à une surexploitation de ces biens aux détriments de l’intérêt collectif
Face à cela, les rapports du GIEC sont toujours plus pessimistes et celui de 2023 affirme que les scénarios socio-économiques montrent que le niveau de réchauffement global de 1.5°C par rapport à l’ère pré-industrielle sera atteint dès le début des années 2030, et ce quels que soient les efforts de réduction immédiate des émissions mondiales de CO2.
Les sources de financement
Le rapport a évalué le coût de la transition à un quart de point de PIB. La puissance publique doit donc trouver près de 66 milliards d’euros par an à compter de 2024.
La réduction des dépenses « brunes », c’est-à-dire celles qui encouragent la consommation d’énergies fossiles, ne sera pas suffisante pour financer cette transition
Le rapport propose donc de financer la transition écologique au coût faramineux grâce aux « deux mamelles de la France » politique : la dette et l’impôt sur la fortune : un impôt sur les 10% de la population les plus aisés (3327 euros par mois en 2018).
Un contexte qui n’est pas favorable
Cependant, alors que la dette française atteint 3000 milliards et dans un contexte de remontée des taux d’intérêt (la France emprunte désormais à 3.2% à 10 ans ) , l’exécutif entend faire refluer le déficit sous la limite européenne des 3% du PIB. Les deux objectifs semblent difficilement conciliables dès lors que la France risque de voir sa charge de la dette croître de manière exponentielle au risque de voir sa note de dette souveraine être rétrogradée (la France détient déjà l’endettement le plus élevé des pays de la catégorie « AA ». )
Par ailleurs l’autre source de financement évoquée est elle aussi contestée. Selon Eurostat, qui est l’équivalent de l’Insee à l’échelle communautaire, le taux des prélèvements obligatoires en France en 2019 représentait 47,4% du PIB, soit un niveau supérieur de 5,8 points à celui de la moyenne de la zone euro. La courbe de Laffer théorise que « trop d’impôt tue l’impôt ». Il faut donc fixer le taux d’imposition qui permet de maximiser les recettes de l’Etat en évitant les optimisations et fraudes fiscales.
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Ainsi, si les mesures proposées ici semblent difficilement applicable, d’autres mesures comme le Livret de Développement Durable et Solidaire, livret d’épargne servant à financer notamment l’économie sociale et solidaire (ESS) sont pour le coup déjà appliquées et sont fonctionnelles.