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Haut-Karabakh : le crépuscule d’une république

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La République autoproclamée du Haut-Karabakh cessera d’exister le 1er janvier 2024. Le président de cette enclave peuplée d’Arméniens en Azerbaïdjan, Samvel Chahramanyan, a annoncé la dissolution du régime dans un décret publié le 28 septembre 2023. Cet acte solde la défaite des autorités séparatistes face à Bakou et marque la fin d’un conflit entamé il y a plus de trente ans. Comment en est-on arrivé là ?

 

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La dégradation de la situation

Depuis le mois de décembre 2022, le corridor de Latchine, unique route reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie, était complètement bloqué par l’Azerbaïdjan. La situation humanitaire n’a eu de cesse de se dégrader jusqu’au 11 juillet 2023, date à laquelle Bakou a décidé d’interrompre toute circulation sur cette route, aggravant encore une situation humanitaire déjà catastrophique.

Pour comprendre le conflit qui a opposé la république autoproclamée du Haut-Karabakh et l’Azerbaïdjan, il faut remonter au début du XXe siècle, au 4 juillet 1921 : l’URSS décide alors de rattacher le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan, bien que l’écrasante majorité des habitants soient des Arméniens. En 1923, la région obtient un statut autonome mais demeure rattachée à Bakou.

Le premier conflit éclate en 1988, lorsque le Haut-Karabakh profite du climat d’ouverture politique qui se diffuse en URSS pour faire sécession et rompre avec l’Azerbaïdjan. Alors que l’URSS de Gorbatchev, au bord de l’implosion, apporte son soutien à Bakou en 1991, le conflit – qui fera 30 000 mots – se solde par une victoire d’Erevan et la signature d’un cessez-le-feu en 1994, à la suite duquel plus de 500 000 Azerbaïdjanais sont chassés des territoires nouvellement conquis. La vingtaine d’années qui suit est marquée par un gel relatif du conflit, interrompu par de violents épisodes, comme en 2016. Les plans de paix successivement négociés font l’objet de rejets de la part de la République autoproclamée du Haut-Karabakh.

 

La guerre de 2020

L’affrontement armé reprend en 2020 et s’achève par la défaite humiliante que l’Arménie de Nikol Pachinian connaît face à l’Azerbaïdjan, à l’issue d’une guerre de quarante-quatre jours. Un accord est signé le 9 novembre 2020. Le territoire de la République autoproclamée est réduit d’un tiers et la Russie, médiatrice dans les négociations entre les deux parties, est chargée d’assurer la circulation dans le corridor de Latchine pour garantir l’acheminement du carburant et de la nourriture – 2000 soldats russes sont déployés dans la région à cet effet. Accaparé par la guerre en Ukraine, Moscou s’est révélé incapable de remplir sa mission et, face à l’impuissance des Occidentaux, l’Azerbaïdjan a réussi à faire plier l’Artsakh – nom donné par les Arméniens à l’enclave.

 

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Une offensive éclair

Le 19 septembre 2023, Bakou lance une offensive éclair sur l’enclave et parvient à « rétablir sa souveraineté » dans le Haut-Karabakh, selon les mots du président azerbaïdjanais Ilham Aliev. Un accord de cessez-le-feu est signé, le 20 septembre 2023, entre l’Azerbaïdjan et les autorités séparatistes. Après neuf mois de blocage, les Azerbaïdjanais font capituler les Arméniens de l’enclave en moins de 24 heures, mettant ainsi fin à un conflit de plus de trente ans. Dans les jours qui suivent, la république autoproclamée du Haut-Karabakh, qui n’a jamais été reconnue par la communauté internationale, pas même par l’Arménie, annonce qu’elle disparaîtra le au 1er janvier 2024.

Encore profondément sous le choc de sa défaite de 2020, l’Arménie ne s’est pas investi dans une nouvelle guerre face à l’Azerbaïdjan. Son territoire étant actuellement occupé par des soldats azerbaïdjanais sur une surface de plus de 150 kilomètres carrés, Erevan est préoccupé par sa propre sécurité.

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Matthieu Haut