Vous cherchez une solution pragmatique pour préparer la Culture Générale en deuxième année ? Vous souhaitez bien préparer cette matière sans y allouer trop d’heures ? Vous avez des doutes sur la dissertation parfaite et ne souhaitez pas utiliser des paragraphes tous cuits accessibles à tous ? Vous cherchez une méthode déjà éprouvée à appliquer sans vous proposer trop de questions ?
Si vous vous reconnaissez dans l’une de ces questions, cet article est fait pour vous. J’ai utilisé pendant ma classe préparatoire une méthode que j’ai appelée « méthode des parapersos », et je vous livre les clés pour que vous puissiez la reproduire.
Point de départ : d’où sort cette méthode ?
J’avais fait le constat en fin de première année qu’il me fallait une méthode solide en deuxième année en Culture Générale pour assurer une bonne note en dissertation sans pour autant y passer trop de temps. Après avoir compris la méthodologie de la dissertations grâce à la lecture des rapports de jury et des bonnes copies, je voulais mettre au point une méthode pragmatique.
J’étais sceptique quant la méthode de la dissertation parfaite, et je trouvais que l’idée d’avoir des paragraphes « tout cuits » était bonne. Pour autant, j’avais peur d’avoir les mêmes références que d’autres élèves, qui utiliseraient mal ces références, et disqualifieraient ma copie car j’utiliserai les mêmes références. J’ai donc décidé de créer mes propres paragraphes à partir des références fournies par mon professeur, auxquelles j’ajoutais d’autres références trouvées ailleurs (internet et ouvrages à destination des prépas).
Cette méthode a selon moi (et des nombreux autres élèves qui l’utilisaient aussi) de nombreux avantages :
Un entraînement à la rédaction : en rédigeant ces paragraphes, j’ai appris à être plus clair, logique, concis et respecter systématiquement le même schéma de démonstration au sein d’un paragraphe.
Une meilleure connaissance de l’auteur et de sa pensée : non pas que ce soit le but de cette méthode, mais cela me permettait, le jour de l’épreuve, une éventuelle modification du paragraphe à la marge pour mieux coller à la spécificité du sujet ou à ce que je voulais démontrer, en évitant un contre-sens. La méthode des paragraphes tous cuits ou de la dissertation parfaite ne permettent pas cette flexibilité primordiale pour coller au sujet.
Learning by doing : construire ces paragraphes m’aidait à les apprendre, au lieu de relire sans cesse un paragraphe fait par quelqu’un d’autre, que l’on oublie aussi vite qu’on l’a lu. Après les avoir rédigés, je les connaissais déjà assez bien. Les relire régulièrement était alors suffisant, et très rapide. C’est pour la même raison qu’on conseille souvent de réaliser ses propres fiches plutôt que récupérer les fiches faîtes par quelqu’un d’autre, aussi bien soient-elles.
Apprendre moins pour apprendre mieux : m’étant fixé des limites en termes de références (pas plus de 50 références au total), et ayant adopté le principe de n’associer qu’une unique thèse à chaque auteur (un auteur = une thèse), j’ai dû tailler dans le vif parmi l’énorme quantité de contenu qui était à ma disposition. Se séparer de tant de matière peut faire peur. J’avais fait simplement le choix pragmatique de sacrifier des références qui auraient certes été intéressantes dans un sujet bien spécifique, pour favoriser la complémentarité des références sélectionnées, et les connaître parfaitement. Il s’agit en fait de maximiser un ratio coût/bénéfice. Plutôt que connaître vaguement trois thèses Kant, je préférais en apprendre une seule (pas forcément la plus connue), avec l’œuvre dans laquelle elle est développée, sa date de parution, et une citation.
Prendre de l’avance sur son programme de révision : le choix de se séparer si tôt dans l’année de tant de matière peut faire peur, et apparaître comme un risque. Mais c’est en réalité un précieux temps gagné pour le sprint final. Car lors de la dernière ligne droite d’avant-concours, c’est-à-dire pendant les quelques semaines de révision, vous n’aurez pas le temps de vous demander quels auteurs vous souhaitez apprendre, puis les apprendre. Avec vos « parapersos », je n’avais qu’à les relire régulièrement, puisque le reste du travail a été fait en amont. Cela vous laisse surtout davantage de temps pour multiplier l’entraînement sur de plans.
Gagner du temps lors de l’élaboration du plan : comme une thèse correspond à un auteur, lors de la rédaction de vos plans, que ce soit lors de vos khôlles, d’entraînements ou même le jour du concours, vous n’aurez qu’à écrire le nom de l’auteur pour savoir exactement ce que cela signifie : pas besoin d’écrire l’idée que vous voulez démontrer puisque vous n’en connaissez qu’une seule par auteur.
Gagner du temps le jour J : puisque vous savez déjà exactement ce que vous allez écrire pour chaque auteur, cela vous laisse davantage de temps pour insister sur d’autres aspects (orthographe, articulation logique, écriture, …).
Avoir des paragraphes bien structurés : puisqu’ils ont été rédigés au préalable, vos paragraphes seront déjà clairs et concis, et vous pourrez porter votre attention non pas sur l’auteur, mais bien sur la particularité du sujet qui vous est imposé.
S’amuser : ce n’est qu’un avis personnel, mais j’ai trouvé cette méthode intéressante du point de vue intellectuel, lors de la rédaction des paragraphes, et gratifiante lors de la rédaction de ses propres paragraphes.
Comment mettre en œuvre la méthode des parapersos ?
Concrètement, je faisais en sorte de sélectionner régulièrement au cours de l’année scolaire les auteurs et les thèses que je préférais, pour les transformer en paraperso.
J’avais arrêté mon choix sur deux types de paragraphes :
D’une part, les paragraphes dits « allusion ». Ces allusions pouvaient aller d’une simple citation commentée (auteur, œuvre, date de publication, citation et interprétation possible) à un petit paragraphe d’une centaine de mots, une référence le plus souvent littéraire. Ils devaient me servir comme élément pour une accroche dans une introduction, l’illustration d’un argument philosophique au cœur d’un paragraphe, une transition entre deux parties ou même pour une ouverture. J’avais décidé d’en préparer 20.
En voici un exemple : La Rochefoucauld
D’autre part, les véritables paragraphes, mes « parapersos ». Ces paragraphes étaient des références philosophiques, et faisaient environ 250 mots. J’avais décidé d’en préparer 30.
Comment construire son « paraperso » ?
La méthode est toujours la même, et se décompose ainsi :
- Tout d’abord, trouver une thèse que vous appréciez, qui vous semble utile pour plusieurs idées.
- Vous intéresser à l’auteur, à l’œuvre dont est extraite la thèse, pour trouver des informations complémentaires et comprendre le contexte.
- Sur un document (je préférais l’informatique pour pouvoir améliorer mes paragraphes au fur et à mesure), remplir les informations suivantes:
- Prénom ET nom de l’auteur
- Profession et nationalité: pour pouvoir l’appeler par autre chose que son nom, vous différenciant ainsi des autres candidats. Par exemple, « le philosophe danois » pour changer de Kierkegaard.
- Œuvre et date de parution: vous connaissez suffisamment peu d’œuvres pour ne pas faire l’économie de la date, qui est une preuve de plus de votre sérieux.
- Sur le plan: moral, psychologique, sociologique, toujours bon pour varier les champs d’analyse. Par exemple : « mais sur le plan moral, on peut aussi se poser la question de … ».
- Thèse générale: résumer en une phrase de ce que l’auteur démontre. Si vous utilisez cet auteur, c’est seulement pour démontrer cette thèse. Cela permet de clarifier les idées. Par exemple : « nos désirs sont évolutifs, progressifs : le temps du désir peut se diviser ».
- Citation: à apprendre par cœur, une ou deux citations, pas plus.
- Mots clés: vocabulaire spécifique utilisé par l’auteur, qui doit absolument apparaître dans votre paragraphe. Par exemple, stade esthétique, éthique et religieux.
- Paragraphe rédigé: environ 250 mots, voir ci-dessous
- Des thèmes connexes : cela permet de donner des idées sur ce qui peut succéder à cette thèse, pour faire progresser l’argumentation.
Le paragraphe en tant que tel :
- La thèse globale. Ce que je veux démontrer, sans citer l’auteur pour le moment. Car c’est bien l’auteur qui est au service de ce que je veux démontrer, et non l’inverse (même si, il faut bien l’avouer, l’inverse est aussi commode pour donner des idées à la direction que peut prendre la démonstration). Il faut cependant avoir conscience que dans une dissertation, il faut rajouter une phrase de transition qui lie ce paragraphe au précédent, en répondant à la question posée précédemment (par exemple : « puisque que l’on a établi […] et qu’on est arrivé à telle limite, il convient de s’intéresser à […]. En effet, … »), ou en différenciant ce paragraphe du précédent (par exemple : « on s’est pour le moment placé du point de vue collectif, mais il convient aussi d’analyser le point de vue de l’individu. En effet, … »). C’est l’affaire d’une ligne ou deux.
- La source. C’est l’auteur et l’œuvre (et la date !) dont est tiré la thèse. C’est l’affaire d’une ligne.
- La thèse de l’auteur: récitation de sa thèse, appuyée par une citation. C’est cette partie en particulier qu’il faut apprendre par cœur, et fait quelques phrases.
- La conclusion que l’on peut en tirer. Il faut être conscient que c’est cette partie-ci qui est la plus susceptible d’être modifiée le jour J, car il faut coller au sujet, réutiliser les termes du sujet, et inscrire le paragraphe dans une démonstration.
Exemple : le paragraphe de Kierkegaard
Et le Jour J ?
Le jour J, il s’agit d’insister sur plusieurs points, pour ne pas donner l’impression d’un paragraphe récité.
Tout d’abord, insister sur la progression logique de l’argumentation, lier les paragraphes par des liens logiques. Encore une fois, les auteurs sont au service des idées que l’on veut démontrer.
Ensuite, réutiliser sans arrêt les termes du sujet. Pour être sûr de ne pas être emporté dans un élan de « par cœur » et avoir en permanence en tête les termes du sujet qu’il est bon de placer dans le paragraphe très régulièrement (toutes les deux lignes !), j’écrivais sur une feuille A4 le sujet que je plaçais en évidence sur la table.
Enfin, ne pas avoir peur de sortir du système ! Faîtes-vous confiance, et ne soyez pas prisonniers des paragraphes que vous avez rédigés. Si une idée vous vient pendant l’épreuve, si vous pensez à un auteur que vous connaissez mais pour lequel vous n’avez pas rédigé de paragraphe, vous pouvez tout de même l’utiliser. Vous gagnez suffisamment de temps sur les autres paragraphes pour vous permettre de prendre un peu plus de temps sur ce paragraphe, pour qu’il n’y ait pas de baisse de qualité !
J’utilisais la méthode des parapersos en même temps que d’autres astuces et éléments différenciants dans mes dissertations.
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Tu veux voir ce que cette méthode donne dans la réalité : voici une dissertation qui utilise cette méthode.
À toi de jouer, bon courage !