Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), mis en place en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale et les Nations unies, a publié le 9 août 2021 le premier volet de son sixième rapport, attendu pour 2022. Dans ce rapport, le GIEC fait état de la situation actuelle concernant le réchauffement climatique et les bonnes nouvelles ne sont pas au rendez-vous : hausse des températures, montée des eaux, fonte des glaces, … Le climat change en effet plus vite et plus intensément que ce que l’on pensait, si bien que les phénomènes climatiques extrêmes se multiplient comme par exemple, les incendies en Algérie de cet été ayant fait à ce jour, 90 morts. Alors, approuvé par 195 États, ce rapport fera office de base scientifique pour les négociations de la COP 26 – ce grand sommet climatique qui se tiendra en novembre 2021 à Glasgow.
Les émissions de gaz à effet de serre, principale cause du réchauffement climatique
Le GIEC pointe la responsabilité humaine dans ce réchauffement climatique : les émissions humaines de gaz à effet de serre, considérées comme la première cause du réchauffement climatique, n’ont pas baissé depuis 1990. Au contraire, la production annuelle de CO2 a bondi de 63%. Et, depuis 2011, la concentration de CO2 dans l’atmosphère est en moyenne de 410 ppm : du jamais vu depuis au moins deux millions d’années.
Mais, bien que le CO2 reste au cœur du problème climatique, le rapport du GIEC indique clairement que le méthane, deuxième gaz à effet de serre le plus important après le CO2, devrait être examiné plus sérieusement lors de la lutte contre le réchauffement climatique. Le GIEC sonne d’ailleurs l’alerte : si les émissions de méthane ne sont pas réduites, cela pourrait saper les objectifs de l’Accord de Paris. Les concentrations de méthane dans l’atmosphère sont en effet, à leur plus haut depuis 800 000 ans !
Le GIEC a donc confirmé l’importance de réduire rapidement les émissions de CO2, ainsi que celles des autres gaz à effet de serre pendant cette décennie et de préparer la voie pour atteindre la carboneutralité vers 2050.
La hausse des températures inquiète
C’est le point central du nouveau rapport du GIEC. Dans les cinq scénarios envisagés, qu’ils soient optimistes ou pessimistes, la température mondiale devrait inévitablement atteindre + 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle d’ici 2030, soit dix ans plus tôt que la précédente estimation. Mais les températures pourraient également être bien plus élevées avec, dans le pire scénario, un réchauffement compris entre 3,3°C et 5,7°C. Or, l’Accord de Paris de 2015 prévoyait de limiter l’augmentation de la température d’ici la fin du siècle à +2°C. Au vu des diverses prévisions, cela semble donc compromis…
Surtout que les récents épisodes de chaleur plaident plutôt en faveur des scénarios les plus pessimistes. En effet, en août 2020, a été enregistré, dans la bien nommée Crique de la fournaise, station météo située dans la Vallée de la Mort aux États-Unis, le record mondial de température de 54,4°C. Et, plus récemment, le 13 août 2021, l’Agence nationale océanique et atmosphérique américaine (NOAA) a décrété que le mois de juillet 2021 avait été le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre.
Dès lors, toute la planète se réchauffe, mais certaines zones plus vite que d’autres, à l’image du cercle polaire arctique qui se réchauffe deux à trois fois plus vite que le reste de la planète. Si bien que, la petite ville de Verkhoïansk, située en Sibérie orientale, a enregistré en juin 2020, un record de chaleur pour l’Arctique avec 38°C : du jamais vu à cette latitude.
Et, malheureusement, chaque augmentation de température, si petite soit-elle, a des conséquences sur la fréquence et l’intensité des phénomènes extrêmes qui furent nombreux cette année : incendies spectaculaires en Grèce et en Turquie, feux de forêt en Sibérie et en Californie, famine à Madagascar (due à la pire sécheresse qu’a connu la région depuis une quarantaine d’années), inondations exceptionnelles en Chine et en Allemagne, canicule record au Canada, etc.
La fonte des glaces et sa conséquence sur la montée des eaux
Les effets du changement climatique se voient aussi sur la présence de glaces à la surface de la Terre. En effet, la banquise fond de plus en plus rapidement : depuis 30 ans, sa superficie diminue et elle s’amincit. C’est un désastre pour les animaux qui y vivent, que ce soient les ours polaires ou les phoques. Au Groenland, c’est la calotte glaciaire qui rétrécit “comme peau de chagrin” et sur tous les continents les glaciers de montagne fondent d’ores et déjà sous nos yeux. Par exemple, la mer de glace dans le massif alpin du Mont Blanc a reculé de 120 mètres en un siècle et le secteur touristique de toute la région en pâtit.
La fonte des glaciers et des calottes glaciaires ont par ailleurs pour conséquence, la hausse du niveau de la mer. Selon les climatologues du GIEC, le niveau des océans est monté de 20 centimètres entre 1901 et 2018 et les prévisions n’annoncent rien de bon…Le niveau de la mer pourrait gagner 1 mètre d’ici à 2100 et même 2 mètres d’ici à 2300.
Or, comme le stipulent Jean Jouzel et Pierre Larrouturou dans leur livre Pour éviter le chaos climatique et financier, une élévation du niveau de la mer de 40 centimètres correspond à 200 millions de personnes qui doivent quitter l’endroit où ils vivent. C’est le cas par exemple dans le golfe du Bengale où des îles ont purement et simplement disparus.
Ainsi, les climato sceptiques aiment particulièrement “croiser le fer” avec le GIEC, qu’ils accusent régulièrement de catastrophisme et de sensationnalisme. Cependant, les rapports du GIEC demeurent la meilleure évaluation des risques disponible et surtout, les preuves sont désormais accablantes, à l’image des récents phénomènes climatiques extrêmes…
Les sujets sur lesquels vous pouvez utiliser cet article en dissertation
- Les sujets sur le climat. Exemple de sujet de concours : Le dérèglement climatique : une nouvelle donne majeure pour l’économie mondiale et les relations internationales ? (Ecricome 2018).
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Jean-Michel Valantin, Géopolitique d’une planète déréglée – Le choc de l’Anthropocène. Le spécialiste de géopolitique et d’études stratégiques montre dans son livre que nous vivons dans une nouvelle époque géologique où l’homme est devenu la principale force géopolitique et biologique qualifiée d’Anthropocène. Cette nouvelle donne géophysique et biologique engendre des mutations géopolitiques créant un potentiel de violence unique dans l’histoire qui débouche sur des tensions, favorisant ou défavorisant les acteurs. Cette crise planétaire est une menace à l’échelle du monde qu’il est aujourd’hui nécessaire de considérer.