Dans cet article, tu retrouveras une introduction rédigée ainsi que le premier axe de la dissertation sur ce sujet.
Le 7 janvier 2022, les forces armées américaines ont rapporté avoir été victimes d’une attaque de drones armés dans une de leurs bases située à la frontière entre la Jordanie et l’Irak. Cette attaque, bien que non revendiquée, est pour les forces américaines d’origine irakienne, semblant vouloir venger Sadam Hussein. Nous avons ici un exemple type de la contestation de la présence américaine qui n’est plus acceptée par de nombreuses populations, accusée de déstabiliser et d’empêcher une quelconque reconstruction. Le sujet, Les États-Unis depuis la fin de la Guerre Froide : « empire bienveillant » ou facteur de déstabilisation, invite donc à se questionner sur l’impact de l’omniprésence des États-Unis. En effet, à l’issue de la Guerre Froide, c’est-à-dire au début des années 1990, ils se présentent comme les « gendarmes du monde », seul pays capable d’assurer la paix mondiale. La Guerre Froide est un terme qui a été introduit par le financier Bernard Baruch et le journaliste Walter Lippmann et qu’ils définissent comme “la longue épreuve de force qui s’est engagée entre les Etats-Unis et l’Union Soviétique après la dissolution, au lendemain de la capitulation du Reich, de la coalition anti-hitlérienne”. Cet affrontement a eu lieu sur les plans idéologique, économique et diplomatique. Les États-Unis sont jusqu’à aujourd’hui la première puissance militaire et économique mondiale. Ils sont également, au sortir de la Guerre Froide, la seule “superpuissance” mondiale suite à la chute de l’URSS. Enfin, « L’empire bienveillant » fait référence à un article de Robert Kagan publié dans la revue américaine Foreign Affairs. Dans quelle mesure la posture de superpuissance des États-Unis depuis la fin de la Guerre Froide a-t-elle conduit à la déstabilisation du monde ? Nous verrons qu’à la fin de la Guerre Froide, les États-Unis sont omniprésents. Mais ceci est remis en cause car déstabilisateur. Enfin, elle oblige les Américains à opérer des changements dans leur politique.
À la fin de la Guerre Froide, les États-Unis se présentent comme « l’hyperpuissance » du monde (Hubert Védrine). En effet, ils possèdent, comme l’affirme Joseph Nye dans Bound to lead, à la fois un hard et un soft power. Et ce sont eux qui leur permettent d’être omniprésents. D’abord par la diffusion de leur modèle économique et social : ils apparaissent comme le pays de l’abondance et de la prospérité. Ils vont donc tâcher de diffuser ce modèle, se présentant ainsi comme une « hégémonie bienveillante », c’est-à-dire un empire d’un nouveau genre puisqu’avant tout idéologique. Ils s’adonnent alors à la diffusion de l’American way of life, prônant le mode de vie américain, mais également ses valeurs (notamment liberté et démocratie). Ils répandent également la mondialisation néolibérale en en prônant les vertus et cela passe par un conditionnement de l’aide apportée par le Fonds Monétaire International aux pays en développement. Ils l’influencent car en sont le plus gros contributeur et abritent son siège. La fondation Bill et Melinda Gates, qui est l’ONG la plus riche du monde, est le parfait exemple de cet « empire bienveillant ».
Cette omniprésence passe aussi par la multiplication des alliances. En effet, si le Pacte de Varsovie est dissout à la fin de la Guerre Froide, l’OTAN s’en retrouve, quant à elle, renforcée et étendue vers l’Est. Elle permet une relation de proximité entre l’Amérique du Nord et l’Europe mais n’est pas sans poser des problèmes sur lesquels nous reviendrons. De plus, toujours dans cette perspective d’ « empire bienveillant », les États-Unis se tournent vers l’Amérique en créant l’ALENA en 1994, devenue l’ACEUM en 2017 aussi qu’un projet ZLEA sous Clinton. Les Américains veulent, en réalité, renforcer leur puissance économique dans la perspective des guerres économiques. Enfin, Obama tente un rapprochement avec l’ennemi de la Guerre Froide, Cuba, en 2014 dans le cadre de sa nouvelle stratégie diplomatique, ainsi qu’avec l’Iran dans le cadre des Accords de Vienne en 2015. Cependant, Trump rompt le dialogue avec ces pays. On voit là que les États-Unis mènent une stratégie tous azimuts afin de tisser le plus de liens possibles.
Enfin, ils s’imposent comme les gendarmes du monde dans un monde post-Guerre Froide. Le rôle est clairement affirmé et affiché par Bush lors de son discours du 11 septembre 199O sur le nouvel ordre mondial. D’une part, parce qu’ils disposent d’un arsenal militaire considérable. En effet, comme le montre la carte, ils ont énormément de bases à l’étranger avec près d’1,4 millions de militaires à disposition. De plus, ils investissent bien plus que n’importe qui dans la défense (plus de 700Mds$ en 2021 soit près de 40% des dépenses mondiales). Pour finir, ils possèdent 11 porte-avions et 6 bases navales dans les océans, ce qui leur permet d’intervenir n’importe où très rapidement. Cela leur procure ce qu’Alfred Mahan appelait déjà en 1902 le « sea power ». Ils mènent donc de multiples opérations, d’abord sous la coupe de l’ONU (les Balkans 1994-1999) puis de manière plus unilatéraliste à partir du traumatisme de Somalie et surtout de l’attaque du World Trade Center et du Pentagone le 11 septembre 2001. On assiste, à partir de ce moment, à un basculement de la vision américaine, d’une volonté de pacifier le monde à une priorité de leurs intérêts. Cela fait dire à Madeleine Albright (administration Clinton) : « Multilatéralisme si nous pouvons, unilatéralisme si nous devons », phrase qui illustre bien le changement de priorités, ou l’hypocrisie de la période précédente…