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Les inégalités et la pauvreté en Amérique Latine face à la crise du coronavirus

Sommaire

Pour mieux déchiffrer certaines caractéristiques propres à l’Amérique Latine comme les nombreuses protestations ou encore le trafic de drogue, il est important d’analyser les inégalités du continent et de les comprendre.

 

Analyse des coefficients de Gini et de la situation pré-coronavirus

Afin de mesurer les inégalités, de revenus notamment, le coefficient de Gini semble être le meilleur indicateur. Il est mesuré grâce à une échelle allant de 0 (qui correspond à l’égalité parfaite mais qui ne peut être atteint) à 1 (qui correspond à l’inégalité extrême) et ces coefficients permettent de mettre en lumière l’importance des inégalités en Amérique Latine. Par exemple, en 2016, l’Argentine avait un coefficient de Gini de 0,42 ; la Colombie de 0,5 et certains pays de l’isthme comme le Guatemala approchaient les 0,6.

L’Amérique Latine compte ainsi près de 52 millions de pauvres et 40 millions de sans-emplois. La pauvreté touche principalement les populations rurales et/ou les peuples indigènes souvent marginaux. La pauvreté peut également toucher davantage certaines zones géographiques : au Mexique par exemple, le nord du pays est bien plus riche que le sud grâce à la présence des maquiladoras.

Ces données montrent donc l’important manque de redistribution des richesses à l’échelle nationale par le biais de politiques fiscales quasi inexistantes. En effet, en dehors de la Colombie, de l’Argentine et de l’Uruguay, très peu de pays d’Amérique Latine taxent le patrimoine (et donc indirectement la richesse). De plus, certains pays comme l’Argentine font face au phénomène d’évasion fiscale. Les inégalités perdurent donc depuis la colonisation et se transmettent souvent de génération en génération.

Cependant, des améliorations ont été notées ces dernières années grâce à la mise en place de programmes sociaux dans de nombreux pays d’Amérique latine. Le but de ces mesures était principalement de rompre le cycle de la pauvreté grâce à une meilleure prise en charge (sanitaire, éducative…). En Bolivie par exemple, des aides ont été mises en place afin d’épauler les femmes seules ayant des enfants à charge.

 

L’impact de la crise sanitaire : une aggravation de la fracture sociale

En Amérique Latine, longtemps vu comme le continent le plus inégalitaire du monde, de nombreux individus fortunés ont continué de s’enrichir pendant la crise du coronavirus. Ces personnes forment les élites économiques du continent et sont généralement mal vues par le reste de la population. Mais à côté de cette richesse extrême, des millions de personnes sont tombées dans la pauvreté et certains ont également perdu leur emploi. La situation post-coronavirus représente une récession économique de presque 15 ans pour le continent qui avait pourtant connu des améliorations grâce aux programmes sociaux.

La crise sanitaire a également mis en évidence la faiblesse du système de santé qui ne peut garantir l’accès à tous, ainsi que l’inefficacité du système de protection sociale. En effet, dans la majorité des pays d’Amérique Latine, les populations ne bénéficient pas ou peu de couverture sociale. Face au coronavirus, les inégalités économiques se sont donc bien souvent transformées en inégalités sanitaires puisque seuls les plus riches ont eu accès à des soins de qualité. L’éducation à distance a également souligné les inégalités en équipements avec des zones rurales parfois sans accès à internet ou encore des inégalités économiques avec certaines familles ne pouvant pas s’équiper en nouvelles technologies par manque de moyens.

D’autre part, la situation actuelle semble se transformer en une crise économique et sociale en raison de l’élargissement de la fracture entre les riches et les pauvres, mais aussi en une crise politique. En 2019, c’est-à-dire un an avant la crise sanitaire, des manifestations sociales ont eu lieu dans de nombreux pays du continent. La méfiance à l’égard des gouvernements latino-américains s’accroît et près de trois habitants du continent sur quatre pensent que les gouvernements ne sont qu’au service des personnes les plus riches du pays. Prenons l’exemple du Chili où il y a eu des manifestations contre l’augmentation du prix du métro : elles se sont transformées en manifestations contre l’inégalité en général avec l’espoir que les élites seront plus solidaires et qu’elles s’impliqueront davantage, économiquement et socialement, dans la vie de leur pays. La population latino-américaine ne fait plus confiance à ses gouvernements, elle pense que les oligarques contrôlent le pouvoir.

 

Ce qu’il faut retenir

Depuis la fin de la colonisation, la réduction de la fracture sociale reste toujours un défi pour les gouvernements d’Amérique Latine. De plus, s’ils n’agissent pas, la situation pourrait s’aggraver considérablement avec les effets des crises (sanitaire, économique et sociale) actuelles.

 

Vocabulaire utile

Una lacra difícil de erradicar : un fléau difficile à éradiquer

Una asignatura pendiente : un travail inachevé

El impuesto sobre la renta : l’impôt sur le revenu

La brecha social : la fracture sociale

Un reto / un desafío : un défi

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Pauline Bon