Friedrich List est un philosophe, économiste et grand penseur libéral allemand du XIXe siècle. Il s’oppose frontalement aux penseurs classiques.
List écrit dans une Allemagne fragmentée en plusieurs États, ce qui représente un frein à son développement économique. Ce contexte historique, politique et économique est important pour comprendre les enjeux de la pensée de cet auteur.
List milite pour pour une unification économique, notamment à travers la création d’une union douanière.
Biographie de List
List est né à Reutlingen (Allemagne), il y a occupé des fonctions administratives et universitaires avant d’être exilé aux États-Unis en raison de ses positions politiques ( nationalistes et protectionnistes). Pendant son séjour, il a développé ses idées sur le protectionnisme économique.
Les informations clés sur List :
- Naissance : 6 août 1789, à Reutlingen, en Allemagne.
- Décès : 30 novembre 1846, à Kufstein, en Autriche. List s’est suicidé en raison de problèmes personnels et financiers.
- Formation : List a étudié le droit, l’économie et la politique. Il a également travaillé comme avocat et fonctionnaire.
- École historique allemande : List est considéré comme un précurseur de l’école historique allemande d’économie, qui a mis l’accent sur le contexte historique et culturel des théories économiques.
- Principaux ouvrages : Le Système national d’économie politique (1841) ; Le Commerce des États-Unis (1828)
L’apport de List à la pensée économique
Critique du libre-échange absolu
C’est sur ce terrain que List s’oppose frontalement à Adam Smith et à David Ricardo (au courant des économistes classiques, plus généralement).
Pour les économistes classiques, le commerce international est un échange gagnant-gagnant (tous les membres de l’échange en tirent un bénéfice). En effet, le commerce international, basé sur la division du travail et sur l’avantage comparatif (Ricardo), profite à tous les pays sans exception selon les économistes classiques.
Selon List, le commerce international profite avant tout aux nations déjà industrialisées et freine donc le développement des pays moins avancés. Ce que certains pays gagnent, d’autres le perdent.
Effectivement, il critique grandement la domination économique des nations industrialisées. Ces nations industrialisées prônent le libre-échange dès lors qu’elles sont déjà de grandes puissances industrielles, leur assurant ainsi presque inévitablement le monopole industriel et laissant ainsi les autres pays peu industrialisés sous leur dépendance.
Ici, List critique surtout la Grande-Bretagne qui n’a pas pratiqué le libre-échange lorsqu’elle était en phase d’industrialisation (elle a d’ailleurs bien plus mis en place des politiques protectionnistes)
Avant d’adhérer au libre-échange, List argue que les pays émergents et les entreprises naissantes doivent d’abord protéger leurs industries. C’est le principe du protectionnisme éducateur.
Le protectionnisme éducateur
List est contre l’idée que tout le monde est toujours favorable pour participer au commerce international. Les pays en développement devraient pratiquer le protectionnisme éducateur c’est-à-dire protéger leur secteur de pointe pour éviter les spécialisations asymétriques. C’est une politique où l’État doit protéger temporairement les industries nationales en imposant par exemple des tarifs douaniers sur les importations. Il faut laisser le temps aux entreprises naissantes de se développer et de faire baisser leur coût moyen à l’abri de la concurrence. Il s’appuie sur le fait que dans un premier temps le cout moyen est décroissant de la quantité produite.
C’est seulement lorsque les entreprises naissantes sont devenues compétitives que les pays peuvent s’ouvrir au commerce international et au libre-échange.
Il faut bien comprendre ici que pour List l’État est un acteur clé pour encourager la croissance économique nationale, notamment à travers ses politiques économiques stratégiques.
Il développe donc une vision à plus long terme, cherchant le développement économique de long terme. Il argue que le politique protectionnistes permettent aux pays en développement de préparer leurs industries à la compétition internationale et ainsi à renforcer leur compétitivité à long terme.
Zollverein (Union douanière allemande)
Selon List, le Zollverein est un instrument essentiel pour promouvoir le développement économique et surtout l’unité politique de l’Allemagne.
Tout d’abord, il expose un argument d’unification économique. En effet, List écrit dans une Allemagne divisée en petits états, chacun ayant ses lois, ses tarifs douaniers et sa propre monnaie. Pour List, cela reprenante un frein majeur à la croissance économique et au commerce. Le Zollverein serait alors la solution pour créer une Allemagne unifiée, par un marché intérieur. En finir avec les barrières au sein de l’Allemagne permettrait ainsi de faciliter les échanges de biens et services.
Outre l’argument économique, le Zollverein est également un moyen de renforcer les forces productives de l’Allemagne. Cette notion de force productive est importante pour comprendre la pensée de List. Les forces productives regroupent le capital humain, l’éducation, les infrastructures, les institutions… Cela représente donc la capacité à produire des nations, à se developper.
Une nouvelle fois, List s’oppose à la pensée libre-échangiste à travers cette notion. Cette dernière met l’accent sur les échanges de biens et sur la maximisation des gains immédiats. List, lui, insiste sur la notion de forces productives (c’est-à-dire la capacité d’une nation à produire des biens et services, à innover et éduquer). Il élargit donc la vision des économistes classiques. Avant de s’ouvrir au libre-échange, les pays doivent avant tout se concentrer sur l’amélioration de leurs infrastructures, sur leur éducation et sur leur capital humain.
Le Zollverein permettrait ainsi, de par son marché unifié, d’accroître la demande, d’encourager la production et d’investir dans des infrastructures ou dans l’éducation.
En bref, pour List le Zollverein est un moteur essentiel du développement économique pour l’Allemagne.
L’héritage de List
- Karl Marx a été sensiblement influencé par List bien qu’il ait critiqué de nombreux aspects du nationalisme économique. Les idées sur l’industrialisation et la dynamique des classes sociales ont influencé certaines de ses réflexions sur le capitalisme et le développement économique.
- J.M. Keynes est un autre grand penseur qui se situe dans les rouages de List. notamment concernant les idées de protectionnisme et d’intervention de l’État dans l’économie. Bien que Keynes ait développé une approche différente, certaines de ses réflexions sur le rôle de l’État dans l’économie rappellent les arguments de List.
- Bien que Weber ait des points de vue différents sur le nationalisme, ses travaux sur la bureaucratie et l’État moderne sont en partie influencés par les idées de List concernant le rôle de l’État dans le développement économique.
Ces quelques auteurs ont réagis, se sont inspirés des idées de List. Ils ont activement contribué à maintenir l’héritage de List dans la science économique moderne.
En résumé, List critique donc le libre-échange absolu. Il considère qu’il sert principalement les intérêts des pays déjà industrialisés et freine le développement des nations émergentes. Selon lui, un protectionnisme temporaire est nécessaire pour permettre à ces pays de développer leurs industries et leurs forces productives avant d’entrer dans un système de libre-échange. Il prône donc une approche plus nuancée du commerce international, adaptée aux différents stades de développement économique.
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