Cet article énonce quelques unes des lois et théorèmes incontournables du programme d’économie de Classe Préparatoire. Plusieurs thèmes sont abordés ici, de la théorie de l’équilibre générale aux règles budgétaires et monétaires.
La loi de Wagner, 1892
Egalement connue comme la loi d’extension croissance de l’activité publique, la loi de Wagner estime que la part des dépenses publiques dans le PIB augmente avec le niveau de vie. Cette loi a pu être vérifiée empiriquement à long terme (Cf. Peacock et Wiseman) . Cela dit, il existe des discontinuité qui tendent à la rendre inopérante à court et moyen terme. En effet certains chocs structurels (une guerre par exemple) peuvent fortement perturber la répartition des dépenses publiques. L’effet cliquet serait en partie responsable de cette hausse après les chocs.
La loi de Baumol, 1967
La loi de Baumol ou “maladie des coûts” énonce le constat suivant. Alors que le secteur secondaire connaît des gains de productivité plus élevés que le secteur tertiaire, la hausse globale des coûts de production entraîne une baisse tendancielle du taux de profit des firmes du tertiaire. En effet, malgré une absence de croissance, les firmes du tertiaire se voient contraintes par la tendance du secteur secondaire d’augmenter leurs salaires et coûts.
Le théorème de Coase, 1960
“En présence d’externalités, si les coûts de transaction sont nuls et si les droits de propriété sont définis et alloués, la libre négociation entre agents permet d’atteindre une allocation optimale des ressources”. Par ailleurs, l’affectation des ressources sera identique quelle que soit la répartition des droits de propriété. Ce théorème a pu donner lieu à une interprétation exagérément libérale, ce que Coase critique lui-même. En effet, n’oublions pas que c’est ce même économiste qui est à l’origine d’une théorie sur les coûts de transaction. Ainsi, dans les faits, ces coûts de transaction sont rarement nuls. Par ailleurs, la libre négociation entraîne certes une allocation optimale des ressources mais non nécessaire juste. Ce problème est d’autant plus important lorsqu’on cherche à répartir plus équitablement des externalités par exemple.
Le paradoxe d’Arrow, 1951
Pour un choix portant sur au moins 3 options, il n’existe aucune procédure de choix collectif qui respecte ces 5 conditions : universels, anonymes, neutres, monotones, et qui produit les mêmes résultats si un candidat perdant est éliminé et que l’élection a lieu à nouveau (indépendance d’alternatives non pertinentes). Notons que de nombreux systèmes de vote sont universels, anonymes, neutres et monotones ; peu obéissent au critère d’indépendance. Ce théorème pointe du doigt l’impossibilité pour un système de vote de satisfaire l’intégralité des participants dès que ceux-ci sont plus de deux. Un tel constat avait été pressenti par Condorcet et son fameux paradoxe (1785). Quoique moins pratique en économie, il demeure bien connu de la sociologie politique.
La règle de Ramsey, 1927
Cette règle est plutôt simple. Elle préconise de taxer les biens et services les moins élastiques afin de minimiser l’impact sur les pertes sèches. L’Etat doit ainsi taxer les actifs les moins mobiles, ceux dont la demande est peu sensible aux changements de prix. Ainsi, la TVA par exemple est conforme à cette règle puisque la consommation est difficilement délocalisable.
Le théorème Stolper-Samuelson, 1941
Le théorème dérive lui-même du modèle HOS (Heckscher-Ohlin-Samuelson). Ces économistes ont cherché à montrer en quoi la spécialisation dans des industries intensives en travail qualifié et en capital entraîne la hausse du salaire qualifié, et inversement. En effet, les facteurs travail les plus demandés voient logiquement leur part dans la valeur ajouté augmenter. Ce théorème permet d’expliquer en partie l’augmentation ou la réduction des inégalités économiques, notamment celles concernant le partage de la valeur ajoutée.
L’équivalence ricardienne, Barro, 1974
Barro montre l’inefficacité des politiques budgétaires en raison des anticipations adaptatives. En effet, en cas de hausse des prestations sociales par exemple, les agents économiques prévoient une hausse future des impôts. Ainsi, ils ajustent leur niveau d’épargne et de consommation de façon à neutraliser cette politique budgétaire.
Le principe d’invariance, Sargent et Wallace, 1976
Selon le même principe, Sargent et Wallace montrent que la politique monétaire ne peut pas être efficace à court terme. En effet, dès lors qu’elle est systématique et cohérente, celle-ci est anticipée par les agents économiques qui neutralisent ses effets. Il n’y a donc pas d’effet réel sur l’économie, seulement un effet sur les valeurs nominales.
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La règle d’or budgétaire
Il en existe plusieurs en réalité, la “vraie” étant celle conceptualisée par Paul Leroy-Beaulieu au XIXe siècle. Cette règle stipule que les dépenses publiques courantes ne doivent être financées que par l’impôt. L’emprunt est prohibé. Autrement dit, un Etat doit pouvoir un déficit public pourvu qu’il ne dépasse pas le montant total de ses investissements.
La théorie de la Zone Monétaire Optimale
Cette théorie énonce les principes qui doivent régir une zone monétaire optimale. Il s’agit d’une région géographique dans laquelle il serait possible d’établir une monnaie unique. Par conséquent, il convient de définir dans quelles conditions une union monétaire va pouvoir contourner les effets considérés comme négatifs d’un taux de change fixe, tout en bénéficiant des gains apportés par la politique monétaire commune.
Les règles formulées par l’Union Européenne au départ étaient les suivantes : le déficit public doit rester inférieur à 3% du PIB; les dépenses publiques doivent demeurer inférieures à 60% de celui-ci. Elles ont pu évoluer par la suite. Ainsi, le seuil du déficit public passa à 1% pour les pays peu endettés (Pacte de Stabilité et de Croissance, 1997). Le Traité sur la Stabilité et la Gouvernance (2003) ajouta de nouvelles règles budgétaires plus strictes : le solde budgétaire doit être à l’équilibre, le déficit structurel inférieur à 0,5% du PIB, ces règles doivent être inscrites dans les Constitutions.
La règle de Taylor
Cette règle relative à la politique monétaire stipule que le taux directeur doit être fixé en réaction à l’écart d’inflation et à l’écart de production soit :
It = r + pt + α (pt-p*) + b (yt – y*) où α et β sont fixés selon les objectifs de la banque centrale.
It désigne taux d’intérêt nominal qui résulte de la politique monétaire, r le taux d’intérêt réel. La différence pt – p* est la différence entre l’inflation observée (en période t) et le taux d’inflation visé par la Banque centrale. Autrement dit, c’est l’écart d’inflation. La différence yt-y* est la différence entre le taux de croissance observé (en période t) et le taux de croissance tendanciel de l’économie, soit l’écart de production. Cette “règle active” a servi à remplacer les règles passives comme le ciblage monétaire et le ciblage d’inflation.
Ainsi, la BCE par exemple, fait de la stabilité des prix sa priorité (α). Elle s’assure de la stabilité de la croissance (β) de manière secondaire, en cas de réalisation du premier objectif.