L’amour et la tragédie sont deux thèmes primordiaux de la mythologie. Écho et Narcisse en sont sûrement les meilleurs exemples. Tous deux appartiennent à la mythologie romaine et font face aux châtiments divins. Nous allons donc nous pencher sur leur relation ainsi que sur leurs histoires respectives. Nous pourrons alors étudier différentes analyses de ces mythes, ces derniers étant des récits fictifs et fondateurs aux origines sacrées.
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L’amour d’Écho pour Narcisse
Écho est une nymphe qui est tombée éperdument amoureuse de Narcisse, un chasseur. Il est d’une beauté inégalée et il rejette tous ses prétendants et prétendantes qui vivent dans la région de la Béotie (Grèce). Ne prêtant pas attention à eux, il prend le risque de s’attirer leurs représailles. L’une de ses prétendantes est Écho.
C’est dans Les Métamorphoses d’Ovide que cet amour est peint. Le monde entier est vu par le prisme des métamorphoses. Il décrit un monde changeant, en mouvement, où rien n’est jamais fixe.
Le mythe d’Écho
Écho est une nymphe réputée pour ses bavardages incessants. Elle parle si fort qu’elle attire l’attention de Zeus, qui voit en elle une potentielle diversion face à Héra. En effet, le dieu utilise la nymphe pour masquer ses ébats sexuels avec des mortelles. Avec sa voix, Écho empêche Héra de voir Zeus la tromper. La déesse ne peut se concentrer sur autre chose que sur ses paroles. Mais Héra finit par déceler la ruse de son mari et punit Écho avec ces mots : « Tu auras toujours le dernier mot, mais jamais tu ne parleras la première ».
Ainsi, Écho ne peut plus prendre la parole d’elle-même. Débuter une phrase lui étant impossible, elle ne peut s’adresser à personne à moins que l’on vienne à elle. Dans ce cas, elle ne fera que répéter le dernier mot de la phrase de son interlocuteur. Ayant perdu la maîtrise de la parole, la nymphe se renferme sur elle-même.
Écho croise pourtant la route de Narcisse dont elle tombe amoureuse. Elle l’approche mais ne peut lui parler. Et lorsque Narcisse lui adresse la parole, Écho répète le dernier mot de chacune de ses phrases. Le chasseur perd patience et abandonne la nymphe. Le sort jeté par Héra a fonctionné. Écho ne peut connaître l’amour et s’enfuit dans les bois en pleurant. Elle se réfugie dans une grotte dans laquelle elle se laisse mourir de chagrin et de solitude. Ses lamentations résonnent encore dans cette grotte : de sa mort naissent les échos.
Le mythe de Narcisse
De par sa grande beauté, Narcisse a tous les hommes et femmes à ses pieds. Mais ce chasseur est, avant d’être beau, un grand solitaire. Refusant constamment leurs avances, il s’attire la colère de certains car il est imbu de lui-même.
Quant à la malédiction de Narcisse, il en existe plusieurs versions. Mais il est courant de dire que c’est Némésis (déesse de la vengeance) qui, entendant les plaintes des différents prétendants, décide de punir Narcisse pour avoir été insensible à leurs amours pour lui.
Le châtiment est que le jeune homme va vivre un amour impossible. Assoiffé, Narcisse se penche vers un étang pour s’abreuver. Mais la malédiction prend aussitôt forme. Le chasseur aperçoit son reflet, dont il tombe amoureux. Ce reflet s’enfuit à chaque fois qu’il essaye de l’approcher, en touchant l’eau. Dévoré par cet amour, Narcisse se laisse sombrer dans la folie et meurt au bord de l’eau. À l’emplacement de son corps pousse une belle fleur dorée, le narcisse.
Dans certaines versions, il est dit que la malédiction de Narcisse ne s’arrête pas à l’étang. Aux Enfers, le jeune homme admire encore son reflet dans les eaux sombres et troubles du Styx.
Analyses des mythes
Écho et Narcisse connaissent tous les deux un destin tragique provoqué par une déesse. Les deux meurent ne pouvant posséder ce qu’ils désirent tant. Ces amours impossibles sont caractérisés par l’idée de boucle, de répétition, que l’on retrouve souvent dans le tragique. Leurs destins sont donc inévitables, tragiques. Dans le cas d’Écho, elle ne fait que répéter ce qu’on lui dit. C’est une répétition sonore. Dans le cas de Narcisse, le reflet est une forme de répétition visuelle.
Dans le mythe d’Écho, une impossibilité de dialogue est lancée par Héra. Pourtant, entre Écho et Narcisse, une transmission est tout de même établie. Le rejet a tout de même lieu. Concernant Écho, nous pouvons dire qu’elle est punie pour ses excès de bavardages, prenant trop la parole. Son châtiment est un comble. Écho est caractérisée par ses paroles. Après sa mort, il « ne lui reste que sa voix et ses os ».
Dans le mythe de Narcisse, le narcissisme est une source d’analyse majeure. Il est possible de comprendre que cette trop grande estime de soi est une perte de l’individu. La personne n’est tournée que sur elle-même, ce qui mène à sa perte. C’est d’abord en psychologie et psychanalyse que le terme est employé. Avec Freud, il désigne une perversion qui consiste à percevoir son propre corps comme un objet sexuel. Le narcissisme serait donc déviant.
Finalement, nous retrouvons l’idée de monde changeant d’Ovide. Dans Les Métamorphoses, Écho et Narcisse sont des personnages qui se métamorphosent, respectivement en écho et en narcisse.
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