Le 26 septembre 2021, la coalition tricolore allemande (SPD, FDP et les Verts) fraîchement élue publiait son “Koalitionsvertrag” (contrat de coalition). Ce dernier pointait du doigt la pénurie de main-d’œuvre qualifiée comme pouvant constituer l’un des principaux obstacles à la croissance économique, ainsi qu’à la pérennité de bon nombre de secteurs allemands.
Comment expliquer ce manque de main-d’œuvre ? La situation, a-t-elle évolué depuis l’arrivée d’Olaf Scholz à la chancellerie ?
Manque de main-d’œuvre qualifiée : les causes
Tout d’abord, nous pouvons commencer par évoquer le problème démographique allemand. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne connaît une augmentation croissante de son taux de natalité, c’est le début du “baby-boom allemand” (1952-1969). C’est cette génération qui atteindra l’âge de la retraite lors de la prochaine décennie. Or, le taux de natalité a baissé depuis les années 1990, ce qui entraîne un vieillissement accru de la population et met donc en difficulté le marché de l’emploi allemand.
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La pandémie de la COVID-19 a aussi eu un impact important sur le marché du travail. En effet, cette dernière a entraîné de nombreux licenciements et mis un coup d’arrêt à l’embauche dans des secteurs comme l’aéronautique ou les services (restauration, hôtellerie…).
Comment se caractérise cette pénurie aujourd’hui ?
De nombreux secteurs clés de l’économie allemande sont touchés par ce manque de main d’œuvre. On peut, par exemple, citer des domaines comme ceux de la santé, de l’éducation, de la recherche scientifique ou encore de l’automobile.
La Chambre des commerces et de l’industrie estime que 2 millions de postes sont vacants à travers le pays. Et que d’ici à 2035, ce sont plus de 7 millions de personnes qui partiront à la retraite (l’âge de la retraite étant de 66 ans actuellement et pourrait être repoussé à 67 ans d’ici à 2031). De même, l’Office fédéral de la Statistique affirme que, d’ici à 2035, ce sont 20 millions d’Allemands qui auront plus de 67 ans, une augmentation de 20 % par rapport à aujourd’hui.
Parmi les différents types d’entreprises touchés par cette pénurie, la plus problématique des situations reste celle des Mittelstand. Les Mittelstand sont comparables aux PME (petites et moyennes entreprises), ce sont le plus souvent des entreprises familiales. Ces dernières, fortement impactées par ce manque de travailleurs, sont à la base de l’économie allemande et représentent une large partie du PIB du pays.
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Quelles pourraient-être les conséquences de cette pénurie sur le long terme ?
Le secteur de la santé semble être l’un des plus préoccupants sur le long terme. En effet, si le nombre de personnels qualifiés décroît dans les années à venir et que le nombre de personnes âgées continue d’augmenter, il sera difficile de contenter les demandes de soins des personnes âgées.
Cette pénurie de travailleurs hautement qualifiés pourrait aussi entraîner un recul de l’innovation et de la compétitivité industrielle allemande. Le pays qui souhaite être climatiquement neutre d’ici à 2045 a besoin d’ingénieurs hautement qualifiés pour répondre aux défis énergétiques.
C’est aussi le spectre de la délocalisation qui pourrait s’accentuer en Allemagne. Le rayonnement allemand pourrait être lourdement impacté si de grandes entreprises par manque de main-d’œuvre qualifiée étaient amenées à quitter le pays.
Quels leviers pour faire face aux besoins de main-d’œuvre ?
L’immigration représente une des solutions que cherche à mettre en place Olaf Scholz pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre. Le gouvernement prend un certain nombre d’initiatives à l’étranger pour attirer les travailleurs immigrés. « We need you », tels étaient les mots d’Hubertus Heil, ministre du Travail et des Affaires sociales, lors d’une rencontre avec la jeunesse indienne en 2023.
Depuis juin 2024, les travailleurs étrangers peuvent également chercher un emploi en Allemagne grâce à une « carte des opportunités« . Cette dernière fonctionne avec un système de points basés sur les qualifications, l’expérience professionnelle, des critères personnels (âge, genre…) et le rapport à l’Allemagne.
Les incitations au travail sont aussi une autre piste explorée par le gouvernement. Les retraités qui décident de continuer à travailler pourraient dans le futur bénéficier d’avantages fiscaux. Ainsi, le nombre de retraités qui ont un travail classique, qui a augmenté de 40 % en cinq ans, pourrait continuer d’augmenter.
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Conclusion
Pour conclure, l’Allemagne se doit de faire face à cette pénurie de main-d’œuvre. Les défis s’entremêlent pour celui qu’on appelle déjà “l’homme malade de l’Europe”. En effet, sur fond de montée de l’extrême droite, de nombreux étrangers victimes de discrimination et de racisme décident de plus en plus de fuir un pays qui a pourtant besoin d’eux.
Fiche de vocabulaire
la pénurie de main-d’œuvre qualifiée: der Fachkräftemangel
le secteur économique: der Wirtschaftssektor
le monde du travail: die Arbeitswelt
la démographie: die Demografie
le taux de natalité: die Geburtenrate
recruter (engager): anwerben
travailler: arbeiten
l’étranger, l’étrangère: der Ausländer, die Ausländerin
le permis de travail: die Arbeitserlaubnis
les personnes âgées: die Senioren
la retraite: der Ruhestand
partir à la retraite: in den Ruhestand gehen
le poste vacant: die vakante Stelle
la croissance économique: das Wirtschaftswachstum
la mesure (la décision): die Maßnahm
