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Philosophie : ces références qui questionnent l’art

Sommaire

La khôlle de philosophie est un exercice qui consiste à analyser, justifier, nuancer et dépasser un sujet donné. Il n’y a pas de programme aux oraux de l’ENS Ulm, ce qui nécessite de baliser une grande variété de sujets. En prépa, le thème d’une série de khôlles est souvent annoncé à l’avance. Tu as une khôlle de philo demain sur l’art et tu as besoin de références express ? Nous sommes là pour t’aider !

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L’art et la technique, quelle différence ?

Art et technique ont la même étymologie ; ars en latin et technê en grec désignent toute activité de production humaine qui s’oppose au naturel. Aujourd’hui, la distinction est claire entre :

  • L’artiste, qui a une finalité unique issue du génie.
  • L’artisan, qui renvoie à la production, la technique ou la répétition d’un modèle grâce à un savoir- faire.

 

Qu’est-ce que l’art ?

Aristote, La Poétique, 335 av JC 

Il définit l’art comme une belle imitation de la nature. L’art est un phénomène naturel : l’homme a toujours aimé imiter et c’est notamment en cela qu’il surpasse les animaux. Ce processus lui donne ses premières connaissances, tout en étant source de plaisir. Aristote donne l’exemple du cadavre qui nous répugne dans le réel, mais que nous prenons plaisir à voir quand il est représenté dans le tableau d’une scène de guerre.

Les deux critères essentiels de la beauté pour Aristote sont l’étendue (les dimensions d’un dessin, la longueur d’une fable) et l’ordre (la vraisemblance, l’unité d’action d’un récit etc).

 

Friedrich Hegel, L’Esthétique, 1835

Il définit l’art comme la traduction d’une idée spirituelle dans la matière. Ainsi, l’art n’est donc pas selon lui une imitation de la nature, mais il rend sensible une idée et il permet par-là à l’homme de prendre conscience de lui-même.

 

Les goûts et les couleurs : d’où vient la beauté ?

Kant, Critique de la faculté de juger, 1790 

Le philosophe évoque la difficulté à s’accorder sur la beauté d’une œuvre. Il distingue ainsi le beau de l’agréable. Le jugement du beau est universel, il est la condition d’une œuvre d’art. L’agréable concerne le jugement d’un individu particulier en fonction de ses goûts. Si la Joconde est belle, le vin, lui, est agréable.

Pour Kant, les règles de beauté viennent de la nature, par le biais du talent des génies. Leur œuvre doit être unique, exemplaire et inexplicable.

 

Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain, 1978 

Il révoque l’idée de génie et apparente davantage l’art à la technique. Le mythe du génie serait une illusion et l’œuvre naitrait d’un travail acharné, qu’il compare même à « l’activité de l’inventeur en mécanique ».

 

Une déperdition de l’art ?

Hannah Arendt, La Crise de la culture, 1961 

La philosophe dénonce une culture de masse qui transformerait l’art en un objet de consommation. Arendt souligne la finalité proprement artistique des œuvres : celles-ci n’ont pas de fonction, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas consommées comme d’autres biens de consommation, mais elles sont indépendantes des nécessités de la vie humaine et seulement vouées à subsister de génération en génération.

 

Walter Benjamin ; L’œuvre d’art à l’heure de sa reproductibilité technique, 1936

Il dénonce la déperdition de l’œuvre à mesure qu’elle est reproduite. La lithographie, la sérigraphie, la photographie et la reproduction d’œuvre d’art viendraient altérer l’essence de l’objet reproduit. Pour Walter Benjamin, l’œuvre d’art est un objet unique situé en un temps et un lieu précis, il est caractérisé par son authenticité, d’où sa ruine en cas de reproduction, qui détache l’œuvre du temps, du lieu et de la tradition.

C’est ainsi qu’il distingue la valeur cultuelle de l’art (qui renvoie à son essence et au génie de l’artiste), de la valeur d’exposition (qui constitue la portée de la visibilité d’une œuvre).

Par exemple, la valeur cultuelle d’une statue de divinité est liée à son emplacement au sein d’un sanctuaire, à l’abri des regards et seulement accessible au prêtre. Si elle est exposée dans un musée, photographiée ou reproduite, l’objet artistique s’éloigne du rituel, la valeur cultuelle est entachée au profit d’une plus grande valeur d’exposition.

Si le développement de la photographie et des nouveaux moyens de reproduction semble rendre l’art plus accessible, selon l’idée de Walter Benjamin, ces images viennent plutôt altérer l’essence de l’objet.

 

Bonne ou mauvaise influence ?

Platon, La République, livre III 

Le philosophe considère l’art comme dangereux pour la cité, et préconise même d’en chasser les poètes. L’art détourne de la raison au profit des passions, donne de mauvais modèles et est source d’illusion. Si l’art doit exister, il expose des règles pour qu’il influence positivement la cité. Platon condamne surtout l’imitation, qui détourne du monde des idées.

Il distingue par exemple :

  • L’idée de lit, son essence éternelle, qui figure dans le monde des Idées
  • Le lit objet, fabriqué par l’ouvrier 
  • Le lit image, imité par le peintre

Si cette liste est non exhaustive, et qu’il est recommandé de lire les passages concernés, elle vous permet d’envisager un sujet de philosophie avec quelques outils essentiels !

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Guillemette Artigouha