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Les pièces de théâtre à voir cette année sur la violence

Sommaire

La rentrée est déjà entamée depuis quelques semaines avec les premières colles, les premiers contrôles et les premiers moments de stress liés au concours. Dans cet article, nous te proposons un guide des pièces de théâtre jouées cette année à Paris sur le thème de la violence : quoi de mieux pour travailler tout en se reposant un peu ! Cet article intéressera donc avant tout les préparationnaires parisiens mais certaines pièces seront jouées dans d’autres théâtres de province, donc n’hésite pas à les attendre dans le théâtre le plus proche de ton lycée !

Le thème au programme cette année de l’épreuve de culture générale pour les classes préparatoires commerciales est “la violence”. Cette notion est intéressante dans la mesure où elle peut recouvrir des actes, des situations plurielles, et avoir un impact sur l’individu. Un des axes intéressants pour aborder la violence est sa représentation, et notamment la possibilité même de sa représentation. Les différentes pièces qui seront jouées cette année à Paris sur le thème de la violence permettent d’avoir une multitude de regards sur cette dernière et te permettront de briller au moment des écrits, afin de faire droit à ton attention à l’actualité artistique mais aussi pour l’utilisation de références que les autres n’auront pas ! 

Guerre – Théâtre Porte Saint Martin (du 12 septembre au 21 octobre 2023)

Après la publication récente de Guerre chez Gallimard, l’adaptation de cette pièce est un immanquable pour la question de la violence que subissent les Hommes durant la Guerre, et la manière dont elle s’incarne dans l’écriture.

Guerre est l’adaptation théâtrale sous forme de monologue de l’incroyable roman inédit de Louis-Ferdinand Céline. Entre récit autobiographique et œuvre d’imagination, l’auteur du célèbre Voyage au bout de la nuit dénonce l’absurdité et l’atrocité de la guerre.

À travers la convalescence du jeune Ferdinand Destouches, il nous livre son expérience traumatisante de soldat, sa vie à tout jamais bouleversée et sa rage de vivre dans le chaos du monde. Puissant, violent, dérangeant, le récit se fait aussi émouvant, burlesque et poétique. Tout le génie littéraire de Céline y est présent dans une écriture argotique, outrancière et jubilatoire d’une immense beauté. Céline nous parle aussi bien de mort, de sexe, de trahison que de la folie des hommes et de la monstruosité de nos sociétés.

Immense succès en librairie, ce véritable chef d’œuvre est porté à la scène pour la première fois par Benoît Lavigne et incarné avec virtuosité par Benjamin Voisin.

Ce spectacle nous frappe par sa résonance actuelle et son extraordinaire modernité.

L’opéra de quat’sous – Comédie Française (du 23 septembre au 5 novembre 2023)

 

Grand classique de l’oeuvre de Bertolt Brecht, cette comédie musicale nous plonge au coeur d’une guerre des gangs dans le quartier de Soho mais apporte également un questionnement sur la violence sociale au sein de la société, Bertolt Brecht nous interrogeant même : ainsi : « Qui est le plus nuisible ? Celui qui braque les banques ou celui qui les crée ? »

Écrite et composée par Bertolt Brecht et Kurt Weill en 1928 comme une revue grinçante, destinée à être interprétée par des comédiennes et des comédiens, elle connaît dès sa création un immense succès. Au cœur des bas-fonds londoniens, où les personnages appartiennent tous, peu ou prou, au monde du crime, le bandit Macheath s’échine à dissimuler ses conquêtes amoureuses aux nombreuses femmes qu’il courtise. Dans cette parodie d’opéra où les chansons sont le moteur de l’action, les personnages singent le mode de vie bourgeois du public pour mieux dénoncer la période de confusion morale qu’il traverse, et qui n’est pas sans rappeler la nôtre.
Cette nouvelle production est aussi celle des premières fois. Première collaboration entre la Comédie-Française et le Festival d’Aix-en-Provence, où le spectacle sera créé le 4 juillet avant d’être présenté Salle Richelieu. Première mise en scène de Thomas Ostermeier pour l’opéra avec cette pièce musicale mythique qui lui permet de retrouver la Troupe pour une troisième création. Nouvelle traduction française – la dernière datant d’un demi-siècle – commandée pour l’occasion à Alexandre Pateau. Enfin, une chanson inédite, initialement prévue pour la version française mais jamais créée, sera à découvrir sous la baguette de Maxime Pascal qui renoue ici avec la tradition d’origine de l’œuvre d’un orchestre composé de multi-instrumentistes. « Pour façonner l’environnement esthétique, dit Thomas Ostermeier, nous avons lorgné du côté de ce qui se faisait de plus intéressant et de plus novateur à partir des années 1917-1918 sur les scènes de théâtre russes, avec Meyerhold ou Maïakovski, le constructivisme, les créations de Lissitzky », une esthétique du collage résonnant avec cette œuvre polymorphe.

L’esthétique de la résistance – MC93 (du 9 au 12 novembre 2023)

 

Une pièce intéressante sur les luttes contre la violence politique au sein de la société, qu’on pourra voir en parallèle de la pièce Edelweiss joué au théâtre de l’Odéon également d’après le roman de Peter Weiss.

Le roman de Peter Weiss, œuvre littéraire majeure du XXe siècle, suit le parcours initiatique de 1937 à 1945, d’un jeune ouvrier allemand et communiste, qui rejoint la résistance antinazie. Depuis Berlin jusqu’à son exil à Stockholm, en passant par les Brigades internationales en Espagne puis par Paris, son combat se mêle à l’apprentissage d’un regard critique sur les grandes œuvres d’art représentant différentes luttes de l’Histoire de l’humanité.

Avec le Groupe 47 de l’École du Théâtre National de Strasbourg et des interprètes de sa compagnie, Sylvain Creuzevault confronte deux générations au défi de faire du théâtre le levier d’une conscience politique commune. L’art peut-il être un outil de résistance politique face aux forces du pire ?

Extinction – Théâtre de la ville (du 29 novembre au 6 décembre 2023)

Plongée dans  la suite de « l’apocalypse joyeuse » qu’est Vienne au tournant de 1900 : une société au sommet de son âge d’or mais qui contient en elle tous les germes qui déboucheront sur la violence et la guerre. 

Vienne, année zéro. La vieille Europe tremble, ses fondements vacillent. Arthur Schnitzler croise la route de Freud. Plus tard, après la Seconde Guerre, après la Shoah, l’Europe tente de se redresser. Le héros sans nom du dernier roman de Thomas Bernhard Extinction, finira par quitter Vienne pour s’installer à Rome. Thomas Bernhard n’a pas de mots assez durs pour ses pairs. Extinction donne son titre au nouveau spectacle de Julien Gosselin. Parler des temps présents, se libérer du poids du passé, ne plus regarder dans le rétroviseur, aller de l’avant, même si on ne sait pas où l’on va. Tous les chemins ne mènent plus à Rome. La catastrophe est imminente. Mais le salut ne peut venir que d’une seule colère…

Andromaque – Odéon (du 16 novembre au 22 décembre 2023)

Classique de la littérature française, cette tragédie est un parfait exemple de la mise en scène de nos passions violentes et  de leur représentation, en beauté et horreur, sur les planches du théâtre.

Après Britannicus à la Comédie-Française en 2016, et Iphigénie aux Ateliers Berthier en 2020, c’est la troisième fois que Stéphane Braunschweig met en scène Racine. À nouveau, il s’intéresse à la façon dont ses tragédies installent les crises passionnelles au bord de bascules historiques : dans Britannicus, l’avènement de la tyrannie de Néron, dans Iphigénie, le déclenchement de la guerre de Troie ; et dans Andromaque, non la paix après la victoire des Grecs sur les Troyens, mais une après-guerre instable, qui semble pouvoir retourner au chaos à tout moment. Depuis sa création triomphale en 1667, cette pièce d’un jeune auteur de vingt-huit ans est célèbre par la chaîne d’amours impossibles, non réciproques, qui est son intrigue. Mais cette impasse dévorante, se demande Stéphane Braunschweig, n’est-elle pas liée aussi à ce que sont tous ces personnages, qu’ils soient vainqueurs ou vaincus : des survivants, déjà dévastés par l’horreur qu’ils ont traversée ? Il voit Andromaque comme une pièce post-traumatique, dont les héros marchent dans le sang, sur une crête, entre résilience et retour d’une violence sans frein : Pyrrhus, fils d’Achille, rêve d’une guerre totale contre son propre camp, pour obtenir Andromaque ; Oreste, ambassadeur, a pour mandat l’assassinat d’un enfant, héritier du trône de Troie ; Hermione, fille d’Hélène, ne recule pas devant le meurtre. Après Comme tu me veux de Pirandello, pièce hantée par la Grande Guerre, Stéphane Braunschweig met à nouveau en scène des identités saccagées par l’histoire.

Lucrèce Borgia – Comédie Française (du 17 janvier au 1er avril 2024)

 

Pièce maîtresse du théâtre hugolien, œuvre « la plus puissante » de l’auteur pour George Sand, Lucrèce Borgia entre au répertoire de la Comédie-Française en 1918.

« Et maintenant mêlez à toute cette difformité morale un sentiment pur, […] le sentiment maternel ; dans votre monstre, mettez une mère ; et le monstre fera pleurer », peut-on lire dans la préface. La mise en scène d’Antoine Vitez, en 1985 à Avignon, a nourri le désir de Denis Podalydès de suivre Victor Hugo dans son lyrisme pour « mieux descendre dans ce gouffre d’ombre qu’est Lucrèce Borgia, tragédie ambivalente et subversive, sorte de monstre de beauté comme d’inconvenance », pour restituer la violence poétique du drame incestueux. La pièce réclame une ampleur du geste, du sentiment, un jeu qui accepte le ridicule et l’exagération, et marie sans retenue le grotesque et le sublime.
« Hugo dans chaque scène s’emploie à tendre cet arc, à accentuer les contrastes. Cette loi fondamentale du drame, c’est bien dans Shakespeare que Hugo l’a prise. » La scène d’exposition s’ouvre sur une gondole où un groupe d’hommes débraillés, masques grotesques sur le visage, conte l’histoire de l’ignoble famille Borgia, rappelant comment les deux frères César et Jean se sont entretués pour l’amour de leur sœur Lucrèce. Mais Hugo déforme ici la réalité historique pour mieux l’adapter à sa vision dramatique en entachant Lucrèce de fratricide,muée en monstre pétri d’amour maternel : « Le travestissement, le masque viennent à la fois de la pièce et du désir de faire de Lucrèce moins une héroïne dramatique qu’une allégorie du paria » ajoute Denis Podalydès.

Médée – Opéra de Paris (du 10 avril au 11 mai 2024)

 

Un détour par l’Opéra peut s’avérer enrichissant dans la mesure où l’étude de la musique qui accompagne le livret peut faire droit à une multitude de réflexions sur la manière dont la violence se transmet par les instruments. La mise en scène en scène, qui inscrit la pièce durant la seconde guerre mondiale, permettra également de souligner les parallèles entre violence propre au personnage et violence d’une société. 

C’est peut-être le personnage le plus insondable de la mythologie : Médée, la magicienne, trahie par son époux Jason, se venge en offrant à l’amante de celui-ci une robe empoisonnée puis en tuant ses propres enfants. Un tel destin, maintes fois repris dans les arts, ne pouvait que s’incarner à l’Opéra. En 1693, Marc-Antoine Charpentier crée à l’Académie royale de Musique – ancêtre de l’Opéra national de Paris – son unique tragédie lyrique, sur un livret de Thomas Corneille, en présence de Louis XIV. Trois siècles après sa création, cette partition baroque d’une grande richesse orchestrale revient pour la première fois sur la scène de l’Opéra national de Paris, portée par la direction musicale de William Christie. Réputé pour ses lectures d’une grande lisibilité, le metteur en scène David McVicar transpose l’action pendant la Deuxième Guerre mondiale, renforçant ainsi le caractère tragique de l’héroïne.

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Corentin Viault