Dans cet article, nous allons comprendre ensemble quels sont les liens entre le colonialisme et le capitalisme. C’est un super entrainement pour l’été tant pour l’oral que pour l’écrit.
I/ Le colonialisme comme conséquence de l’expansion du capitalisme
Lien : L’économie du partage, une alternative au capitalisme ?
A/ Un lien très ancien
Chez les mercantilistes, la dépendance des colonies doit être absolue et exclusive (les actes de navigation en 1651 imposent le régime de l’exclusivité́ des transports de marchandises britanniques avec les colonies. Les trois raisons qui inspirent cette politique : empêcher la concurrence des produits coloniaux, écarter toute intervention d’un tiers entre colonie et métropole et enfin contraindre la colonie à ne commercer qu’avec la métropole.
On observe ainsi un capitalisme qui cherche une croissance extensive donnant naissance à une économie de plantations. D’ailleurs, Napoléon rétablira l’esclavage pour protéger l’approvisionnement en sucre, ce qui correspond davantage à des économies précapitalistes. Dans « Mythes et paradoxes de l’histoire économique », Paul Bairoch insiste sur 3 aspects : l’empire britannique était de dimension réduite au moment de la Révolution industrielle, l’empire britannique est en cours d’expansion lors de la conquête de l’Inde en 1780 ; Les échanges entre métropole et colonies sont au moment de la Révolution industrielle surtout intensifs pour le Portugal et l’Espagne qui sont alors les plus grands empires coloniaux.
Lien : Les grandes crises économiques du capitalisme depuis la révolution industrielle
B/ Le colonialisme se développe surtout pendant la phase B Kondratieff
Entre 1870 et 1914 la colonisation s’accélère de manière drastique. On voit apparaitre de nouvelle puissance coloniale : la Belgique, l’Italie, Allemagne, Japon. C’est au début de la troisième république que la France entend son influence vers l’Afrique occidentale et équatoriale, et achève la conquête de la péninsule indochinoise. La conférence de Berlin (1884-1885) entérinera le partage du continent africain par les puissances européennes. « La politique coloniale est fille de la politique industrielle » selon Jules Ferry. Cette accélération intervient à la fin de la phase A, puis en phase B du second cycle long confirmant ainsi la seconde loi empirique de Kondratieff : c’est à la fin de la phase A que se produisent le plus grand nombre de bouleversements sociaux (révolutions – guerre). Les raisons se situent dans des conditions économiques particulières en raison de l’extension mondial au capitalisme et donc de l’exacerbation de la concurrence qui alimente les tensions et provoque les conflits. La volonté́ de conquérir de nouveaux débouchés, celle de conquérir ou de protéger l’approvisionnement en matière première sont les raisons économiques qui apparaissent comme primordiales.
Lien : ESH ESSEC / HEC 2023 – Analyse du sujet
C/ L’impérialisme : stade suprême du capitalisme
Pour Lénine (1916), le capitalisme serait arrivé́ à un niveau de développement caractérisé́ par la domination des monopoles sur l’économie mondiale, la domination du capital financier et l’achèvement du partage du monde. Le colonialisme est le moyen pour repousser l’échéance de la crise finale du capitalisme. L’exploitation du prolétariat indigène compense les effets de la baisse tendancielle du taux de profit.
II/ Le colonialisme : un handicap pour le capitalisme
Lien : Rachat d’actions : quand le capitalisme tourne en rond
A/ Les apparences : l’importance des empires
Selon Jacques Marseille – empire colonial et capitalisme français – , l’empire semble essentiel dans le commerce extérieur: premier partenaire commercial en 1929, il représente encore 37% des exportations en 1958. La France importe des matières premières agricoles et minières (arachide, vin, phosphates, café) et exporte des produits manufacturés (automobiles, ciment, coton). L’empire est aussi le champ privilégié des IDE : en 1939 entre 40 et 50% des avoirs extérieurs y sont concentrés.
B/ La réalité́ : l’empire est plutôt un boulet pour le capitalisme européen
Derrière les statistiques se cachent l’intérêt des produits échangés : les importations n’étaient pas constitués de produits rares, dont le prix n’étaient pas inférieurs au cours mondiaux. En revanche, l’empire sert de refuge aux productions dont la valeur relative diminue surtout au 20ème siècle. La conception du colonialisme est contradictoire avec les secteurs qui trouveront leur expansion dans la consommation de masse. En 1954, Pierre Mendès France déclarait « qu’entre l’Indochine et redressement de la France il fallait choisir. »
C/Colonialisme et sous-développement
Selon Jacques Marseille : « la décolonisation c’est l’histoire d’un divorce, avec un divorcé joyeux : la métropole et un divorcé malheureux : les colonies. »
Plus radicalement, les tiers mondistes ont conclu que la colonisation est à l’origine des blocages du développement jusqu’aujourd’hui et que la relation de domination perdure au-delà même de l’indépendance. En effet, la colonisation aurait déstructuré les économies et déchiré le tissu social, particulièrement en Afrique. Par ailleurs, elle s’est accompagnée d’une acculturation forcée. La colonisation aurait installé une forme particulière de capitalisme dans ces pays. Toutefois, on évoque souvent pour s’opposer à cela que certains pays non colonisés sont très pauvres (l’Ethiopie) alors que d’autres (les pays asiatiques) ont connu un développement rapide.