Cela fait peu de temps que les femmes sont mises à l’honneur au Panthéon. Elles ne sont que 6 pour le moment, mais c’est déjà 5 de plus qu’avant l’arrivée de Marie Curie en 1995. Avant elle, seule Sophie Berthelot y avait sa place, et c’était uniquement par ce que la famille de son époux acceptait qu’il soit au Panthéon seulement si Sophie était enterrée avec lui.
Depuis l’élection de François Hollande en 2012, puis celle d’Emmanuel Macron en 2016, les choses semblent bouger et l’écart entre les hommes et les femmes au Panthéon diminue doucement.
Joséphine Baker
Sixième femme et première femme noire à rejoindre le Panthéon, Joséphine Baker est une chanteuse, danseuse, actrice, meneuse de revue et résistante française d’origine américaine. Issue d’une famille très pauvre, elle a fui le domicile familial en intégrant une troupe de vaudevilles. Elle est par la suite devenue la star de la Revue nègre, un spectacle qui a popularisé le jazz et la culture noire américaine en France.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, elle s’est engagée dans la résistance. Elle a utilisé sa popularité pour s’élever contre le racisme et pour aider à l’émancipation des noirs. Joséphine Baker a reçu la Médaille de la résistance française en 1946 et entre au Panthéon le 30 novembre 2021, 46 ans après sa mort.
Simone Veil
Figure de la lutte contre la discrimination des femmes en France, Simone Veil a rejoint le Panthéon, aux côtés de son époux, le 1er juillet 2018, un an après sa mort. Née dans une famille juive, elle est déportée à Auschwitz durant la Shoah, où elle perd son père, sa mère et son frère.
Après des études de droit et de science politique, elle devient haute fonctionnaire. Elle est par la suite nommée ministre de la Santé sous le gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing. Elle s’est alors battue pour faire adopter la loi qui dépénalise l’IVG, aujourd’hui connu sous le nom de “loi Veil”. Cette promotrice de la construction européenne a également été la première présidente du Parlement européen, de 1979 à 1982.
Geneviève de Gaulle-Anthonioz
“Moi, une héroïne ? Sûrement pas. Les héros et les héroïnes sont des gens d’exception, j’appartiens à ce qu’on peut appeler les braves gens, je suis une brave femme, pas beaucoup plus”
Nièce du Général de Gaulle, Geneviève de Gaulle-Anthonioz est la première femme à avoir reçu la Grand-croix de la Légion d’honneur. Arrêtée par la Gestapo, elle est déportée en février 1944 et détenue 1 an au camp de Revensbrück. Cette résistante française a ensuite milité pour les droits de l’homme et a lutté contre la pauvreté.
Une fois rentrée des camps, elle travaille un an au ministère de la Culture auprès d’André Malraux. En 1958, elle intègre l’association “Aide à la détresse”, qui deviendra ATD Quart-Monde dont elle prendra la tête en 1964. Il a fallu 50 ans à Geneviève avant de relater son expérience personnelle, par pudeur et pour préserver ses proches. Dans la Traversée de la nuit, elle évoque ses jours passés enfermés dans le bunker du camp, décrivant les conditions inhumaines, mais aussi les gestes de solidarité de ses compagnons.
Germaine Tillion
Cette résistante et ethnologue française est entrée au Panthéon en 2015 en même temps que Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay et Pierre Brossolette. En 199,9 elle est la deuxième Française à devenir Grand-Croix de la légion d’honneur. Germaine Tillion a été une combattante inlassable des droits de l’homme, en raison de sa participation à la résistance ; elle a été arrêtée par la Gestapo, mais a survécu aux camps de concentration.
Elle aura été l’une des femmes les plus décorées de l’histoire de France, et le jour de ces 100 ans elle a même reçu une lettre de la part du président Nicolas Sarkozy, lui exprimant “l’affection de la nation toute entière”.
Marie Curie
Première femme à avoir reçu le Prix Nobel et seule femme à en avoir reçu deux, Marie Curie était une scientifique d’exception à l’origine de beaucoup de découvertes dans le monde de la physique. En 1903, elle reçoit son premier Prix Nobel de physique, partagé avec son mari Pierre Curie, pour leurs recherches sur les radiations.
En 1911, elle reçoit son deuxième prix Nobel pour ses travaux sur le polonium et le radium. Une partie de ses cahiers d’expériences est conservée à la Bibliothèque nationale de France et accessible sous forme numérisée. Marie Curie décède en 1936 et ses cendres sont transférées au Panthéon en 1955, sous l’impulsion de Simone Veil notamment.
Sophie BERTHELOT
Marcelin Berthelot, mari de Sophie Berthelot, était chimiste, biologiste et homme politique. Sophie assistait Marcelin dans l’ensemble de ses recherches. Le jour où Sophie est décédée, son mari a dit à ses proches ne pas pouvoir ‘“survivre” à la mort de sa femme. Il meurt quelques instants plus tard, pour des raisons que l’on ignore encore.
Ses proches ont accepté qu’ils soient Panthéonisé, si et seulement si, il était enterré avec sa femme. Le ministre Aristide Briand dit, dans son éloge, en 1907 : « Elle avait toutes les qualités rares qui permettent à une femme belle, gracieuse, douce, aimable et cultivée d’être associée aux préoccupations, aux rêves et aux travaux d’un homme de génie ».