Alors que les classes prépas ECG viennent déjà de subir une réforme qui les affaiblit, nous avons appris qu’un nouveau projet de réforme était en cours de préparation par le Ministère. Les conséquences de ce futur projet ? Une profonde modification des programmes de prépa ECG qui pourrait entrainer à terme une disparition de bon nombre de petites prépas de province.
Mister Prépa décrypte pour vous cette première piste du nouveau projet de réforme des prépas ECG, qui sera discutée le 13 décembre prochain au Ministère.
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Quelles sont les nouveautés de cette réforme ?
La grande nouveauté de cette première piste de réforme en préparation est la suppression de bon nombre d’heures de cours. Concrètement, il faut s’attendre à :
- Une suppression de 2h de cours de Culture Générale par semaine
- Le nombre d’heures de mathématiques serait divisé par deux. Les mathématiques resteraient obligatoires pour tous dans le tronc commun et une option mathématique plus poussée serait proposée aux étudiants les plus à l’aise avec les chiffres (concrètement, des profils ex-ECS / ECG maths approfondies)
- L’ESH perdrait aussi quasiment la moitié de ses heures de cours
Ces heures de cours perdues en mathématiques, Culture Générale et en ESH auraient pour objectif d’ouvrir la porte à une nouvelle spécialité parmi les options proposées dans le tronc commun. Une piste de cette réforme serait de proposer un tronc commun de 18 heures, avec le choix de deux spécialités, auxquelles seraient accordées 4 à 5 heures par semaine chacune (ESH, HGG, Mathématiques avancées, Informatique et data, Langues et cultures étrangères, développement durable et transition écologique dans le monde).
Quelles seraient les conséquences de cette réforme ?
En supprimant autant d’heures de cours, le risque principal est de provoquer une pénurie de professeurs de prépa. En effet, les professeurs de mathématiques et ESH restants ne pourront plus se concentrer sur une seule classe et devront donc jongler entre plusieurs classes, empêchant ainsi de pousser une classe vers le haut. De leur côté, les professeurs de Culture Générale subiront le même sort et risquent d’être licenciés par vagues.
Ce faisant, la réforme entraînerait un affaiblissement du statut de professeur de prépa (vu comme un succès dans une carrière jusqu’aujourd’hui), ce qui engendrerait une baisse de la qualité des cours de prépa. Les prépas EC étant déjà difficilement accessibles par rapport à la réforme des mathématiques au lycée (les mathématiques restent jusqu’aujourd’hui une condition exigée pour être admis en prépa ECG), elles ne pourraient plus attirer les étudiants avec l’argument de la garantie d’une formation d’excellence.
La fin de la prépa ECG, ascenseur social ?
Si cette nouvelle réforme est appliquée, seules les prépas prestigieuses et les prépas privées pourront continuer d’assurer un enseignement de qualité et réussir à proposer toutes les spécialités. Selon certains professeurs, on assisterait alors à une augmentation des inégalités territoriales, que le système CPGE est pourtant censé atténuer. Entre ce premier pré-projet de réforme et la réforme précédente qui avait supprimé les maths du tronc commun au lycée, l’Education Nationale semble doucement se diriger vers une suppression des « petites prépas ».
La prépa, qui jouait véritablement le rôle d’ascenseur social pour nombre d’étudiants issus de familles dont les parents n’avaient pas fait d’études supérieures, deviendrait, à en croire certains enseignants, une formation élitiste, réservée aux étudiants les plus aisés.
La position des acteurs de la filière ECG
Pour l’APHEC (Association des Professeurs de classe préparatoire HEC), le problème se situe aussi du côté des écoles, qui à force de démultiplier les voies d’accès et leurs programmes, relèguent le passage par une prépa à quelques profils bien spécifiques, sans pour autant faire la promotion des CPGE et de tout ce à quoi elles renvoient (excellence, dépassement de soi, abnégation, humilité…). Il convient donc selon l’APHEC de faire comprendre aux lycées l’intérêt de faire une prépa dans un contexte où l’entrée en Grande Ecole de management peut tout à fait se faire sans passer par cette voie.
Rappelons que l’immense majorité des Grandes Ecoles de management accroît considérablement son nombre d’étudiants AST (Admis Sur Titre) au sein de leur Programme Grande Ecole, et qu’en même temps, elles ne cessent de développer le programme Bachelor (accessible directement depuis la Bac) pour attirer notamment des profils de lycéens moyens/bons autour de 12-13-14 de moyenne générale. Exactement le type de profils que recrutent les petites prépas de province citées ci-dessus, qui sont, on le comprend, les premières à souffrir de ces réformes de la prépa ECG.
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Une pétition contre ce pré-projet de réforme de la prépa ECG
Suite à la fuite de ces mesures discutées actuellement au sein du Ministère, de nombreux professeurs se sont révoltés et ont participé à cette pétition qui a été lancée en ligne il y a quelques jours :
CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER À LA PÉTITION