Découvrez ici un article visant à analyser la véritable puissance de la Russie dirigée par Vladimir Poutine !
Quelques infos à propos de la Russie
Superficie | 17,13 millions de km2 |
Population | 146 millions d’habitants |
IDH en 2019 | 0,82 |
Président | Vladimir Poutine |
PIB en 2020 | 1480 milliards de dollars |
Volonté de Poutine de réaffirmer la puissance russe
Tout d’abord, la puissance russe, avec Vladimir Poutine à sa tête semble bien réelle compte tenu de ses nombreux atouts et de sa volonté de peser au niveau mondial. Certains coups de force de la part du pays montrent cela. L’annexion de la Crimée en 2014 en est le parfait exemple. Par cette invasion suivie d’un referendum d’autodétermination (96,8% de oui), la Russie marque sa volonté de s’affirmer et son absence de crainte vis-à-vis du voisin européen. Celui-ci ne reconnaît pas le scrutin et multiplie les sanctions à l’encontre de la Russie. L’opposition entre la Russie et l’UE apparaît également au niveau énergétique. La première profitant de son influence et de la dépendance de son voisin. En effet, l’UE dépend de la Russie à 30% pour le pétrole et 37% pour ce qui est du gaz. Vladimir Poutine n’hésite pas à jouer de l’arme énergétique (« géopolitique des tubes ») notamment avec le géant national Gazprom afin de faire pression sur d’autres acteurs comme l’UE.
Par ailleurs, la Russie dispose d’une puissance numérique non négligeable. Celle-ci se matérialise avec des cyberattaques régulières (la première contre l’Estonie en 2007 puis contre la Géorgie en 2008, l’Ukraine en 2014 ou encore les Etats-Unis en 2016). Cette arme offensive permet à la Russie de déstabiliser d’autres pays avant d’intervenir militairement ou encore de mettre en péril la démocratie. Ces cyberattaques illustrent bien la stratégie russe du conflit « hybride ». Elle s’appuie sur le piratage informatique, le contrôle de l’information et la multiplication de fake news diffusées par des trolls.
Avec les cyberattaques mais surtout avec sa présence sur de nombreux théâtres de conflit, la Russie se présente donc comme une puissance de premier plan au niveau international. Dans le conflit du Haut-Karabakh opposant l’Arménie à l’Azerbaïdjan, la Russie a joué un rôle majeur en pilotant le cessez-le-feu. Elle est aussi présente en Libye ou encore en Syrie où elle soutien le régime de Bachar el-Assad. Tout cela témoigne donc d’une volonté de la Russie de réaffirmer sa puissance au niveau mondial. Tout comme l’organisation de nombreux évènements internationaux tels que les JO d’hiver de Sotchi en 2014 ou encore la Coupe Du Monde de football en 2018.
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Tout en s’appuyant sur des forces héritées de l’URSS
Cette réaffirmation de la puissance russe se base sur l’héritage de l’URSS qui disposait d’un potentiel important. Avant tout au niveau militaire, la Russie a notamment hérité de l’arsenal nucléaire soviétique (l’URSS a obtenu la bombe nucléaire en 1949) qui lui permet de faire partie du cercle très restreint des puissances nucléaires. La Russie a su profiter de cet héritage afin de développer sa puissance militaire en augmentant notamment le budget (+170% entre 1999 et 2010). L’outil militaire russe a aussi pour but de dissuader l’ennemi avec les démonstrations de force qui ont lieu régulièrement.
La volonté de la Russie d’étendre son influence sur son « étranger proche » s’inscrit également dans la continuité de ce que faisait l’URSS. Cette influence passe par l’entretien de liens économiques privilégiés avec le pourtour. Des organisations économiques ont été créées à cet effet :
- CEI (Communauté des Etats Indépendants) en 1992 qui rassemblait initialement les anciennes républiques soviétiques même si plusieurs Etats sont sortis
- UEE (Union Economique Eurasiatique) en 2015 qui rassemble la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie, le Kurdistan et l’Arménie
Enfin, la puissance russe cherche toujours à s’affirmer en opposition à la puissance américaine. Ceci n’est pas sans rappeler la logique de la Guerre Froide. Les divergences entre les deux Etats ne sont pas rares et sont même quasiment systématiques. La Russie est le seul pays à avoir accepté d’accueillir E.Snowden après l’affaire de 2013 (E.Snowden était activement recherché par les Etats-Unis après avoir fait fuiter de nombreux documents décrivant le programme de surveillance massif mis en place par le pays). Ceci montre bien sa capacité de résistance. Elle a également tenté de faire couler le pétrole de schiste des Etats-Unis en inondant le marché avec des prix très bas mais aussi de semer la pagaille dans les élections américaines de 2016 avec la propagation de fake news notamment.
Des faiblesses structurelles qui viennent ternir le bilan
Cependant, la puissance russe est remise en cause par certaines faiblesses importantes. L’économie russe est extrêmement fragile et crée de grandes inégalités au sein du pays. En effet, la présence centrale du Kremlin dans le milieu des affaires est un frein important à l’attractivité économique russe. Cette étatisation de l’économie est un terreau fertile pour la corruption. En effet, des pots de vin aux montants colossaux sont touchés par certains fonctionnaires. Ainsi, 1% de la population accapare 60% de la richesse du pays … Ces inégalités se matérialisent physiquement avec l’existence de « 4 Russies » :
- Les grandes agglomérations
- Les centres industriels
- Les zones agricoles
- Les régions où les russes « ethniques » ne sont pas majoritaires
Le vieillissement des infrastructures (notamment les infrastructures de transport) héritées de l’URSS ainsi que le mauvais aménagement du territoire favorisent les inégalités et représentent des obstacles pour la puissance russe. A titre d’exemple, en 2019, le salaire moyen à Moscou était de 94 000 roubles et seulement de 27 000 roubles en Ingouchie.
La Russie connaît de surcroît une crise démographique non négligeable. En 2019, la population a baissé pour la première fois depuis 10 ans, atteignant 146 millions d’habitants. L’indice de fécondité est bien en dessous des 2,1 nécessaires au maintien de la population malgré les mesures prises par le président Poutine (allocations pour les familles avec des enfants). La Russie souffre d’un grand manque d’attractivité, y compris pour ses jeunes qui sont nombreux à vouloir la quitter. Plus de 50% des 18-25 ans en rêveraient. Le mécontentement de la population augmente (inflation des produits alimentaires de base) et le pouvoir d’achat baisse (13,5% de la population vit sous le seuil de pauvreté).
Pour terminer, la recherche d’une alliance ou a minima d’un rapprochement avec la Chine témoigne d’une certaine fébrilité. La Russie est assez dépendante de l’Empire du Milieu qui est son premier partenaire commercial (17% du commerce russe). Elle essaye de compenser l’asymétrie économique par la vente d’armes et par des exercices militaires communs où elle essaye de montrer son avance sur la Chine. Ce rapprochement vers la Chine permet également à la Russie d’avoir un allié de taille face à l’ennemi américain.
Conclusion
La Russie dispose d’atouts de puissance très importants qui en font un acteur essentiel au niveau international. Un grand nombre de ces atouts sont hérités de l’URSS. Toutefois, des faiblesses majeures viennent ternir le bilan global de la puissance russe et en faire une puissance hétérogène. En effet, sa fragilité économique mais aussi les profondes inégalités sociales ne permettent pas de placer la Russie parmi les puissances de tout premier plan. Le pays dirigé par Vladimir Poutine dispose également d’une image écornée par certaines affaires telles que celle concernant Alexeï Navalny. Enfin, la Russie a été durement touchée par l’épidémie de COVID-19, d’autant plus que le bilan est probablement sous-estimé par les données officielles.
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