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Pourquoi la suprématie américaine est-elle aujourd’hui remise en cause ?

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C’était il y a à peine trente ans (une paille dirait certains aux yeux des 5000 ans d’histoire qui nous précèdent, mais une éternité sur la scène internationale contemporaine) : la fin officielle de la Guerre Froide était actée en 1990 à Malte, laissant les États-Unis seule superpuissance mondiale avec l’implosion de l’Union Soviétique dans les années suivantes. De beaux jours semblaient alors s’ouvrir pour le pays de l’oncle Sam. Malheureusement 100 ans plus tard le vent semble avoir considérablement tourné ! Désormais les critiques contre la puissance américaine s’accumulent et forment une pile vertigineuse. Ingérences, égoïsmes, critiques multiples, tout y passe et cela ne semble pas prêt de s’arrêter. Comment en est-on arrivé là ?

 

D’une hégémonie respectée par tous…

Il faut reconnaître une chose sans aucune ambiguïté : la puissance américaine au début des années 1990, c’était quelque chose. Elle était clairement sans équivalent à l’échelle mondiale vu que son meilleur ennemi soviétique s’était effondré. De plus, durant la décennie qui a suivi la fin de la guerre froide, les gouvernements américains successifs ont parfaitement su tenir leur rôle de gendarme du monde en maintes occasions. Par exemple, lorsqu’en 1991 l’Irak de Saddam Hussein envahi le Koweït, ce sont les États-Unis qui interviennent à la tête de la coalition internationale dans le cadre de l’opération tempête du désert pour renvoyer manu militari les troupes du dictateur dans leur pays. Cette opération sera suivie en 1998 de l’opération Renard du désert.

Ce rôle de gendarme du monde, George W. Bush le réaffirme en 2001 dans son discours devant le congrès après les attentats du World Trade Center de Décembre 2001. Et une fois de plus, les Américains prennent la tête de la coalition internationale quelques mois plus tard pour intervenir en Afghanistan, pays devenus un repaire pour les terroristes islamistes.

… A des critiques pour ingérences qui se font de plus en plus nombreuses

Pourtant, alors que ce rôle de gendarme du monde, d’hyperpuissance gérant d’une main de maître la scène internationale contemporaine semblait lui sied à merveille, les États-Unis se sont peu à peu retrouvés sous le feu des critiques. En cause ? De puissance salvatrice, les Américains ont basculé dans le statut de puissance oppressante, ce qui est radicalement différent et les a conduits à considérablement reculer en termes de légitimité au cours des deux dernières décennies.

Premier et principal épisode durement critiqué (et sans doute le plus célèbre) : l’intervention américaine en Irak en 2003. Accusant Saddam Hussein d’essayer d’obtenir l’arme nucléaire, le gouvernement américain demande officiellement à l’ONU d’accéder à leur requête d’une nouvelle intervention de la communauté internationale comme cela avait été le cas en Afghanistan deux ans plus tôt. Mais cette fois, la position américaine est remise en cause, les preuves apportées par l’administration Bush étant jugées insuffisantes, notamment par Dominique de Villepin, ministre des affaires étrangères français de l’époque, qui prononce un vibrant discours protestant énergiquement contre le projet américain. Finalement, par peur d’un veto ou d’un refus de l’ONU, les États-Unis décident d’intervenir en Irak sans passer par un accord de la communauté internationale, accompagnés de seulement quelques autres alliés tels que le Royaume-Uni. Bref, les États-Unis ont été trop loin pour la première fois dans la tentative de défense de leurs intérêts et cela va peu à peu conduire à leur perte de légitimité.

Plusieurs fois, les États-Unis, par intérêt personnel voire par égoïsme semblent avoir manqué le sens de l’histoire

C’est une chose de commettre des ingérences qui seront ensuite dénoncées par l’opinion publique et la communauté internationale. C’en est une autre de laisser passer certaines occasions de défendre et de réaffirmer sa position d’hyperpuissance économique de la scène internationale moderne. Et cette seconde erreur, les États-Unis l’ont commise à de multiples reprises (nous en citerons ici deux principales) qui les ont au final conduit à être considéré comme un pays défendant ses propres intérêts par tous les moyens y compris en abusant de leur puissance et restant sourd et égoïste en revanche face à des problématiques d’importance.

Premier cas : le génocide du Rwanda de 1994. Il convient de remarquer que trois ans plus tôt, les États-Unis intervenaient au Koweït, car ils y défendaient la stabilité du Proche et Moyen-Orient, zone importante à leurs yeux car ils y ont de forts intérêts pétroliers. Cette fois, lorsqu’il s’agit d’éviter un véritable drame humain, l’administration américaine détourne le regard de ce qui se trame en Afrique et laisse la France intervenir avec l’Opération Licorne.
Deuxième épisode (et non des moindres), le retrait par Donald Trump de l’accord de Paris que les États-Unis avaient comme la plus grande partie de la communauté internationale signé à la fin 2015. Il ne s’agit pas ici de minimiser l’influence du seul Donald Trump dans cette décision, car il est clair que le désormais ex-président européen n’a ressemblé à aucun de ses prédécesseurs. Pour autant, cet exemple montre bien là encore que même sur des sujets non géopolitiques, les États-Unis ont fait passer leur égoïsme et leurs intérêts nationaux avant ceux du monde.

 

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Julien Vacherot
Étudiant à HEC Paris en Stratégie fiscale et juridique internationale et responsable géopolitique, j'ai pour but de vous faire partager ma passion et de vous aider dans cette matière et partout où c'est possible