Les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine n’ont cessé de se détériorer depuis le début de l’année 2025, marquant une nouvelle escalade dans un conflit économique déjà bien installé. En effet, les deux géants mondiaux se livrent à une surenchère de droits de douane, ravivant les craintes d’une guerre commerciale à grande échelle, aux conséquences potentiellement dévastatrices pour l’économie mondiale.
Tout a débuté le 2 avril 2025, lorsque l’ancien président américain Donald Trump, revenu sur le devant de la scène politique, a instauré une série de tarifs, lors d’une journée rebaptisée « jour de la libération ». À l’origine, ces nouvelles mesures visaient spécifiquement la Chine avec une taxe de 34 % sur les produits importés. Mais la situation a rapidement dégénéré : ce taux a connu une inflation spectaculaire, atteignant successivement 125 % puis 145 %, comme annoncé par Trump lui-même sur son réseau social “Truth Social”.
La réponse chinoise ne s’est pas fait attendre. Pékin a riposté en relevant également ses propres barrières douanières. Dans les jours qui ont suivi, les taxes chinoises sont passées de 84 % à 125 %, ciblant plusieurs secteurs clés des exportations américaines. Dans cet article de Mister Prépa, on t’explique comment cette dynamique d’escalade mutuelle alimente les inquiétudes d’un conflit économique globalisé.
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Un déséquilibre commercial ancien mais persistant
En 2024, les échanges commerciaux entre les deux puissances économiques représentaient un volume de près de 585 milliards de dollars. Cependant, cette relation est marquée par un fort déséquilibre : les États-Unis importent bien plus de biens chinois qu’ils n’en exportent. Ce déficit commercial, qui s’élève à environ 1 % du PIB américain, est au cœur des tensions.
Depuis son premier mandat, Donald Trump a tenté de corriger cette asymétrie en imposant des droits de douane sur une large gamme de produits chinois. Son successeur, Joe Biden, a non seulement maintenu ces mesures, mais les a parfois renforcées, poursuivant l’objectif de réduire la dépendance commerciale des États-Unis à l’égard de la Chine. Une stratégie qui semble partiellement porter ses fruits : en 2016, les produits chinois représentaient 21 % des importations américaines ; en 2024, ce chiffre est tombé à 13 %. Toutefois, certains experts remettent en question ces données, soupçonnant que de nombreux produits chinois sont aujourd’hui réexportés via d’autres pays d’Asie de l’Est pour contourner les taxes américaines.
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Quels biens sont concernés ?
Le commerce entre les deux nations repose sur des secteurs bien définis. Du côté américain, les principales exportations vers la Chine comprennent le soja, les produits pharmaceutiques et le pétrole brut. Pour la Chine, les exportations vers les États-Unis sont dominées par les produits électroniques : ordinateurs, jouets, batteries pour véhicules électriques et surtout, les smartphones. Ces derniers représentent 9 % des exportations chinoises vers les États-Unis, dont une grande partie est destinée à Apple, entreprise emblématique américaine dont les produits sont majoritairement assemblés en Chine.
La montée des droits de douane affecte donc directement des multinationales comme Apple. Le mois d’avril 2025 a ainsi vu le cours de son action chuter de 20 %, conséquence directe des tensions douanières.
Pour les consommateurs, qu’ils soient américains ou chinois, l’impact se fait sentir à travers une hausse des prix sur de nombreux biens du quotidien. Mais au-delà de ces taxes, la guerre commerciale prend également d’autres formes, plus stratégiques.
L’arme des ressources stratégiques et des alliances commerciales
La Chine, premier pays manufacturier du monde, détient aussi un avantage stratégique en contrôlant une part importante de la chaîne d’approvisionnement mondiale de matières premières critiques. Elle joue un rôle central dans le raffinage du lithium et des terres rares, indispensables à l’industrie technologique et militaire. Pékin pourrait décider d’en restreindre l’accès, comme elle l’a déjà fait avec le germanium et le gallium, deux matériaux utilisés dans la fabrication d’équipements militaires et de composants électroniques.
De leur côté, les États-Unis disposent également de leviers d’action. Ils peuvent, par exemple, limiter l’exportation de semi-conducteurs de pointe vers la Chine, dont cette dernière dépend fortement pour ses projets liés à l’intelligence artificielle. En outre, les autorités américaines, sous l’impulsion de Donald Trump et de ses conseillers comme Peter Navarro, envisagent de faire pression sur d’autres pays partenaires – tels que le Cambodge, le Mexique ou le Vietnam – afin qu’ils réduisent leurs liens économiques avec la Chine s’ils souhaitent conserver l’accès au marché américain.
Quel impact pour le reste du monde ?
Ensemble, les États-Unis et la Chine représentent environ 43 % du PIB mondial, selon les estimations du FMI pour 2024. Une guerre commerciale entre ces deux mastodontes ne pourrait qu’avoir des répercussions profondes sur l’économie globale. La baisse des échanges bilatéraux pourrait freiner la croissance mondiale et, dans le pire des cas, entraîner une récession mondiale.
Mais tous les pays ne seront pas affectés de la même manière. Certains pourraient bénéficier de la redistribution des flux commerciaux. Si la Chine ne peut plus écouler certains produits sur le marché américain, elle cherchera de nouveaux débouchés. Ce phénomène pourrait représenter une opportunité pour certains pays d’Afrique ou d’Amérique latine, mais une menace pour d’autres, comme ceux de l’Union européenne.
L’Europe, en particulier, redoute une arrivée massive de produits chinois à bas coût sur son marché. Les subventions étatiques massives de Pékin faussent la concurrence et rendent difficile la compétitivité des entreprises européennes, soumises à des normes sociales et environnementales plus strictes. C’est notamment le cas dans des secteurs comme l’acier ou les équipements technologiques, où l’afflux de produits chinois pourrait provoquer une crise de surproduction et des fermetures d’usines.