Un sommet s’est tenu à Bruxelles le 17 et 18 juillet 2023 entre 60 pays de l’Union Européenne (UE) et de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC).
UE : L’Union européenne est un partenariat unique, économique et politique entre 27 pays d’Europe. L’union vise à renforcer la coopération des pays membres dans les domaines économique, politique, social et sécuritaire afin de promouvoir la paix, la stabilité et la prospérité du continent.
CELAC : La Communauté d’États latino-américains et des caraïbes est un organisme politique régional qui vise à promouvoir la coopération et l’intégration entre les pays du continent. L’objectif principal de la CELAC est de renforcer les liens entre ses 33 membres, d’encourager le dialogue politique, économique et social ainsi que de promouvoir la solidarité et l’unité de la région. Contrairement à l’Organisation des États américains (OEA), la CELAC exclut la participation des États-Unis et du Canada, cela permet alors à la région de discuter des questions spécifiques sans influence directe des grandes puissances nord-américaines.
Lorsque les crises réunissent 2 régions en une rencontre de grande envergure
Ces deux continents ont traversé des crises majeures récemment : pandémie du Covid-19, dérèglements climatiques, instabilités politiques. Aujourd’hui, l’UE exprime sa volonté d’intensifier le dialogue avec la CELAC après l’avoir délaissé peu à peu ces dernières années.
L’Union Européenne est tout de même le premier investisseur de la CELAC et a réaffirmé son engagement lors de ce sommet. Celui-ci a été l’occasion parfaite d’approfondir leur coopération commerciale souhaitant par exemple conclure l’accord de libre-échange entre l’UE et le MERCOSUR.
Le MERCOSUR est un bloc commercial qui a pour objectif de faciliter la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux entre ses membres. Le bloc harmonise ses politiques économiques et juridiques en créant un marché commun. Il représente environ 40 % du PIB et de la population de l’Amérique latine. Les membres sont : le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et le Venezuela (pays suspendu à ce jour).
Cette coopération UE-MERCOSUR est bloquée depuis plusieurs années en raison de divergences économiques entre les deux organisations ainsi que sur des désaccords sur les questions environnementales et agricoles. Certains pays de l’UE avaient mis en garde les pays du MERCOSUR concernant leurs pratiques agricoles susceptibles de mettre en péril des régions comme l’Amazonie.
En bref, en cas de coopération entre l’UE et le MERCOSUR, cet accord permettrait non seulement de créer de nouveaux emplois mais aussi de stimuler la croissance économique des 2 régions.
L’influence chinoise grandissante en Amérique Latine
À l’heure où le conflit Russie – Ukraine fait encore rage, l’UE est affaiblie et comprend la nécessité de travailler en confiance et de diversifier ses partenaires.
L’Amérique latine, région riche en matières premières, est stratégique pour le commerce ou encore la transition énergétique de l’Union européenne. Pour la CELAC, un dialogue réaffirmé avec l’UE lui permet de préserver sa souveraineté et de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine. En effet, au cours de la dernière décennie, la Chine a investi massivement en Amérique Latine : l’Initiative Belt and Road (BRI) en est un exemple probant. Appelée « la nouvelle route de la soie », cette initiative vise à relier l’Asie au reste du monde, la Chine a ainsi signé plus de 20 accords avec la CELAC pour la construction de différentes infrastructures : ports, lignes de chemins de fer, centrales électriques ou encore des autoroutes.
Lors de ce sommet, l’UE a annoncé un objectif d’investissement de plus de 45 milliards d’euros dans la région jusqu’en 2027 dans le cadre du programme Global Gateway. Ce programme compte plus de 130 projets durables, incluant des initiatives comme la production d’hydrogène vert au Chili. Cet investissement peut donc contrer l’influence chinoise grandissante dans la région.
Les investissements cibleront ainsi les domaines de l’environnement, la santé, la transition numérique ou encore l’éducation. L’UE et la CELAC ont convenu de travailler ensemble sur ces défis et de développer des projets communs.
Lire plus : Le Brésil accueille un sommet régional pour sauver l’Amazonie
Des divergences entre 2 régions : 2 continents, 2 visions
La sécurité et la démocratie ont également été des thèmes clés du sommet et ces questions ont été plus discordantes comme notamment, le conflit Russie – Ukraine. En effet, les dirigeants de l’UE et de la CELAC ne sont pas parvenus à trouver un consensus sur une déclaration rendant la Russie responsable de la guerre en Ukraine. Le communiqué commun publié à l’issue du sommet exprime une « profonde préoccupation de la guerre en cours », sans mentionner Moscou.
Pour conclure, malgré quelques discordes, l’UE et la CELAC se rejoignent sur des valeurs et des intérêts communs ainsi que sur des liens économiques et sociaux importants. Le sommet CELAC-Union Européenne a permis un dialogue plus clair et une coopération plus importante pour l’avenir.
Lire plus : L’implantation progressive de la Chine en Amérique Latine