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Vers la fin du Mercosur ? Histoire, forces et faiblesses

Sommaire

L’Amérique Latine et le MERCOSUR ont récemment fait les gros titres des journaux nationaux et internationaux. En effet, les récentes tentatives d’accords de libre échange du MERCOSUR avec l’UE mais aussi de la Chine avec l’Uruguay ont mis à mal le MERCOSUR et par la même occasion mis en lumière ses limites !

Retour sur l’histoire du MERCOSUR

Le MERCOSUR (Mercado Común del Sur) est un processus d’intégration régionale économique mais aussi politique. C’est pourquoi il prône par exemple une zone de libre-échange et le développement des principes démocratiques afin de participer au dynamisme économique et au développement de ses pays membres.

Initialement fondé par l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay avec la signature du traité d’Asuncion (Capitale du Paraguay) le 26 Mars 1991, le MERCOSUR s’est ensuite élargi et a connu des étapes clefs à sa construction. En effet, le Venezuela est devenu le 5ème membre permanent en 2012 avant d’être suspendu en 2017pour « rupture de l’ordre démocratique », la démocratie étant un des principes fondateurs du MERCOSUR. De plus, plusieurs autres pays ont également rejoint le MERCOSUR en tant que membres associés. Il s’agit du Chili, de la Colombie, de l’Équateur, de la Guyane, du Pérou et du Suriname.

La Bolivie quant à elle a fait une demande d’adhésion toujours en cours de ratification par les membres permanents et en particulier le Brésil, qui pour l’instant refuse l’intégration de la Bolivie.

On dénombre ainsi 4 membres permanents et 6 membres associés à l’heure actuelle, œuvrant tous à leur façon au développement du MERCOSUR mais aussi à sa fragilisation.

 

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Quelles sont les forces du MERCOSUR ?

Le MERCOSUR est avant tout considéré comme le 3ème bloc économique mondial derrière l’Union européenne et l’Accord Canada/Etats-Unis/Mexique. En effet, il représente plus de 80% du PIB total de l’Amérique du Sud. C’est pourquoi il s’agit de la zone économique la plus dynamique de l’hémisphère Sud. Les principaux produits exportés par le MERCOSUR sont des matières premières telles que le Soja, le pétrole, le fer ou encore le maïs.

De plus, le MERCOSUR vient d’annoncer un accord de libre-échange conclu avec Singapour, ce qui illustre parfaitement sa capacité à se projeter à l’international et à négocier avec des pays stratégiques. Ainsi, il dispose d’un certain pouvoir de négociation dont bénéficient également les pays membres.

Par ailleurs, son territoire s’étend sur presque 15 millions de km2, soit cinq fois la superficie de l’Union européenne, et regroupe près de 295 millions d’habitants avec une grande diversité culturelle et linguistique. Ce qui constitue bel et bien une richesse et une force pour le MERCOSUR.

Enfin, on retrouve sur son territoire de nombreuses richesses essentielles à l’humanité : l’eau, une terre fertile et des ressources énergétiques d’autant plus importantes que le changement climatique et la question écologique deviennent centrale. En effet, le MERCOSUR possède une des plus importantes réserves d’eau douce : el Acuífero Guaraní qui s’étend sur le territoire brésilien, paraguayen, uruguayen et argentin. Il s’agit de la troisième réserve d’eau douce au monde !!

Les faiblesses du MERCOSUR

Même si le MERCOSUR possède de nombreux atouts, son talon d’Achille reste le consensus pour les décisions commerciales. Effectivement, malgré le nombre restreint de membres permanents, il est difficile de trouver un accord commun et des mesures ratifiées par tous les pays.

La récente polémique autour d’un potentiel accord de libre-échange entre la Chine et l’Uruguay témoigne de cette difficulté. En effet, l’Uruguay préfère faire cavalier seul alors que les autres pays et notamment l’Argentine ne sont pas du même avis et privilégient des négociations entre blocs régionaux.

Enfin, le manque de politiques environnementales et sociales menées en commun affaiblit fortement le MERCOSUR. C’est d’ailleurs ce que laisse entendre José Antonio Ocampo (ancien secrétaire exécutif des Nations Unies en charge de la Commission Économique Pour l’Amérique Latine, CEPAL) dans une interview donnée au journal espagnol EL PAIS : « Para crecer, Latinoamérica necesita nuevas políticas ambientales y sociales ». En effet, ces politiques communes se révèlent être primordiales pour le MERCOSUR dans l’optique d’un développement durable pour ses pays membres mais aussi diplomatiquement pour obtenir une certaine légitimité auprès des autres pays.

C’est pourquoi, la France doutant de l’engagement climatique du Brésil, notamment avec la déforestation en Amazonie, refuse de ratifier l’accord de libre-échange MERCOSUR-UE. Cet accord passerait par exemple par la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires entre les 2 blocs régionaux.

Ce qu’il faut retenir sur le MERCOSUR

Ainsi, on remarque que l’économie mondiale de plus en plus polarisée nécessite des accords importants entre les différents pôles. En effet, les tentatives d’accords multilatéraux étant infructueuses, les accords commerciaux régionaux se sont multipliés et ont ainsi permis l’émergence de blocs régionaux comme le MERCOSUR. Néanmoins, ceux-ci ont absolument besoin de trouver des accords entre eux afin de pouvoir perdurer et de s’imposer à l’échelle internationale. C’est pourquoi le MERCOSUR malgré ses richesses intrinsèques doit trouver des accords solides et durables avec les autres blocs mais aussi une cohésion entre ses propres membres, tout en prenant conscience des problématiques écologiques et sociales essentielles à sa survie.

Cependant, le MERCOSUR n’est pas la seule organisation d’intégration régionale en danger en Amérique Latine. Effectivement, la Alianza del Pacífico ou encore la CAN (Comunidad Andina de Naciones) sont elles aussi en difficulté face aux puissances mondiales.

 

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Clement Paillat