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Tout savoir sur la maladie hollandaise

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La Maladie Hollandaise : définition

La maladie hollandaise (ou encore la Dutch Desease, ou la malédiction des matières premières) est la conséquence néfaste de l’exportation des matières premières pour un pays riche en énergie. L’exploitation des ressources naturelles aurait pour conséquence le déclin des industries manufacturières locales.  Cette maladie provient d’une découverte en Hollande de grands gisements de gaz dans la région du Groningue dans les années 1960.

Comment l’injecter dans sa copie ?

Le concept et le mécanisme de cette Dutch Desease 

La croissance de l’exploitation des ressources naturelles a pour conséquence directe l’augmentation de l’exportation. Cette augmentation des exportations est synonyme de l’augmentation de la demande du florin néerlandais (puisque les ressources sont vendues en monnaie locale). Autrement dit, c’est l’augmentation de la recette d’exportation. Cette augmentation de la demande de florin néerlandais entraîne naturellement une appréciation de la devise. Or, cette appréciation de la devise dévalue la compétitivité-prix des autres secteurs manufacturés qui se voient beaucoup moins attractifs à l’international. Ces industries sont alors dans l’incapacité de réduire leur marge afin d’alimenter leurs parts de marché, elles enregistrent une baisse de leurs exportations, elles produisent moins ce qui entraîne une baisse de l’emploi. Les importations deviennent beaucoup moins favorables que les exportations. De fait, par l’exploitation d’une ressource naturelle, les industries manufacturières locales ont perdu leurs compétitivité-prix. Au fil du temps, la Dutch Desease a été élargie au fait des conséquences nuisibles des exportations de ressources naturelles.

L’Équateur : exemple atypique et percutant pour l’illustrer

Dans son article de décembre 2021, Walking on the tightrope: Oil rent and development in Ecuador (1972-2017), December 2021, l’auteur Constantin Lopez retrace l’histoire économique de l’Équateur sous les yeux des régulationnistes (École de la Régulation // École des Annales) depuis 1972.

« Pour les pays exportateurs de matières premières comme l’Équateur, la rente acquiert dès lors une fonction contradictoire. D’une part, elle est le véhicule fondamental du développement. D’autre part, son acquisition est irréductiblement liée aux « pathologies » qu’entraîne la spécialisation rentière : « maladie hollandaise » à court terme et dépendance au sentier extractiviste à long terme. » résume Constantin Lopez.

Les facteurs économiques : du fait de l’avantage absolu que confère la richesse pétrolière du territoire équatorien, le pays décide de se spécialiser dans l’exportation de pétrole. Toutefois, la gestion de sa rente pétrolière va rencontrer de nombreux problèmes d’ordre économique et politique. Dès le départ, la balance des paiements équatorienne subit des dégâts, on observe une désagriculturalisation du pays et un prix du baril en hausse. On observe en Équateur une hétérogénéité structurelle, par exemple, le CEPAL révèle en 2006 que la productivité du travail dans l’agriculture est de 31% contre 2 615% dans le secteur pétrolier. Ces inégalités sectorielles s’accompagnent d’inégalités en matière d’accès au pouvoir politique, biaisé en faveur des groupes sociaux les plus puissants, d’une marginalisation séculaire des populations autochtones et d’un pouvoir prépondérant des firmes transnationales, qui concentrent et capturent les savoir-faire technologiques et les capitaux dont le pays manque. La spécialisation dans les matières déséquilibre l’économie entière.

Les facteurs politiques : initialement, la rente est collectée sous forme de monnaie étrangère et doit être transformée en monnaie nationale (le rôle des institutions monétaires). La rente circule ensuite via la dépense publique ce qui entérine un certain mode de répartition. Dans ce modèle, la forme de l’État et les coalitions politiques jouent ici un rôle décisif selon sa propension à régler les conflits de répartition de la rente à travers la création monétaire. La rente est un pouvoir d’achat sur le marché international, est consommée ou investie (localement ou à l’étranger). Or les différents conflits autour de cette gestion de la rente a détruit non seulement le décor politique équatorien mais freiné le développement du pays dans son ensemble. L’État collecte et distribue la rente, il est le terrain central des luttes redistributives, donc la gestion de la rente est conditionnée par la forme de l’État.

Les conséquences environnementales (et politique) : À partir des 90s l’Équateur observe une montée en puissance des mouvements sociaux, surtout le mouvement indigène, au sein du parti Pachakutif(un acteur clé de la critique du néolibéralisme, capable de défaire des gouvernements par sa forte capacité de mobilisation). Les conséquences environnementales de l’exploitation des ressources pétrolières sont considérables et détruisent les parcs, les villages autochtones et polluent. En solution de cet impact environnemental, le parti promeut la création d’un modèle de développement radicalement alternatif, développement agraire autocentré, favorisant la sécurité alimentaire et renforçant la propriété petite, moyenne et communautaire. Suite à ces révoltes communautaires, en 2008, la Nature sera inscrite dans la Constitution « comme sujet de droit ».

Où l’utiliser ?

 Dans les sujets sur les stratégies de développement, les sujets sur les changes, les sujets sur les matières premières, les sujets sur le thème du développement de façon plus général, sur la gestion de la rente.

Sujet en lien

 HEC 2008 : Les ressources naturelles : obstacle ou moteur pour la croissance économique ?

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Aurele Tranchant