L’Uruguay se caractérise par une certaine stabilité et des avancées progressistes. Il apparaît souvent comme l’élève modèle du continent.
Les inégalités économiques sont faibles comparées à ses voisins. Avec un coefficient de Gini de 0,402, c’est le pays le plus égalitaire d’Amérique latine. Il compte une classe moyenne importante, qui représente 60% de la population. Les inégalités sont entre autres réduites par des politiques sociales et économiques efficaces dans les secteurs clé (éducation, santé). Par exemple, 90% de la population âgée de plus de 65 ans est couverte par un système de pensions.
Panorama historique
Le début du XXe siècle :
L’Uruguay obtient son indépendance en 1827, à la suite d’une guerre entre l’Argentine et le Brésil. Dès le début du XXe siècle, le pays se transforme en État providence, notamment en adoptant la journée de travail de 8 heures et un système d’assurance chômage.
En 1917, l’État devient officiellement laïc, avec l’inscription de la séparation de l’Eglise et de l’Etat dans la Constitution. Ceci constitue un cas particulier dans la région, puisque la tradition religieuse exerce une forte influence sur l’État dans de nombreux pays d’Amérique latine.
La dictature militaire :
Dans les années 1960, l’Uruguay connaît un épisode d’instabilité. En effet, le pays est en difficulté économique à cause de sa dépendance trop forte aux exportations agricoles. Une guérilla marxiste répondant au nom des Tupamaros est alors créée et mène des actions violentes pour s’opposer au gouvernement.
En 1973, un coup d’Etat a lieu. Une dictature militaire est alors instaurée jusqu’en 1985. Le nouveau pouvoir en place interdit les partis politiques et l’armée mène une guerre sévère contre les opposants. On estime que durant cette période, 1 habitant sur 450 est emprisonné. Le pouvoir met également en place une libéralisation économique. Cependant, la situation se dégrade avec un taux de chômage avoisinant les 17% en 1980.
Le retour de la démocratie :
En 1985, la démocratie revient. Julio María Sanguinetti est élu à la tête du pays. Il est membre du parti Colorado, au centre-droit de l’échiquier politique. Les priorités du gouvernement sont de réduire la dette extérieure ainsi que les inégalités sociales.
La plus grande réussite de cette période est sûrement la création du Mercosur. L’Uruguay arrive à se rapprocher de ses voisins et à entamer des négociations avec eux. Le Mercosur est une zone de libre-échange, dont les membres fondateurs sont l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et le Brésil. Créée en 1991, elle représente aujourd’hui 82% du PIB total de l’Amérique du Sud.
La crise économique des années 2000 :
En 2002, le pays connaît une grave crise économique. Elle est causée par la crise argentine, qui a des conséquences directes sur ses voisins. Le gouvernement met alors en place des mesures d’austérité préconisées par le FMI, dans le but de stabiliser l’économie. La situation s’améliore assez rapidement.
La gauche au pouvoir :
L’année 2005 est marquée par un événement sans précédent. En effet, c’est la gauche qui remporte les élections présidentielles pour la première fois. Tabaré Vázquez, représentant du parti Frente Amplio (Front large) devient président. Des politiques sociales sont alors implémentées. Le Système National Intégré de Santé est créé. Il s’agit d’une assurance maladie, à laquelle l’ensemble de la population peut avoir accès.
La crise Covid : une gestion exemplaire :
En 2019, l’élection de Luis Lacalle Pou marque le retour de la droite au pouvoir. En 2020, l’Uruguay est touché par la pandémie, mais à une échelle moindre en comparaison avec ses voisins. Une campagne de vaccination efficace est mise en place rapidement. De plus, le pays développe sa propre production de tests, ce qui lui permet d’avoir une certaine indépendance.
Des exemples de mesures progressistes
Voici quelques exemples de mesures qui illustrent le progressisme du pays.
- En 2013, l’avortement est légalisé totalement. Il s’agit du premier pays de la région à le faire. Aujourd’hui, seulement 4 pays d’Amérique latine ont légalisé l’avortement : l’Argentine, la Colombie, Cuba et l’Uruguay.
- La même année, le mariage et l’adoption sont ouverts aux couples homosexuels.
- Toujours en 2013, l’Uruguay est le premier État du monde à légaliser le cannabis. Cette mesure vise à lutter contre le narcotrafic de manière pacifique, sans répression.
Uruguay : Des difficultés persistantes
Malgré ces mesures, le pays reste particulièrement touché par la criminalité et le narcotrafic. En effet, les ports du pays sont utilisés par les narcotrafiquants pour exporter les drogues vers l’Europe. La drogue circule également dans les quartiers défavorisés, où elle est source de violence. Le taux d’homicide de l’Uruguay est de 11 homicides pour 100 000 habitants. Même s’il est plus bas que dans les autres pays de la région, il reste 2 fois plus élevé que la moyenne mondiale.
Les politiques de lutte contre le narcotrafic ne se sont donc pas toujours montrées très efficaces. Beaucoup de personnes sont condamnées à de courtes peines de prison. Mais une fois qu’elles sont relâchées, elles ne sont pas accompagnées dans leur réinsertion. Ceci mène à des récidives et donc à des incarcérations répétées. De plus, en dépit de la légalisation de la drogue, 46% des consommateurs continuent à utiliser une alternative illégale. Ceci peut s’expliquer par le fait que ces alternatives sont souvent moins chères.
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