Ciao a tutti ! Aujourd’hui, nous revenons sur une problématique que rencontre Venise depuis le début de son existence : la montée des eaux. Ce sujet a fait l’objet d’un exposé pour les oraux de Grenoble École de Management. Il sera ici détaillé plus en détail que ce qu’il ne doit l’être pour les oraux.
Une conséquence du changement climatique
Le média National Geographic a publié en juillet 2022 un article sur cette thématique : “Sauver Venise de la montée des eaux pourrait mettre en péril sa biodiversité”. Certains chiffres et éléments cités proviennent de ce dernier.
En 2015, dans le Connecticut, le président américain Barack Obama tient un discours aux jeunes officiers de l’Académie des garde-côtes. Il y est évoqué notamment l’impact du réchauffement climatique sur la défense maritime américaine. Barack Obama a déclaré :
- « Le changement climatique est une menace pour la sécurité de notre pays . […] Aucune nation n’est épargnée ».
La question du changement climatique, plus particulièrement celle de la montée des eaux, est un sujet qui concernera de plus en plus de personnes. Aujourd’hui, Venise est particulièrement mise en avant à ce sujet. Mais elle n’est pas la seule concernée par cette problématique.
La Serenissima a déjà commencé à lutter contre la montée des eaux à travers son projet MOSE. Des digues sont positionnées à des lieux stratégiques de la lagune afin d’émerger en cas d’acqua alta. Ces montées des eaux provoquent régulièrement de graves dommages et impactent l’économie vénitienne.
Ainsi, comment concilier le développement économique avec la lutte contre le changement climatique ?
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Protéger l’économie, une nécessité face au changement climatique
Le projet MOSE, acronyme de Modulo Sperimentale Elettromeccanico, a vu le jour au début des années 2000. Alors que le projet était initialement estimé entre 50 et 300 millions d’euros, sa construction s’est avérée plus coûteuse. Ce n’est pas moins de 6 milliards d’euros qui ont été investis pour protéger la Città dei Dogi.
Face à un projet d’une telle ampleur, les besoins économiques sont conséquents. Venise peut compter sur le soutien de l’État italien mais également sur des subventions européennes. L’Union européenne a versé successivement un soutien financier de 480 puis de 500 millions d’euros pour la réalisation de travaux liés au projet MOSE.
Mais la Serenissima doit également subvenir elle-même à ses besoins économiques. Pour cela, elle peut compter sur son patrimoine qui attire chaque année 28 et 30 millions de touristes par an selon l’Institut Sapiens. Les acqua alta menacent aussi bien le patrimoine que l’économie de la ville.
Venise n’est pas la seule dans cette situation comme le démontre le cas des Pays-Bas. Ils sont considérés comme les champions dans la construction de digue avec pas moins de 20 000 kilomètres de digues. Sans ces dernières, 60 % du pays serait sous l’eau. La Hollande dépense plusieurs milliards d’euros dans l’entretien de ses digues. Les Pays-Bas ont donc tout intérêt à avoir une économie solide et forte pour assurer sa pérennité face à la montée des eaux.
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Économie polluante ou innovation néfaste, une fausse bonne idée ?
Pour autant, il peut être intéressant de s’interroger sur la nécessité de la lutte contre le changement climatique si cela implique de protéger une économie polluante ou d’installer des infrastructures néfastes pour l’environnement.
L’économie de la Hollande repose essentiellement sur l’exportation de produits. De l’agriculture à l’énergie fossile, le modèle économique hollandais peut être considéré comme polluant. D’une certaine manière, les Pays-Bas contribuent au réchauffement climatique et, par conséquent, à la montée du niveau de la mer. Ainsi, faut-il chercher à lutter contre la montée des eaux pour protéger une économie qui accentuera par la suite la problématique qu’ils essayent de combattre ? Mais faut-il également préférer le fatalisme à l’optimisme ? Une réponse semble difficilement envisageable.
Il en va de même pour la Serenissima. L’installation des digues MOSE dans la lagune vénitienne peut être également une fausse bonne idée. En effet, l’utilisation de cette infrastructure a un impact sur la biodiversité marine vénitienne. L’élévation des digues cause un blocage des courants d’eaux salées. Cela provoque la destruction de plantes marines nécessaires au stockage et à la destruction du dioxyde de carbone. À titre de comparaison, le géologue Massimiliano Ghinassi explique que l’élimination du CO2 par la lagune vénitienne est cinquante fois supérieure à celui des forêts tropicales.
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L’innovation au service de la lutte contre le changement climatique
Face aux nombreuses conséquences du changement climatique, tel que la montée des eaux, il est nécessaire d’innover intelligemment.
En ce qui concerne le projet MOSE, l’innovation ne permet pas de régler la problématique du changement climatique mais seulement sa conséquence. Actuellement, les autorités vénitiennes déclenchent les digues lorsque le niveau de la mer dépasse les 1,1 mètre habituel.
Cependant, les scientifiques préconisent un autre niveau d’activation. Les digues de la lagune devraient s’élever lorsque le niveau dépasse les 1,3 mètre. Ainsi, sur le long terme, 10% de la biodiversité serait sauvée.
Il faut encourager l’innovation qui repense notre mode de vie et s’attèle directement au changement climatique. Par exemple, nous pouvons repenser notre habitat de différentes manières :
- Repeindre les toits en blancs afin de reproduire l’effet d’albedo
- Revégétaliser nos toits pour permettre une baisse du dioxyde de carbone
- Installer des panneaux solaires pour produire une énergie moins émettrice en CO2
Venise comme les Pays-Bas sont en première ligne en Europe face à la montée des eaux. À travers les innovations et les nombreux investissements, ces deux symboles du changement climatique luttent pour leur survie. Leur enjeu futur, auquel d’autres devront se joindre pour remédier à cette problématique, sera de mettre l’innovation au service de l’environnement.
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