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L’Italie dans l’Union européenne

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L'Italie dans l'Union Européenne

Ciao a tutti ! Aujourd’hui, nous allons nous interroger sur la place de l’Italie dans l’Union européenne. Il est courant d’entendre que l’Italie dépend en grande partie des aides financières de l’Union européenne. De ce fait, est-il possible de considérer l’Italie, membre fondateur de l’Union européenne, comme une puissance défaillante ? Nous tâcherons de rester objectif en examinant la véracité de ces idées préconçues.

 

L’Italie, un soutien relatif à l’Union européenne ? 

 

Un pays europhile

L’Italie a fait partie des premiers pays à croire en l’idée d’une Europe unifiée. En 1951, l’Italie est l’un des 6 pays signataires de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Quelques années plus tard sera signé le traité de Rome, texte fondateur de la Communauté Économique Européenne (CEE).

Parmi les 7 « pères de l’Europe », nous retrouvons un personnage clé de la vie italienne : Alcide De Gasperi. Au côté de Robert Schuman ou de Konrad Adenauer, Alcide De Gasperi pensera le fédéralisme européen bien au-delà de la CECA. Il a été président du conseil italien à 8 reprises, de 1945 à 1953.

L’Italie voit en l’Union européenne, et ce dès le début, une opportunité pour résoudre de nombreuses problématiques. Les italiens ont une faible confiance en leur hommes et femmes politiques. De ce fait, ils sont partisans d’une solution extérieure pour une problématique interne. Selon l’Eurobaromètre, l’Italie s’est toujours considérée comme une fervente défenseure de l’UE. En 2009, 61% des italiens ont confiance en la Commission Européenne. Certaines problématiques ont reçu l’aide de l’Union européenne comme par exemple la question méridionale italienne. En 2023, 52% des italiens pensent qu’ils ne réussiront pas à affronter leurs défis de demain s’ils étaient hors de l’UE.

 

Lire plus : Quelle est l’histoire de la construction européenne ?

 

La montée de l’euroscepticisme

Toutefois, à partir de la crise économique en 2008, un courant va prendre de l’ampleur en Italie : l’euroscepticisme. En effet, nous voyons émerger dans certains partis politiques un discours anti-européen. Au Nord, le parti dirigé depuis 2013 par Matteo Salvini, Lega Nord est critique envers l’UE et le Mezzogiorno. Au Sud, le parti Movimento 5 Stelle (M5S) de Beppe Grillo, repris aujourd’hui par Giuseppe Conte, brandit la volonté d’un référendum de sortie de l’UE. De 2018 à 2021, Giuseppe Conte présidera le conseil italien à travers une coalition M5S – Lega (Nord). C’est une grande première pour l’Italie europhile.

De nombreuses raisons expliquent la montée de l’euroscepticisme en Italie. Parmi celles-ci, la question migratoire occupe une place centrale. L’Italie constitue l’une des principales portes d’entrée aux mouvements d’immigration extra-européens. Selon le gouvernement italien, en 2023,  le nombre de migrants ayant débarqués en Italie serait d’environ 150 000. C’est, selon le ministère de l’intérieur, 50% de plus qu’en 2022. L’Italie se sent délaissée par l’UE sur ce sujet.

À cela s’ajoute la crise économique et la désindustrialisation du pays. En effet, à travers l’espace Schengen, nous observons une polarisation des industries, où des pays comme l’Allemagne bénéficient d’une forte industrialisation, au détriment des pays périphériques de l’UE tels que l’Italie.

 

L’Italie, un pays sous perfusion européenne

 

Les aides financières européennes

Mais alors d’où vient cette idée que l’Italie serait sous « perfusion européenne » ? Cette expression, en économie, décrit le fait d’être maintenu économiquement grâce à des apports financiers extérieurs. L’Italie doit faire face à de nombreuses problématiques qui peuvent parfois entraver son développement. Pour y remédier, les membres de l’Union européenne allouent des fonds financiers pour des projets économiques. 

L’Italie dispose de Fonds structurels Européens qui sont divisés en plusieurs catégories. Le montant total attribué à l’Italie s’élève à 44,7 milliards d’euros pour la période entre 2014 et 2020. Pour n’en citer qu’une, le Fondo Sociale Europeo (Fond Social Européen) vise à accroître les opportunités professionnelles des citoyens européens. À cela s’ajoutent de nombreuses « aides exceptionnelles » telles que les 1,5 milliard d’euros destinés à soutenir les entreprises du Mezzogiorno à la suite de la Covid19.

Le plus connu actuellement est le Piano Nazionale di Ripresa e Resilienza (PNRR). D’un montant de 191 milliards, ce plan vise à moderniser l’Italie sur de nombreux secteurs, et notamment l’écologie, les transports, l’éducation, la recherche…

 

Lire plus : Le plan italien de 191 milliards : tout savoir du PNRR

 

Les conditions européennes

Pour autant, si l’Italie peut recevoir ces nombreuses aides financières, elle se doit de respecter certaines conditions de l’UE.

Étant membre de l’UE, l’Italie se doit de respecter, comme tout le reste des états européens, ces 3 règles :

  • Un plafond de déficit budgétaire à 3% du PIB
  • Un plafond de dette publique fixé à 60% du PIB (sauf exception)
  • Avoir l’objectif d’arriver à moyen terme à une position d’équilibre ou excédentaire pour la dette publique

Pour autant, en 2018, les relations entre l’Italie et l’Union européenne sont au plus bas. Un contentieux concernant le budget italien réalisé par Matteo Salvini ne respectait pas les conditions européennes. Ce projet budgétaire prévoyait un déficit budgétaire de 2,4% du PIB, ce qui avait ébranlé les systèmes financiers européens. Ce projet a été revu à la baisse après de nombreuses discussions entre les deux parties prenantes.

 

L’Italie, une puissance européenne relative

Pourtant, malgré tout cela, l’Italie demeure encore aujourd’hui, un moteur au sein de l’Union européenne. Bien qu’elle fasse partie des pays du sud de l’Union européenne, elle fait figure d’exception. Éric Nielsen, économiste en chef pour l’Union européenne chez Goldman Sachs, a déclaré :

  • « L’Italie est dans une position plus agréable que les autres pays du sud de l’Europe grâce à une meilleure balance commerciale »

L’Italie est un acteur économique important au sein de l’UE, se classant en troisième position derrière l’Allemagne et la France. Son Produit Intérieur Brut (PIB) s’élève à 1 909 milliards d’euros soit 300 milliards de plus que celui de l’Espagne. Ce PIB représente 12% de l’économie européenne. En ce qui concerne le ratio dette/PIB, l’Italie a réussi à le réduire, passant de 149,8% en 2021 à 144.4% en 2022.

Malgré les problèmes démographiques rencontrés en Italie, le Belpaese n’en reste pas moins la troisième puissance démographique de l’Union européenne. C’est également le troisième pays en termes de nombre de députés présents au Parlement (76/705). La voie de l’Italie a un poids significatif, avec seulement 3 sièges de différence par rapport à la France. 

La position géostratégique du Belpaese renforce sa puissance au sein de l’Union européenne. Selon un rapport du centre d’étude SRM, les échanges maritimes italiens, ont augmenté de 38% en 2022. Les ports de Trieste et Genova (Gènes) restent des hubs importants dans le bassin méditerranéen. De plus, l’Italie est une porte d’entrée pour le gaz européen provenant notamment de l’Algérie. Enfin, la Botte dispose du plus grand patrimoine reconnu par l’UNESCO, ce qui fait d’elle un pays majeur pour l’attractivité touristique de l’Union européenne. 49,8 millions de touristes se sont rendus en Italie en 2022. L’Italie est le troisième pays le plus touristique de l’Union européenne.

 

Ainsi, en tant que troisième puissance européenne, l’Italie joue un rôle primordial dans le fonctionnement européen. Néanmoins, ce pays est également confronté à des difficultés, étant parfois perçu comme l’homme malade du vieux continent qu’est l’Europe. De plus, les changements récurrents de gouvernement ne permettent pas une continuité efficace des réformes menées à l’échelle nationale. L’Italie est ainsi confrontée à de nombreux défis qu’elle tente tant bien que mal de surmonter.

 

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Aubrin Guillot
Étudiant à GEM, passionné par l'Italie et la géopolitique, je vous accompagne jusqu'à vos concours !