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Avicenne : celui qui prouva l’existence de Dieu

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Avicenne : celui qui prouva l'existence de DIeu

Ibn Sina, connu en Occident sous le nom d’Avicenne, est un philosophe et médecin persan. Il est né en 980 en Ouzbékistan et mort en 1037 en Iran. Il est l’auteur d’ouvrages de référence en médecine et en philosophie, ainsi qu’en astronomie, alchimie et psychologie.

Ses disciples l’appelaient « prince des savants » ou encore « le troisième maître » (après Aristote et Al-Fārābī).

Ses œuvres principales sont l’encyclopédie médicale Qanûn (Canon de la médecine) et ses deux encyclopédies scientifiques, le Livre de la guérison et Livre de science.

Si son œuvre médicale n’a plus qu’un intérêt historique, son œuvre philosophique se situe au carrefour de la pensée orientale et de la pensée occidentale. Elle reste étudiée au début du XXIe siècle dans le cadre de l’islam et la philosophie académique.

 

Canon de la médecine

 

L’influence d’Avicenne

Avicenne opère une vaste synthèse médico-philosophique avec la logique d’Aristote. Il la combine avec le néo-platonisme, élevant la dignité de la médecine comme discipline intellectuelle. Son influence sera prédominante dans l’Occident médiéval latin jusqu’au XVIe siècle.

Son influence dure jusqu’à sa contestation à la Renaissance. Léonard de Vinci en rejette l’anatomie et Paracelse le brûle. C’est le développement de la science européenne qui provoquera son obsolescence. Néanmoins, cet ouvrage marqua longuement l’étude de la médecine. Sous Louis XIV, le chirurgien Antoine Lambert le cite comme l’un des plus grands médecins de l’Histoire et le surnomme « prince des Arabes ».

On reproche à Avicenne cette fusion de la médecine et de la philosophie, or, nous lui accordons d’avoir distingué la médecine au sein même de cette fusion. Selon les dires d’Avicenne : « Certes le discours du philosophe est plus vrai, car il est prouvé avec subtilité, mais le discours du médecin est plus manifeste à première vue ».

Avicenne se démarque en combinant la foi avec le raisonnement philosophique. Il accepte de l’islam ce qui lui parait logique et cohérent. Il pense la médecine comme une science rationnelle, rejetant les références magiques, ésotériques, alchimiques et astrologiques.

 

Exemple de ses exploits en médecine

  • Selon lui, le corps humain fonctionne selon un équilibre de quatre humeurs, quatre qualités et quatre tempéraments. Avicenne distingue des « forces naturelles » : procréation, génération et nutrition.
  • Il renouvelle les descriptions de l’apoplexie cérébrale, du diabète et de l’hydropisie.
  • Ce dernier attribue la formation des calculs de vessie à un excès de matière dans l’urine.
  • Il décrit la rage chez les chiens, loups, renards et chacals, attribuant cette condition à un excès de bile noire.
  • Avicenne est plus explicite que ses prédécesseurs en distinguant des maladies, telles que la rougeole et la variole.
  • Avicenne présente une liste de 765 produits pharmaceutiques simples, classés par qualité et intensité.
  • Il décrit la trachéotomie et propose divers moyens pour traiter la douleur (médicaments antalgiques, massages et musique).
  • Le philosophe perse décrit les propriétés des aliments et boissons. Il conseille un régime alimentaire adapté à chaque individu pour des objectifs préventifs et curatifs.
  • Pour Avicenne, l’hygiène est essentielle pour conserver la santé. Il insiste sur l’élimination des déchets corporels et le respect d’un bon rythme de sommeil.
  • Avicenne attribue l’infection à des particules terrestres et des vapeurs malsaines.
  • Il reconnaît la transmission par contact de maladies comme la tuberculose, la lèpre, la gale et la variole.

 

Lire plus : la philosophie d’Aristote

Livre de la guérison

 

Dieu selon Avicenne

Avicenne reprend la théorie des quatre causes d’Aristote, mais introduit une nouvelle idée. Dieu est la cause efficiente, c’est-à-dire la cause créatrice. Contrairement à Aristote, pour qui Dieu était simplement un moteur qui met tout en mouvement, Avicenne voit Dieu comme la cause qui donne existence à toute chose.

L’essence d’une chose est non contingente et possède en elle-même la possibilité d’exister. Pour qu’une chose existe, il faut une cause nécessaire qui est Dieu.

Avicenne propose une suite d’arguments pour l’existence de Dieu basé sur la contingence :

  1. Quelque chose existe.
  2. Ce qui existe est soit possible, soit nécessaire.
  3. Si c’est nécessaire, alors un Être nécessaire existe.
  4. Si c’est possible, il doit avoir une cause.
  5. La totalité des choses possibles a une cause externe à elle.
  6. Cette cause externe est nécessaire.
  7. Donc, un Être nécessaire existe.

 

L’intelligence humaine selon Avicenne

L’homme est intelligent en puissance, mais seule l’illumination par l’Ange lui confère le pouvoir de passer de la connaissance en puissance à la connaissance en acte. Toutefois, la force avec laquelle l’Ange illumine l’intellect humain varie :

  • les prophètes, inondés de l’influx, réémettent cette surabondance aux autres hommes.
  • d’autres reçoivent tant d’influx (moins que les prophètes), qu’ils écrivent et enseignent, participant à la redistribution vers les autres.
  • d’autres en reçoivent assez pour leur perfection personnelle.
  • d’autres, si peu qu’ils ne passent jamais à l’acte.

 

Selon cette conception, l’humanité partage un seul intellect agent, une conscience collective. Le stade ultime de la vie humaine est donc l’union avec l’émanation angélique. Tous ceux qui ont fait de la perception de l’influx angélique une habitude, deviennent immortels.

Pour les néo-platoniciens, dont Avicenne, l’immortalité de l’âme est une conséquence de sa nature et pas une finalité. D’autres, comme Averroès, nient la permanence de l’âme individuelle, Avicenne pense que l’âme survit à la mort du corps. Il n’admet pas, en revanche, la résurrection des corps.

 

Lire plus : tout savoir sur Averroès

 

L’essence et l’existence selon Avicenne

Pour Avicenne, l’existence est le domaine du contingent et de l’accidentel. L’essence persiste dans un être au-delà de l’accidentel. Selon lui, de l’existence ne peut pas être déduite l’essence des choses existantes. La forme et la matière ne peuvent pas interagir et engendrer le mouvement de l’univers. L’existence doit donc être due à une causalité qui ajoute l’existence à une essence. Pour ce faire, la cause doit être une chose existante et coexister avec son effet.

En clair, l’existence ne peut pas être expliquée uniquement par l’essence. L’existence doit être donnée par une cause extérieure qui ajoute l’existence à l’essence. Cette cause doit être existante et coexister avec son effet pour transmettre l’existence.

Informations complémentaires

 

La cosmologie selon Avicenne

Avicenne s’inspire de la vision d’Al-Farabi. L’univers est constitué d’une hiérarchie de mondes sphériques, animés par des Âmes célestes (anges et archanges). Ces âmes proviennent de Dieu et sont les motrices des cieux. Elles sont dépourvues de la perception du sensible. Il y a pour chaque sphère céleste une âme motrice qui est douée d’imagination.

Dieu est une substance immobile, un premier moteur unique. Le cosmos comporte une hiérarchie, appelé « Hiérarchie des Dix Sphères« . Cette hiérarchie correspond aux Dix Sphères englobantes (Sphère des Sphères, Sphère des étoiles fixes, sept Sphères planétaires et Sphère sublunaire).

 

La psychologie selon Avicenne

Le corps obéit chaque fois que l’esprit souhaite déplacer le corps. L’influence de l’esprit sur le corps provient des émotions et de la volonté. Par exemple, si une planche est placée comme un pont au-dessus d’un gouffre, une personne pourrait difficilement l’emprunter si elle n’arrive pas à s’imaginer traverser sans tomber.

Ainsi, de fortes émotions négatives peuvent avoir un effet négatif sur les fonctions végétatives d’un individu. Elles peuvent même entraîner la mort dans certains cas.

Avicenne discute également de l’hypnose. Il déclare que nous pouvons créer des conditions chez une autre personne pour qu’elle accepte la réalité de l’hypnose. Avicenne est le premier à diviser la perception humaine en cinq sens externes, à savoir, les sens classiques (ouïe, vue, odorat, goût, toucher) et les cinq sens internes :

  • le sens commun, qui intègre des données sensorielles dans des percepts
  • la faculté imaginative, qui conserve les images perceptives
  • l’imagination, qui agit sur ces images en les combinant et en les séparant
  • l’instinct, qui perçoit les qualités (le bien et le mal, l’amour et la haine) et forme la base du caractère d’une personne, influencée ou non par la raison
  • les intentions, qui conserve toutes ces notions en mémoire.

 

Avicenne donne aussi des explications psychologiques pour certaines maladies :

  • la mélancolie est un trouble de l’humeur. La personne peut devenir méfiante et développer certaines phobies.
  • la colère annonce la transition de la mélancolie à la manie.
  • l’humidité à l’intérieur de la tête peut contribuer aux troubles de l’humeur. Cela se produit lorsque la quantité de respiration change. Le bonheur augmente la respiration, ce qui entraîne une augmentation de l’humidité à l’intérieur du cerveau. Or, si cette humidité dépasse ses limites, le cerveau perd le contrôle de sa rationalité et entraîne des troubles mentaux.

 

Lire plus : Marc-Aurèle : comment être un homme bon ?

 

Je vous donne ci-dessous plusieurs sources que je consultais en prépa pour me cultiver en philosophie :

Les Bons Profs (chaîne YouTube)

Digischool (site Internet / chaîne YouTube)

Cyrus North (chaîne YouTube)

Le Précepteur (chaîne YouTube)

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Stéphane Westermann
Après deux années de prépa ECG au Lycée Georges de la Tour à Metz, j'ai pu intégrer Neoma avec pour objectif d'assister les étudiants dans l'excellence de leur Culture Générale et de leur langue allemande !