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Le sous-développement : causes, conséquences, exemples

Sommaire
les théories socio-économiques du développement

La notion de développement est une notion qui prend une place importante dans le programme d’ESH. Pour preuve, de nombreux sujets de concours font appel à cette notion : HEC 2015, ECRICOME 2018… C’est pourquoi Mister Prépa te propose un article sur les causes, conséquences et exemples du sous-développement !

 

 

I – Les causes du sous-développement sont controversées

 

A) Le sous-développement peut s’entendre comme un retard de développement

Le modèle de Rostow (Les Étapes de la croissance économique, 1960) est un modèle qui présente une conception linéaire du développement. A partir des expériences des pays industrialisés européens (plus particulièrement de la Grande-Bretagne) entre le XVe et le XXe siècle, il analyse le développement comme un processus linéaire : il y a une succession de 5 étapes par lesquelles toute société doit passer au cours de son histoire.

Les 5 grandes étapes du développement sont :

  • La société traditionnelle
  • Les conditions préalables au décollage
  • Le take-off
  • La marche vers la maturité
  • L’ère de la consommation de masse

 

Ainsi, chez Rostow, un pays sous-développé est un pays qui n’a pas atteint la dernière étape. Or, pour déclencher le take-off, 2 conditions sont essentielles :

  • Une élévation du taux d’investissement productif (FBCF) qui doit dépasser 10% du PIB.
  • La création d’un ou plusieurs secteurs industriels qui sont susceptibles d’entraîner l’apparition d’autres industries en amont et en aval.

Dès lors, la cause principale du sous-développement chez Rostow est le manque d’accumulation d’épargne (nécessaire à l’investissement productif).

 

B) Le sous-développement est dû aux structures internes des PED

Un PED connaîtrait des obstacles empêchant le processus de développement de se mettre en place ; la prise en compte de ceux-ci peut expliquer le sous-développement.

Effectivement, il existe un cercle vicieux de la pauvreté. C’est ce que théorise Nurkse en 1953 (Problems of Capital Formation in Underdeveloped Countries) lorsqu’il affirme : « les pays sont pauvres parce qu’ils sont pauvres ».

On peut expliquer ce cercle vicieux de 2 façons :

  • Du côté de l’offre : faiblesse des revenus => capacité d’épargne insuffisante => investissement faible => sous-accumulation de capital => insuffisance des gains de productivité => croissance faible => faiblesse des revenus.
  • Du côté de la demande : faiblesse des revenus => demande insuffisante => pas d’incitation à investir (du fait du manque de débouchés) => pas d’augmentation de la productivité => croissance faible => faiblesse des revenus.

 

Pour illustrer sa thèse, on peut prendre l’exemple de n’importe quel PMA (pays les moins avancés). Par exemple, Haïti est un pays à faible niveau de revenu avec un PIB/hab de 1750 dollars. Dès lors, l’épargne des haïtiens est extrêmement faible, ce qui limite l’investissement : la formation brute de capital fixe ne représentait que 16% du PIB en 2023. Cet investissement faible est la cause d’une croissance du PIB atone (1,2% en 2022), ce qui limite l’augmentation des revenus.

 

C) Le sous-développement s’explique par un rapport de domination

Selon la thèse Prebisch-Singer, il existe des relations de dépendance entre un « centre » (les PDEM) et une « périphérie » (les PED). En effet, on assiste à une division internationale du travail entre matières premières et produits manufacturés.

Dès lors, les PED font face à une dégradation de termes de l’échange : les prix des produits primaires (souvent vendus par les PED) baissent inéluctablement (sur le LT) face aux prix des biens manufacturés. Ainsi, les PED doivent exporter des quantités de plus en plus importantes de produits primaires pour compenser l’augmentation du prix relatif de leurs importations (sinon le solde de leur balance courante ne peut que se détériorer).

Ainsi, la cause du sous-développement est le commerce international : celui-ci appauvrit les PED. Par exemple, entre 1875 et 1938, les termes de l’échange entre pays du Nord et pays du Sud se sont dégradés de 43%.

 

D) Le sous-développement s’explique par des facteurs socio-culturels

Dans L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme, Weber met en évidence une relation double entre religion et essor du capitalisme du milieu du XVIIIe siècle, en constatant que le développement du capitalisme en Allemagne est plus net dans les régions protestantes que catholiques. Ainsi, certaines valeurs religieuses particulières au protestantisme sont favorables au développement selon lui.

En effet, le calvinisme (une forme de protestantisme) prône la prédestination i.e. le fait que Dieu destine certaines créatures au salut par la seule force de sa grâce et voue les autres (quoi qu’elles fassent) à la damnation. Les croyants ont cherché les signes terrestres de l’élection de Dieu à travers leur activité professionnelle : c’est dans la récompense économique qu’ils voyaient le signe du salut éternel. Ainsi, les protestants calvinises ont cherché à maximiser leur profit, et ont donc contribué au développement de certaines régions de l’Allemagne, du fait de leur croyances religieuses.

Au contraire, certaines valeurs religieuses pourraient être « toxiques » au développement des pays. Ainsi, on peut considérer que le judaïsme, le christianisme et l’islam, parce qu’ils interdisent le prêt à intérêt, ont freiné le développement de certains pays.

 

Lire plus : Why Nations Fail : L’importance des institutions dans le développement économique (fiche de lecture)

 

 

II – Les conséquences du sous-développement

A) Les inégalités entre pays développés et PED

Si l’on considère qu’il existe un cercle vicieux de la pauvreté comme le fait Nurkse, alors il doit y avoir un « cercle vertueux de la richesse ». Dès lors, les inégalités ne peuvent que s’accentuer entre PED et PDEM.

Par exemple, le PIB par habitant du Niger est de seulement 600 dollars en 2023 : ce pays fait partie des 45 PMA dans le monde. Par comparaison, le PIB par habitant est d’environ 76000 dollars aux Etats-Unis en 2022.

 

B) Les inégalités internes aux PED

Les pays en développement connaissent nécessairement de fortes inégalités internes. En effet, 2 causes inhérentes au sous-développement augmentent ces inégalités :

  • La forte proportion des emplois dans le secteur informel augmente les inégalités car les emplois dans ce secteur sont peu rémunérés et peu productifs.
  • La redistribution est faible dans la plupart des PED. Par exemple, en Inde, l’Indira Gandhi National Old Age Pension Scheme est une pension vieillesse qui couvre 90 millions de vieillards indigents. Toutefois, le montant des sommes redistribuées ne permet pas à ses bénéficiaires de dépasser le seuil de pauvreté.

 

De ce fait, selon François Bourguignon (2015), la contribution des inégalités au sein des pays dans l’inégalité mondiale est passée de 30% à 40% entre 1990 et 2010.

 

C) La mise en place de stratégies de développement

Le sous-développement peut être également incitatif : il peut provoquer une pression créatrice et inciter à la mise en place de stratégies de développement.

Pour rappel, on identifie 2 grands types de stratégies de développement :

  • Les stratégies de développement par industrialisation (industrialisation par substitution d’importations, par substitution d’exportations, par industries industrialisantes)
  • Les stratégies de développement libérales fondées sur le consensus de Washington

 

Par exemple, la Corée du Sud a adopté dans les années 1960 une stratégie d’industrialisation par substitution d’exportations (ISE). Cette stratégie a eu des résultats concluants : si en 1950, le PIB par habitant espagnol est 3 fois supérieur au PIB/hab sud-coréen, ces derniers deviennent équivalents en 1997.

 

 

Conclusion

Plus ouvertement, on peut s’interroger sur le caractère nécessaire du développement économique. En effet, le paradoxe d’Easterlin (1974) montre qu’il n’y a plus de lien entre bonheur et PIB par habitant au-delà de 15000 dollars par habitant.

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Malek Aït-Mokhtar