Misterprepa

Analyse de sujet : Les alliances d’aujourd’hui sont-elles les alliances d’hier ?

Sommaire

En avril 2024, les dirigeants japonais, états-uniens et philippins se sont réunis à l’occasion d’un sommet tripartite. Assurer la paix et la sécurité en Indo-Pacifique est l’objectif principal de cette coopération trilatérale. À travers des exercices navals conjoints en Mer de Chine méridionale, Washington et ses alliés entretiennent la rivalité avec Pékin. Cette alliance militaire vient renforcer une tendance enclenchée depuis 2009 : celle d’un positionnement américain en Asie Pacifique à travers des alliances multiples.

Pour répondre au sujet « Les alliances d’aujourd’hui sont-elles les alliances d’hier ? », il faudra dans un premier temps s’arrêter sur la définition d’une alliance. L’alliance est en effet un pacte d’intérêt commun établi par traité entre plusieurs états souverains. Cet engagement mutuel   est multiforme c’est-à-dire qu’il peut concerner diverses thématiques (militaire, économique, politique, environnementale, maritime, migratoire). L’alliance est motivée par un but déterminé. Ensuite, il faudra remarquer que le sujet est éminemment historique, il invite à comparer les alliances d’aujourd’hui c’est-à-dire celles du XXI ème siècle avec celles d’hier, à savoir celles du XIX-XXème siècles. Il est donc nécessaire d’analyser les constantes et/ou les ruptures dans les caractéristiques de ces alliances. 

Comment l’évolution des alliances reflète-t-elle les nouveaux équilibres géopolitiques du XXIe siècle ?

Une tendance notable est bien celle de la persistance des alliances (I). Toutefois, les alliances évoluent et se multiplient au gré des bouleversements géopolitiques (II). Ainsi, les alliances d’aujourd’hui seraient davantage ambigües et entremêlées (III).

 

 

PLAN DÉTAILLÉ

I – Une tendance notable est bien celle de la persistance des alliances 

Assurer la sécurité collective et gagner en influence sont les objectifs des alliances géopolitiques d’hier : Les congrès et conférences sont les prémices des alliances. Ainsi, dès 1815, le Congrès de Vienne établit un équilibre des pouvoirs en Europe. Quant à la conférence de Berlin (1884-1885), elle permet de régler pacifiquement les litiges liés aux conquêtes coloniales. Les guerres sont l’occasion d’une multiplication des alliances (1882 Triple Alliance / 1907 Triple Entente). Toutefois, certaines alliances échouent comme celle de la Société des Nations (SDN) dans les années 1930. Enfin, à partir de 1947, les alliances reflètent une « géopolitique des blocs » entre les États-Unis (OECE, OTAN) et l’URSS (CAEM, Pacte de Varsovie). 

Les alliances demeurent des outils stratégiques au fil des siècles : les nations coordonnent toutes leurs ressources en vue de l’atteinte de leurs objectifs. S’allier leur permettent un partage des ressources/capacités, une gestion collective des crises et une réduction des risques (sanitaire, climatique, financier, politique, géopolitique). 

Coordination, coopération, condition et engagement : les fondements des alliances : les alliances impliquent coordination et coopération. Notamment, dans le cas de l’OTAN, le principe de base est que si un membre est attaqué, les autres membres viendront à son aide. Cela dissuade les agressions potentielles et renforce la sécurité des États membres. Les alliances incluent aussi des conditions et des engagements. Ainsi, en juillet 2023, durant le sommet de Saint Petersbourg, les dirigeants russes et africains se sont réunis. En échange d’engagements de protection de la part de la milice Wagner, les pays africains accordent des votes favorables à la Russie à l’ONU, comme ce fut le cas de l’Érythrée à propos de l’invasion en Ukraine. 

 

 

II – Les alliances évoluent et se multiplient au gré des bouleversements géopolitiques

Les alliances économiques prennent de l’ampleur face aux alliances militaires historiques : on assiste progressivement au passage de la géopolitique à la géo-économie (Edward Luttwak). Cette nouvelle forme de coopération s’illustre par des alliances telles que l’ALENA ou encore l’ACEUM où le commerce y est privilégié.

Les domaines d’action des alliances se diversifient : de nouvelles préoccupations  naissent (l’environnement, le terrorisme) du fait du processus de mondialisation  Ainsi, le C40, une alliance environnementale entre mégapoles a pour objectif de limiter le changement climatique. Quant à l’Organisation de l’unité africaine (l’OUA), elle établit en 1999 la convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme.

Étude de cas : USA / UE : la relation historique transatlantique l’emportait sur les liens états-uniens avec le Pacifique. Cependant, en 1985, les échanges transpacifiques dépassent les échanges transatlantiques. On pense alors assister à une « dérive des continents » (Thierry Chopin), impression renforcée par le mandat de Trump. Toutefois, les engagements états-uniens lors de la guerre d’Ukraine témoigne d’un réveil de l’alliance transatlantique. 

 

 

III – Les alliances deviennent de plus en plus ambigües et s’entremêlent 

Les alliances interviennent à diverses échelles, ce qui complexifie leur lisibilité et favorise leur entremêlement : à l’échelle mondiale, on retrouve les organisations mondiales telles que l’OMS et l’OMC. Elles favorisent une bonne gouvernance. À l’échelle régionale, les ZIR (UE, Mercosur, ASEAN, Union Africaine, OCS, Conseil de coopération du Golfe) permettent des partenariats ciblés. Certaines puissances adoptent des positionnements ambigus, à l’instar de la Turquie, une puissance révisionniste pourtant membre de l’OTAN. 

Les alliances asymétriques révèlent la hiérarchie des puissances : les États-Unis, leader du monde global sont à la tête de multiples alliances. Quant à la Russie, elle est un « junior partner » commercial pour Pékin, qui lui impose les conditions et les tarifs pour ses achats de gaz. 

L’alliance des BRICS concurrence les accords occidentaux : les puissances émergentes gagnent en légitimité et en nombre comme en témoigne l’élargissement des BRICS (Iran, Argentine, Égypte, Ethiopie, Arabie saoudite, Émirats arabes unis). 

 

 

La démultiplication des alliances peut servir de mécanisme de dissuasion des guerres. Dès lors, les guerres d’aujourd’hui sont elles les guerres d’hier ? 

Newsletter
Image de Clara Bouquet
Clara Bouquet