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Fiche Friedrich Hayek :libéralisme, Etat et citations

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Friedrich Hayek (1899-1992) est un économiste et philosophe austro-britannique, lauréat du prix Nobel d’économie en 1974 pour ses travaux portant sur la théorie de la monnaie et les fluctuations économiques ainsi que sur les interactions économiques, sociales et institutionnelles. Il appartient à l’école autrichienne, ce qui fait de lui un économiste très libéral et un fervent opposant à l’interventionnisme étatique. Il est considéré comme l’un des principaux théoriciens du néo-libéralisme et a ainsi fortement influencé les politiques économiques menées par Reagan aux Etats-Unis et Thatcher au Royaume-Uni. Dans cet article, nous allons aborder sa conception libérale de l’économie, son œuvre majeure, La route de la servitude et ses plus célèbres citations. 

 

La conception libérale de l’économie de Friedrich Hayek  

En tant qu’autrichien du XXe siècle, Hayek est confronté aux guerres mondiales, au nazisme, à la crise des années 30 et à la guerre froide, ce qui l’amène à rejeter toute sorte d’intrusion de l’Etat dans l’économie et dans la vie des individus. En ce sens, il s’oppose aussi bien au totalitarisme qu’au keynésianisme. Une de ses idées centrales est l’ordre spontané : la somme des actions des individus poursuivant leurs intérêts propres, sans aucune intervention étatique, va parvenir à une organisation optimale, et cela grâce à une exploitation de la connaissance dispersée dans toute la société (et non accaparée par l’Etat). En somme, il défend la pleine efficience du marché pour garantir aux hommes la liberté et l’allocation optimale des ressources. 

Hayek s’est également affirmé en tant que grand détracteur de John Maynard Keynes.  Il a tout d’abord fortement dénoncé les politiques monétaires expansionnistes pour leur caractère inflationniste. En outre, à l’inverse de Keynes, Hayek soutient qu’il est important de promouvoir l’épargne pour pallier le déséquilibre mis en évidence par la crise entre l’investissement et son financement. Il pense que l’argent épargné est investi avec discernement. Enfin, leurs analyses de la crise de 1929 divergent : Keynes attribuait la crise à une faiblesse de la demande anticipée alors que Hayek estimait qu’elle provenait d’un excès d’investissement financé par le crédit bancaire et soutenu par des déficits budgétaires. 

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Pour parachever sa défense du libéralisme, Hayek va soutenir dans Price and Production (1931) que les politiques monétaires vont non seulement créer de l’inflation, mais également renforcer la potentialité d’une crise économique. Il mobilise pour cela deux concepts : la structure de production (les étapes de la production d’un bien) et le détour de production (nécessité pour un producteur d’investir, allongeant le processus de production, pour devenir à terme plus productif). Ce dernier peut être dû à une décision individuelle, et ainsi être bénéfique car les agents disposent d’une bonne information, ou être la conséquence d’une politique monétaire expansionniste. Ce cas est problématique pour Hayek car en raison de la baisse des taux d’intérêts, la demande de biens de production augmente donc leur offre également. Or la demande de biens de consommation est ici restée inchangée car l’information est imparfaite à cause de l’intervention étatique. Il y a alors trop de biens de production et pas assez de biens de consommation, ce qui entraîne le déclenchement de la crise économique. Selon Hayek, la crise économique est donc exogène (provoquée par l’Etat qui n’appartient pas à l’économie), mais aussi transitoire (elle va se résorber seule, sauf si l’Etat intervient et l’aggrave). 

 

L’œuvre phare de Friedrich Hayek : La Route de la servitude 

En pleine Seconde Guerre mondiale, Hayek publie La Route de la servitude (1944), son ouvrage de référence pour défendre le libéralisme. Hayek y réalise en effet un pamphlet contre l’Etat interventionniste et la planification de l’économie, identifiant 4 maux principaux. Premièrement, dans une société aux besoins divers, Hayek soutient que la planification centrale impose des choix uniformes, sacrifiant la liberté individuelle pour résoudre les conflits d’intérêts. Ensuite, il considère que la connaissance est dispersée dans toute la société : ce faisant, l’Etat ne dispose pas de toute l’information et son intervention sera donc inefficace. De plus, les lois et décisions vont alors être appliquées en fonction de la planification, ce qui va représenter une menace pour l’Etat de droit. Finalement, il observe que même dans les sociétés démocratiques, la concentration du pouvoir et de l’action économique par l’Etat dans le cadre de la planification ouvre la porte au totalitarisme, comme l’illustrent les exemples de l’Allemagne nazie ou de l’Union soviétique. On comprend donc pourquoi Hayek évoque une “route de la servitude” : l’intervention excessive de l’État dans l’économie et la vie sociale mène inévitablement à la perte de liberté, conduisant ainsi les individus vers une forme de servitude. 

Hayek n’est cependant pas anarchiste : il ne prône pas l’abolition de l’Etat. En effet, il estime que certaines missions lui incombent, comme garantir le respect des lois, la protection des droits de propriété, et la prévention des monopoles. La Route de la servitude est donc un manifeste libéral car il défend la primauté de la liberté individuelle et du marché libre contre les dangers de l’interventionnisme étatique et de la planification centralisée. 

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Les citations emblématiques de Friedrich Hayek 

« La route de la servitude est pavée de bonnes intentions. » : Hayek souligne que, bien que la planification centrale vise à créer une société plus équitable, elle peut mener à la perte de libertés individuelles et au totalitarisme, transformant des politiques bien intentionnées en outils d’oppression. 

« Le progrès de la société dépend de l’utilisation de connaissances dispersées parmi des milliers d’individus. » : la connaissance, dispersée entre individus, permet à une économie de marché de prospérer, tandis que la planification centralisée entraîne des inefficacités en perdant ou en utilisant mal cette information. 

En conclusion, l’influence de Hayek demeure profondément enracinée dans la pensée moderne, touchant l’économie, la philosophie politique, et le droit. Son plaidoyer pour la liberté individuelle, le marché libre, et la décentralisation des connaissances continue d’éclairer les réflexions sociales et économiques. Ainsi, Hayek reste une figure clé pour comprendre les bases d’une société libre et prospère. 

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Colin Brohan