Lege quod legis. Lis ce que tu lis. Telle est l’appréciation figurant parfois sur les copies d’hypokhâgne, après une malheureuse faute d’inattention au milieu de votre version latine… Qui n’a jamais confondu diligere et deligere ? Or, au concours, quelques erreurs suffisent à faire dangereusement baisser la note : d’où l’importance d’être précis et de ne jamais prendre un mot pour un autre ! Mister prépa liste pour toi les principaux écueils à éviter pour briller au concours, et la manière de les contourner.
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La déloyauté des faux amis
C’est le piège le plus courant en latin : vos professeurs vous ont sans doute déjà mis en garde des centaines de fois. Non, le verbe aquiesco ne correspond pas au français acquiescer !
Comment les déceler ? Le mieux est de raisonner en termes d’étymologie latine plutôt que par analogie avec le français. Par exemple, inhumatus peut sembler très proche du participe passé inhumé. Mais, si on se penche sur l’étymologie, on remarque que in est un préfixe privatif, et humatus un dérivé de humus (le sol). Ainsi, inhumatus ne signifie pas inhumé, mais au contraire qui n’est pas enterré !
Le piège des paronymes
Le deuxième écueil le plus répandu ! La langue latine compte beaucoup plus de mots que le français, et nombre d’entre eux ont s’écrivent presque de la même façon. C’est dans ce presque que réside tout le problème. Ainsi, calidus (un seul l) n’a rien à voir avec callidus (deux l), le premier signifiant chaud et le deuxième rusé.
Pour ne pas se faire avoir, il convient d’abord d’apprendre scrupuleusement son vocabulaire, à la lettre près. (Ce qui est souvent omis, puisque l’orthographe latine peut paraître secondaire quand on ne fait que de la version) Puis, face à ton sujet, lis les phrases avec beaucoup de précision, pour repérer la lettre traîtresse qui changera le sens de la version…
La fourberie des homonymes
Ces mots s’écrivent exactement de la même manière, mais ont un sens différent . Et ils ont la fâcheuse tendance d’apparaître très fréquemment dans les versions latines ! Par exemple, modo peut être aussi bien un adverbe (récemment, seulement) que l’ablatif singulier de modus (la mesure, le moyen).
La meilleure manière de les repérer est de bien connaître toutes les formes que peut prendre un même mot (déclinaison pour les noms et temps primitifs pour les verbes) : la solution réside là aussi dans l’apprentissage rigoureux du vocabulaire !
Mais pour quel sens trancher quand une même forme peut correspondre à plusieurs mots ? Il convient en premier lieu de s’aider de la construction grammaticale. Par exemple, cum peut aussi bien être une préposition suivie de l’ablatif (avec) qu’une conjonction de coordination. Mais face à une phrase telle Ambulabat cum patre, le fait qu’il n’y ait qu’un verbe et que patre soit à l’ablatif devrait te conduire à identifier cum comme une préposition. Si la construction ne permet pas de trancher, tu pourras, en second lieu uniquement, t’appuyer sur le contexte.
Notons que dans une forme versifiée, il est parfois possible de s’aider de la scansion.
La traitrise des adjectifs et des noms de même désinence
Ex montibus venit magnis hostis.
Le raisonnement de bon nombre de khâgneux serait le suivant : l’adjectif magnis et le nom hostis se terminent de la même manière. Magnis est donc l’épithète d’hostis. Grave erreur ! Magnis appartenant à la première déclinaison d’adjectifs, il ne peut être qu’au datif ou à l’ablatif pluriel. Quand à hostis, nom de la troisième déclinaison, il peut être au nominatif, au vocatif ou au génitif : ces deux mots ne sont pas au même cas, et ne peuvent donc pas s’accorder l’un avec l’autre !
Magnis est en réalité l’épithète de montibus, même s’ils ont des terminaisons différentes : ce n’est pas parce-que deux mots se terminent de la même manière qu’ils vont ensemble ! Il faut raisonner en termes de cas communs, et non de déclinaisons communes.
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Le guet-apens des formes verbales à la terminaison identique
On pourrait penser que leges et mones , prenant tous deux la terminaison –es, sont conjugués au même temps. Et pourtant, leges est un indicatif futur et mones un indicatif présent. En cause ? Lego appartient à la troisième conjugaison et moneo à la deuxième ! Ils ne se conjuguent donc pas de la même manière… et une désinence indiquant un temps ou un mode dans une conjugaison peut indiquer un temps ou un mode différent dans une autre conjugaison !
Pour ne pas être pris au dépourvu, il suffit donc de connaître ses conjugaisons, ainsi que les temps primitifs des verbes !
Avec cela, tu devrais être armé pour contourner les différents pièges qui pimenteront ta prochaine version latine !
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