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La croissance : définitions et évolution historique

Sommaire

La notion de croissance est une notion qui prend une place importante dans le programme d’ESH. Pour preuve, de nombreux sujets de concours font appel à cette notion : Ecricome 2024, ESCP 2022, Ecricome 2022, HEC 2018… C’est pourquoi Mister Prépa te propose un article sur les définitions et l’évolution historique de la croissance économique !

 

 

Définitions de la croissance économique

Il existe quatre façons principales de définir la croissance :

  • Selon l’INSEE, la croissance économique est l’évolution de la richesse produite sur le territoire national entre 2 années ou entre 2 trimestres.
  • Selon François Perroux (L’Economie du XXe siècle, 1961), la croissance est « l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension ; pour une nation : le produit global brut ou net en termes réels. »
  • Lors de son discours de réception du prix Nobel en 1971, Simon Kuznets a défini la croissance comme étant une « augmentation à long terme de la capacité d’offrir une diversité croissante de biens, cette capacité croissante étant fondée sur le progrès de la technologie et les ajustements institutionnels et idéologiques qu’elle demande. »
  • Dans Victoires et déboires, en 1997, Paul Bairoch définit quant à lui la croissance comme étant « un processus cumulatif d’interactions qui se traduit par une hausse continue de la productivité ».

 

Concrètement au concours, la définition de Perroux est la plus utilisée parce qu’elle est la plus pertinente lorsqu’on réfléchit à la croissance à court-terme. Cependant, la définition de Kuznets est plus pertinente lorsqu’on réfléchit à la croissance à long-terme. Ainsi, c’est cette définition qui peut vous permettre de faire la différence le jour du concours !

 

Lire plus : Le sous-développement : causes, conséquences, exemples

 

L’évolution historique de la croissance

A – La rupture avec un monde malthusien à partir de la révolution industrielle

Jusqu’au XVIIIe siècle, la croissance de la population ne s’accompagne pas d’une augmentation durable du niveau de vie, comme l’explique Malthus. Selon lui, toute hausse du revenu entraîne une croissance plus rapide de la population, qui finit par épuiser les ressources disponibles. Jusqu’à cette époque, cette théorie est vérifiée, avec des niveaux de vie stagnants et une croissance du PIB mondial quasi imperceptible.

Cependant, au XIXe siècle, la révolution industrielle marque une rupture. En Europe, des facteurs comme l’émigration vers le Nouveau Monde, les importations agricoles et les gains de productivité permettent d’échapper au piège malthusien. De plus, la baisse de la fécondité ralentit la croissance démographique.

À partir de ce moment, le niveau de vie commence à s’améliorer sensiblement. Entre le XIXe et le XXe siècle, le PIB par habitant mondial triple, puis est multiplié par 9,6, malgré une forte explosion démographique. Par exemple, entre 1820 et 1913, la population du Royaume-Uni double, mais le PIB croît encore plus rapidement. Finalement, les prédictions de Malthus sont démenties, et la prospérité progresse malgré l’augmentation de la population.

 

B – L’essor économique des « Trente Glorieuses »

D’après Angus Maddison (L’économie mondiale : une perspective millénaire, 2001), les pays de l’OCDE ont connu un taux de croissance annuel moyen de 4,91% entre 1945 et 1973. Cette période de forte expansion et de quasi plein-emploi en France est appelée les « Trente Glorieuses » par Jean Fourastié.

Selon Fourastié (Les Trente Glorieuses, 1979), cette période d’une trentaine d’années a fait passer la France « de la pauvreté millénaire, de la vie végétative traditionnelle, aux niveaux de vie et aux genres de vie contemporains. »

Il existe quatre facteurs principaux qui ont permis d’atteindre de tels taux de croissance :

  • La croissance démographique En France, avec le baby-boom, le taux de natalité atteint 20‰. La population française gagne 12 millions d’habitants entre 1945 et 1973.
  • La mise en place de systèmes de protection sociale a permis une généralisation de la consommation, en particulier pour les moins aisés. Au début des années 1970, les dépenses de protection sociale sont de 17% du PIB en France.
  • L’internationalisation croissante des économies à partir des années 1950 force les entreprises à être compétitives.
  • Les gains de productivité permis par l’accélération du progrès technique accélèrent également la croissance.

 

C – Le ralentissement de la croissance des économies développées dans les années 1970 et 1980

Les trente années qui ont suivi 1973 ont été qualifiées de « Trente Piteuses » par Nicolas Baverez (Les Trente Piteuses, 1997). En effet, après les chocs pétroliers, la croissance a ralenti dans les économies développées. Par exemple, entre 1973 et 1980, la croissance est de 2,5% par an en moyenne en France.

Mais les chocs pétroliers ne sont pas les seules causes de ce ralentissement de la croissance. Les gains de productivité ont également diminué à partir des années 1970 et l’augmentation du chômage fragilise le dynamisme des investissements.

En 1987, Robert Solow fait le constat suivant, appelé “paradoxe de Solow” : “You can see the computer age everywhere, but in the productivity statistics”. Bien que la révolution numérique soit un progrès technique, elle ne se traduit pas par des gains de productivité réels dans les statistiques du PIB dans les années 1980 et jusqu’au milieu des années 1990.

 

Lire plus : La croissance économique et le modèle de Solow

 

D – Un redémarrage inégal de la croissance des pays avancés à partir des années 1990

A partir des années 1990, la croissance de certains pays avancés redémarre. Les pays concernés sont les USA, la Finlande, l’Irlande et la Corée du Sud, qui connaissent des taux de croissance moyens de 4% entre 1996 et 2000. Ces taux de croissance sont une conséquence directe des gains de productivité permis par l’essor des NTIC. Ainsi, le paradoxe de Solow semble avoir été surmonté lors de cette période.

Toutefois, la croissance potentielle s’est affaiblie dans les pays développés. Par exemple, la croissance potentielle française était de 5,5% entre 1961 et 1974, contre seulement 1,25% à partir des années 2010. Cette situation a suscité un renouveau théorique visant à expliquer la persistance de cette faible croissance (notamment la théorie de la stagnation séculaire).

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Malek Aït-Mokhtar