Alors même que les progrès de l’agriculture et la mondialisation laissaient entrevoir une période de stabilité pour la situation alimentaire mondiale, les derniers rapports du FAO se veulent inquiétants et pointent une sous-nutrition toujours très présente dans notre monde !
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Zoom sur la situation : un monde encore en proie à la faim
Pour analyser la situation, on utilise le GHI (Global Hunger Index), calculé par l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires basé à Washington.
4 indicateurs :
- proportion de population sous-alimentée
- proportion d’enfants de moins de 5 ans souffrant d’émaciation
- proportion d’enfants de moins de 5 ans trop petit
- mortalité juvénile
Aujourd’hui 44 pays sont signalés comme pays menacés par la question alimentaire et 9 sont en situation dramatique (Tchad, RCA, Sud-Soudan, Burundi, RDC, Madagascar, Somalie, Yémen et Syrie).
Concernant les famines, celles dites naturelles ont quasiment disparu grâce aux progrès agricoles, à la mondialisation et à l’aide internationale. Cependant, des famines « politiques » continuent d’exister.
Exemple : Durant la guerre du Biafra, les Ibos mirent en scène une famine pour attirer la communauté internationale sur les persécutions à leur encontre.
II- Les principaux facteurs de la faim dans le monde
Faible productivité des paysans
Dans les pays en développement (PED), l’ agriculture est principalement basée sur des parcelles petites non mécanisées. L’irrigation est partiellement ou totalement absente et les produits chimiques sont eux aussi en retrait.
Extrême pauvreté
Certaines fois, la nourriture produite est suffisante pour nourrir les hommes, mais ces derniers ne peuvent pas l’acheter.
Exemple : lors des sécheresses de 2005 et 2008 au nord du Kenya, les agriculteurs du sud étaient excédentaires en mil et manioc, mais les gens du nord ne leur achetaient pas car leurs productions étaient trop chères…
Décisions politiques
Certains pays peuvent délibérément choisir de mettre l’agriculture de côté pour favoriser d’autres secteurs économiques. Cela peut alors se traduire par de la sous-nutrition.
Exemple : Le Nigéria a choisi le tout pétrole en 1960. Son secteur agricole est alors passé de 65% des exportations à 2% aujourd’hui.
Comment demain nourrir les hommes ?
Il faut d’abord dire que cela est possible. La Terre et les progrès de l’agriculture des dernières décennies (moto-mécanisation, engrais, sélection des plantes, semences VHR…) devraient permettre de nourrir dix milliards d’êtres humains.
Cependant, le modèle actuel d’agriculture productiviste rencontre de nombreuses limites systémiques :
- Impasse sociale due, à l’effondrement du nombre d’agriculteurs (2% en Europe)
- Remise en cause dans les PED car la révolution verte conduit à des inégalités entre les populations (agriculture certes, mais pour l’exportation et pas pour la population).
- Impasse environnementale avec la pollution des sols et l’épuisement des nappes, par exemple.
Mais aussi des limites sanitaires :
- Des OGM sont pointés du doigt pour détruire l’homme de l’intérieur.
- Embellir les aliments pousse à l’obésité avec une multiplication par 6 en 40 ans.
- Point de départ de virus comme le covid qui est parti du Huanan Seafood Wholesale Market de Wuhan.
Il s’agit donc de lancer une révolution doublement verte qui économise les ressources en s’appuyant sur les propriétés des écosystèmes, sur les précipitations naturelles, tout en fournissant une nourriture plus saine.
La technologie doit également jouer un rôle dans l’allocation des ressources avec d’une part les technologies spatiales (meilleur contrôle météorologique principalement), et l’IA (des firmes comme Verdant Robotics permettent d’économiser massivement des produits chimiques en les pulvérisant avec plus de précision qu’un homme).
Enfin, les aides internationales aux pays en développement apparaissent décisives. Celles-ci peuvent prendre diverses formes :
- Système d’alerte précoce sur les prix alimentaires
- Surveillance climatique
- Aide alimentaire
Toutefois, cette aide internationale est parfois décriée sous l’appellation de « Food power ». Cela a surtout été le cas lorsque les États-Unis participaient à l’aide alimentaire durant la guerre froide. Dans les années 1960 par exemple, ces derniers ont monnayé une aide alimentaire à l’Inde dans le Bihar contre un apaisement des tensions avec le Pakistan (à l’époque, les États-Unis étaient alliés du Pakistan et non de l’Inde).
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