La Silicon Valley est un espace situé en Californie, dans la baie de San Francisco, qui regroupe des industries de pointe. C’est une des régions les plus dynamiques du monde, avec près de 3 millions d’habitants et 11 500 entreprises de haute technologie.
Un terreau fertile pour l’innovation
Le rôle capital de l’université de Stanford
En 1891 Leland et Lena Stanford fondent l’université de Stanford. Cette dernière avait la particularité d’être l’une des premières universités technologiques des Etats-Unis. En 1930, d’anciens étudiants fondent un groupe informatique du nom de Hewlett-Packard. Ceci marque le début d’une lignée d’anciens étudiants de Stanford qui lancent des projets dans le domaine de la technologie. Par exemple, David Fillo et Jerry Yang créent Yahoo en 1995, tandis que Sergey Brin et Larry Page inventent Google en 1998.
Cette université permet donc d’avoir un pôle de formation efficace et renommé au sein même de la Silicon Valley. Le Stanford Research Park est établi en 1951. Ce fut le premier parc de recherche universitaire au monde. Il compte plus de 150 entreprises et est surnommé “l’épicentre de la Silicon Valley”.
La transition du militaire vers le civil
Le nom de “Silicon Valley” (la vallée du silicone) provient du fait que le silicone était beaucoup utilisé dans la région. Il servait au développement de certains composants électroniques pour l’informatique ainsi que l’électronique. Ceci servait entre autres à des calculs pour la force nucléaire, ou encore à la construction de systèmes d’armements et de missiles.
C’est donc à partir des années 1950-1960 que la Silicon Valley connaît un grand essor, au vu du contexte de la guerre froide. En effet, la plupart des entreprises présentes dans la vallée à cette époque étaient spécialisées dans le militaire. Or, le Pentagone donnait des subventions afin de favoriser la recherche dans ce domaine, ce qui a permis de dynamiser fortement l’économie locale.
Fairchild Semiconductor : la première start-up
L’exemple de Fairchild Semiconductor est illustratif d’une entreprise de la Silicon Valley de cette époque. Fondée en 1957, elle est considérée comme la première start-up. L’entreprise construisait des puces, qui servaient à fabriquer du matériel servant à la conquête spatiale. Ces composants étaient aussi utilisés dans le matériel militaire. Sa particularité était le fait qu’elle a initié une collaboration avec différents acteurs. Par exemple, elle avait des partenariats avec l’université de Stanford, des entreprises de petite et grande taille ainsi que les marchés financiers.
Ce sont donc les innovations dans le domaine militaire qui ont permis, par la suite, de faire avancer la recherche dans le domaine civil et de créer l’écosystème de start-ups que l’on connaît aujourd’hui.
Un produit marquant a par exemple été le microprocesseur lancé par Intel en 1971. Ce produit a eu une importance capitale, puisqu’il a marqué le début des ordinateurs dits “personnels” (PC).
Des performances économiques impressionnantes
Si la Silicon Valley obtenait son indépendance, elle serait considérée comme la 12e puissance économique mondiale. Le dynamisme de la région est donc très fort. Voici quelques chiffres qui illustrent cette productivité.
- On compte 159 firmes de capital-risque implantées dans la région. Il s’agit de fonds d’investissements qui octroient des fonds aux start-ups.
- L’entreprise Qualcomm a obtenu à elle seule 10% du total des brevets délivrés aux Etats-Unis en 2022.
- En 2022, la Silicon Valley a reçu 75 milliards de dollars en investissement de capital-risque. Ceci représente 22% du total des investissements en capital-risque aux Etats-Unis.
Les principes phares de la Silicon Valley
Dans l’article La Silicon Valley, un territoire productif au cœur de l’innovation mondiale et un levier de la puissance étatsunienne publié en 2019, Laurent Carroué décrit comment la Silicon Valley a réussi à se démarquer afin de devenir cet espace compétitif que l’on connaît aujourd’hui.
Une caractéristique clé de cet endroit est sa spécialisation dans les fonctions de commandement et de conception. Le libertarianisme est également un principe essentiel. La plupart des entreprises ont une philosophie qui consiste à croire en l’autorégulation du marché. Elles rejettent donc l’intervention de l’Etat.
La Silicon Valley est aussi un lieu représentatif de l’innovation disruptive. Il s’agit de produits, services ou modèles qui viennent remplacer ceux qui sont utilisés habituellement. Cela crée donc un nouveau marché. La plupart de ces produits sont présentés comme basiques et plus simples à utiliser que ceux qui existent déjà.
Des dérives et faiblesses à la Silicon Valley
Cependant, il existe encore certaines faiblesses inhérentes à cet espace. Le modèle qui s’est récemment développé est qualifié de “destructive destruction” (destruction destructrice). Il s’agit d’un écho au concept de destruction créatrice développé par Schumpeter. Ici, au vu de l’environnement ultra-compétitif, la productivité et les performances économiques exigées sont très hautes. Ceci veut donc dire que les droits des salariés peuvent ne pas être respectés et que la pression est particulièrement forte.
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De plus, la Silicon Valley est marquée par des inégalités sociales et de genre. On remarque par exemple une minorité de femmes dans ce milieu. De fait, elles n’occupent que 20% des principaux emplois techniques. Seulement 7% des investissements sont destinés à des start-ups à la tête desquelles se trouvent des femmes.
Il existe également un phénomène de ségrégation sociale. Les populations noires et hispaniques sont sous-représentées par rapport à la moyenne californienne. Elles se concentrent majoritairement dans les espaces les plus pauvres de la vallée, à l’image du ghetto d’East Palo Alto.
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